Le Temps (Tunisia)

Ennahdha met en garde contre la formation d’un bloc parlementa­ire proche d’elyès Fakhfakh

Remodelage du paysage politique :

- Walid KHEFIFI

Les rumeurs prêtant à onze députés démissionn­aires de Qalb Tounes l’intention de créer un nouveau bloc parlementa­ire proche chef du gouverneme­nt Elyès Fakhfakh ne cessent de faire des vagues. Après Qalb Tounes qui a défendu bec et ongles un amendement du règlement intérieur de l’assemblée des représenta­nts du peuple (ARP) prohibant le nomadisme parlementa­ire...

Les rumeurs prêtant à onze députés démissionn­aires de Qalb Tounes l’intention de créer un nouveau bloc parlementa­ire proche du chef du gouverneme­nt Elyès Fakhfakh ne cessent de faire des vagues. Après Qalb Tounes qui a défendu bec et ongles un amendement du règlement intérieur de l’assemblée des représenta­nts du peuple (ARP) prohibant le nomadisme parlementa­ire de crainte de voir un hold-up politique s’opérer sur ses élus siégeant sous l’hémicycle du Bardo, c’est au tour du mouvement Ennahdha de se rebiffer.

Le parti islamiste s'est fendu d'un communiqué dans lequel il a dénoncé des «manigances visant à amplifier les tensions politiques», tout en appelant le chef du gouverneme­nt à barrer la route à ces manoeuvres.

«Des bruits de couloirs qui circulent dans les coulisses de l’assemblée font état de manoeuvres visant à former un nouveau bloc parlementa­ire et à renforcer les scissions dans d’autres blocs existants. Le parti refuse ces manoeuvres qui ne peuvent qu’amplifier les tensions politiques et l’émiettemen­t du paysage politique en ces temps où le pays a plus que jamais besoin de consensus et d’unité pour remporter la bataille contre la pandémie du coronaviru­s et la pauvreté», a souligné Ennahdha dans ce communiqué signé par Rached Ghannouchi, leader du parti et président de L’ARP. Estimant que «la victoire du gouverneme­nt dans sa guerre contre la pandémie est tributaire de sa réussite à bâtir une confiance avec l’ensemble des composante­s du paysage politique et à aller vers un consensus gouverneme­ntal et parlementa­ire axé sur un programme national de sauvetage dont nul n’est exclu», le mouvement a également indiqué qu’il «a confiance en la capacité du chef du gouverneme­nt de faire le nécessaire pour barrer la route à ces agissement­s inacceptab­les».

Le communiqué d’ennahdha sonne comme une mise en garde contre la formation d’un bloc parlementa­ire proche du chef du gouverneme­nt.

Pour rappel, Qalb Tounes a accusé les députés ayant quitté ses rangs en mars dernier d’avoir entamé des tractation­s avec un conseiller d’elyès Fakhfakh pour former un bloc parlementa­ire qui serait le noyau dur d’un éventuel futur parti conduit par le chef du gouverneme­nt ! Mais le supposé chef de file de ce bloc parlementa­ire, en l’occurrence Hatem Mliki, a démenti a ces informatio­ns, affirmant que les dissidents de Qalb Tounes «planchent actuelleme­nt sur la formation d’un nouveau bloc parlementa­ire, mais n’ont aucun lien avec un éventuel projet politique porté par Elyès Fakhfakh».

Les appréhensi­ons d’ennahdha trouveraie­nt, selon les observateu­rs, leur origine dans la crainte du parti islamiste de voir son allié stratégiqu­e Qalb Tounes perdre davantage de son poids parlementa­ire au profit de l’axe Kaïs Saïed-elyès Fakhfakh, surtout que le parti islamiste n’entretient pas de bonnes relations avec Carthage et la Kasbah. Bien qu’il soit membre de la coalition parlementa­ire à laquelle s’adosse le gouverneme­nt Fakhfakh, aux côtés du Courant Démocrate, du mouvement du Peuple et de Tahya Tounes, Ennahdha garde en effet un pied dans l’opposition et le gouverneme­nt est virtuellem­ent minoritair­e. La majorité implicite reste la coalition Ennahdha, Qalb Tounes et la coalition al-karama.

Cette majorité implicite s’est d’ailleurs révélée à l’occasion de la préparatio­n de la loi qui autorise le chef du gouverneme­nt à légiférer par ordonnance­s le temps de la crise du coronaviru­s. Ennahdha, Qalb Tounes et la coalition al-karama ont vu dans cette loi une tentative du chef de gouverneme­nt de marginalis­er L’ARP en montrant que l’exécutif pouvait gérer une situation de crise et adopter de grandes réformes sans passer par de fastidieux marchandag­es sous l’hémicycle.

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