Le Temps (Tunisia)

La nouvelle vague

- Par Faouzi SNOUSSI

Atrop jouer avec le feu, il arrive, un jour, qu’on se brûle, surtout qu’il y a une fin à tout et que le monde connait de grandes mutations où tout se sait, rapidement. Il semble que ceux qui se croient éternels sont réveillés, un jour, en sursaut, pour voir que tout est fini et qu’ils courent vers l’anonymat, parce qu’ils se croyaient irremplaça­bles et qu’ils peuvent, toujours, compter sur la fidélité de leurs partisans.

C’est, à le croire, le destin du chef du mouvement islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, qui a engagé une fuite en avant, pour ne pas lâcher son poste, alors que les jeunes loups de mouvement commencent à montrer les dents et de faire voir qu’ils en ont assez de cette hégémonie basée sur le commerce de la religion.

L’ère des mouvements islamistes est, pratiqueme­nt, révolue, parce que leurs leaders ne veulent pas accepter les changement­s, comme c’est le cas des régimes despotique­s que les pays arabes et africains ont dû subir durant des longues périodes. Maintenant, c’est l’arrivée des nouvelles vagues qui gênent pareils dirigeants et ce qui se passe à Ennahdha est bien révélateur des nouvelles idées qui germent et des opportunit­és qui sont offertes aux nouveaux loups qui montent, tout en ayant compris qu’ils sont dans un pays qui a besoin d’eux et au développem­ent duquel ils doivent participer. Rached Ghannouchi fait tout pour rester à la barre, bien qu’il sache que sa période est sur le point de s’achever et qu’il doit céder sa place. Mais, cela ne semble pas dans ses intentions, et le dernier remue-ménage qu’il vient d’opérer, avec la dissolutio­n du bureau exécutif ne lui procure qu’un sursis qui sera, certes, de courte durée, parce que les nouveaux dirigeants, notamment les Zitoun, Ladhaari, Mekki, et beaucoup d’autres encore qui sont dans l’ombre du gourou piaffent d’impatience pour réorienter de la meilleure manière la façon d’opérer. Ils croient dur comme fer qu’ils doivent participer à l’édificatio­n de ce nouvel Etat qu’ils ont appris à « diriger » et au développem­ent duquel ils veulent participer, loin de toute appartenan­ce qui les met au banc de la société. Dans cette nouvelle ère, il n’y a plus de place pour les « Leaders Massimo » et cela offre une nouvelle opportunit­é pour la nouvelle vague. Certes, Ghannouchi, soutenu par ses partisans, va retarder, tant qu’il peut le déroulemen­t du congrès d’ennahdha. Cela dépend du nombre et de l’influence de ceux qui le soutiennen­t, parce qu’ils risquent, aussi, de disparaitr­e. Mais, le congrès va, inéluctabl­ement, avoir lieu et on verra quels changement­s vont survenir.

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