On allume le feu et on se demande d’où vient la fumée !
Les dirigeants du mouvement islamiste Ennahdha, comme le dit le proverbe arabe, « allument le feu et demandent d’où vient la fumée », comme c’est le cas avec l’apparition folklorique de Rached Ghannouchi, pour se mêler de ce qui ne le regarde pas en tant que président de ce parti, pour « se féliciter » du dénouement de la crise de l’enseignement secondaire. Il a, aussi, osé bafouer l’honneur de l’etat, avec sa déclaration, sans tenir compte qu’il s’adressait au chef du gouvernement.
Rached Ghannouchi qui cherche à monter en ligne, en prévision de la future présidentielle, a indiqué samedi que sa rencontre avec le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a été l'occasion de passer en revue les développements positifs sur la scène nationale, dont le dénouement de la crise de l’enseignement secondaire à travers la reprise imminente des cours.
Ghannouchi s'est également félicité de la signature de l’accord sur l’augmentation des salaires dans la fonction publique et l’annulation de la grève prévue dans la fonction publique et le secteur public en plus de l’élection du tiers de l’instance Supérieure Indépendante pour les élections et de son président.
Cette intervention, considérée comme une bévue par les observateurs, a de nombreuses portées, surtout qu’elle a été exploitée par l’opportuniste Safi Saïd, afin d’attiser les dissensions et les ragots, surtout qu’il avait allégué que le coût des augmentations serait payé par le Qatar, comme si ce pays jetait l’argent par la fenêtre, en particulier lorsqu’il s’agit de nobles causes… ce qui n’est pas le cas. Toutefois, tout le monde dénie
Rached Ghannouchi le droit de s’approprier les acquis réalisés, notamment après la signature de l’accord avec le syndicat de l’enseignement secondaire, et celui de la majoration des salaires de la fonction publique. La raison en est qu’à travers ces prises de position, Ennahdha se positionne comme le parti au pouvoir, alors que ce n’est pas le cas et que le gouvernement est issu de plusieurs partis dont Nidaa Tounès qui est le gagnant des élections de 2014.
D’ailleurs, le bureau exécutif de l'union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) a exprimé son étonnement de "l'annonce soudaine du chef du parti Ennahdha insinuant sa contribution au dénouement de la crise de l'enseignement secondaire".
Dans un communiqué publié, samedi, la centrale syndicale s’est dite "surprise de cette allégation", et assure que les "négociations ont été menées directement et exclusivement avec le gouvernement et que toute autre prétention n'est que tentative désespérée de prendre les devants de la scène et de fomenter des initiatives sans fondement aucun". D’autres responsables d’ennahdha sont montés au créneau pour défendre
leur chef, comme c’est le cas, toujours, pour monter les choses en épingle. Abdelkrim Harouni, président du conseil de la Choura de ce parti islamiste, a déclaré que la 25e session du Conseil de la Choura (9 et 10 à Hammamet) se tient dans un climat de satisfaction et d'optimisme, après que la tension sociale ait été apaisée avec la fin de la crise de l'enseignement secondaire et de l'annulation de la grève générale dans la fonction publique et le secteur public. Il n’a pas manqué, toutefois, de dénoncer "une violente campagne contre le mouvement Ennahdha dans le but de le dénigrer pour des raisons électorales".
Harouni n’a pas caché d’autre part que le consensus avec Nidaa Tounès est dans l'impasse, soulignant toutefois que le mouvement Ennahdha n'est partie prenante dans la crise de ce parti. Il a exprimé l'espoir que Nidaa Tounès réussira à organiser son congrès, affirmant que son mouvement était prêt à rivaliser avec tous les partis et à être en bonne entente avec tous les partis, loin de toute exclusion ou exploitation des organes de l'etat.