Retour de manivelle?
Le week-end a été chaud, au niveau des développements politiques et dans le bras-de-fer entre le mouvement Ennahdha et le Parti destourien libre (PDL) et sa présidente Abir Moussi qui ne cessent de prendre une stature et une envergure qui font peur aux islamistes.
Tout est devenu clair et Rached Ghannouchi qui a engagé une fuite en avant, que ce soit dans son parti ou à l’assemblée des représentants du peuple (ARP) trouve de plus en plus de difficultés pour contrer le raz-de-marée qui se dessine, surtout après l’imposant rassemblement du PDL, organisé durant plus de deux heures, dimanche à l’avenue Habib Bourguiba, redevenue, encore une fois, le baromètre des tendances politiques.
Le malheur de Rached Ghannouchi est qu’il joue sur plusieurs fronts, en comptant sur des alliances fragiles et une majorité parlementaire qui ne fait pas le poids, lorsque les choses deviennent sérieuses, et c’est ce qui risque de lui faire quitter la scène, par la petite porte, lui qui a vu gros, depuis son retour en Tunisie, à l’aube d’une révolution dont il n’a pas fait partie et dont il a pu récolter les fruits.
Mais, aujourd’hui, selon les premières constatations le vent commence à tourner, surtout que le chef du mouvement islamiste a trop présumé de ses forces, en piétinant les platebandes du président de la République, Kaïs Saïed, en s’en prenant à Elyès Fakhfakh, le sommant d’inclure Qalb Tounès au gouvernement, en voulant à booster Attayar et Achâab hors de la coalition gouvernementale, et en cherchant de trouver la parade nécessaire face aux attaques féroces et bien orchestrée par le PDL et sa présidente acharnée, Abir Moussi.
Les dernières motions présentées par ce mouvement qui se prévaut du Bourguibisme avaient fait trembler le Cheikh. Pour la première concernant son audition, le président de L’ARP est passé de justesse à travers les filets. Mais, pour la seconde et qui ne sera pas, certainement, la dernière, ils avaient dû, lui et « son cabinet », enfreindre la Constitution, au su et au vu de tout le monde. Mais, certes, ce n’est que partie remise.
Si on ajoute à ces fronts le climat social, avec le ras-le-bol des citoyens des errances des politiciens, avec, toujours, Ennahdha en tant que partie-prenante, depuis l’assemblée nationale constituante, on peut croire que la situation n’est pas rose, pour lui, surtout avec le nombre des électeurs qui quittent la barque, et c’est une navigation à vue qu’il est en train d’engager, aux dépens du pays.