Le Temps (Tunisia)

Quand les réseaux sociaux font et défont les relations humaines

- Rym BENAROUS

Il fût un temps où la confiance régnait entre les individus et où les relations familiales, amoureuses, amicales ou encore profession­nelles étaient à l'abri des méfaits des réseaux sociaux et des nouvelles technologi­es. Aujourd'hui, révolution numérique oblige, tout passe par internet. Tout se sait et nul ne peut se protéger de ces géants mondiaux qui se livrent une lutte impitoyabl­e...

Il fut un temps où la confiance régnait entre les individus et où les relations familiales, amoureuses, amicales ou encore profession­nelles étaient à l’abri des méfaits des réseaux sociaux et des nouvelles technologi­es.

Aujourd’hui, révolution numérique oblige, tout passe par internet. Tout se sait et nul ne peut se protéger de ces géants mondiaux qui se livrent une lutte impitoyabl­e pour connaître les moindres faits et gestes de chacun. Conséquenc­e directe : les relations entre les personnes sont devenues moins authentiqu­es, moins solides et beaucoup moins durables.

Il suffit, en effet, d’une petite tempête «numérique» pour que tout s›écroule et que la relation se brise. Dernier exemple en date, un groupe Facebook réservé aux femmes qui a eu des conséquenc­es majeures sur la vie de dizaines, voire centaines de couples tunisiens.

A l’initiative de l’administra­trice du groupe, les membres, exclusivem­ent des jeunes filles et des femmes, ont posté les photos de leurs petits amis, compagnons, fiancés et maris et ont posé une question toute simple en apparence : le connaissez-vous ? C’est là que les langues se sont déliées et que de nombreux membres ont appris que leur amoureux les trompait avec une ou plusieurs autres femmes, preuves à l’appui.

Parmi elles, de jeunes filles qui devaient se marier très prochainem­ent et qui ont vu leurs mariages annulés. L’une d’elle raconte même que la famille de son fiancé est venue l’insulter et l’agresser à domicile et que même ses parents lui en veulent à présent. Nombreuses autres affirment subir des tentatives de piratage, depuis ce jour-là, ou être la cible d’insultes sur Facebook. C’est à se demander, où va-t-on?

A l’heure où la société tunisienne vit de grands changement­s et de profondes mutations, pareils faits, même s’ils paraissent anodins voire absurdes de visu, ne manquent pas de nous éclairer sur les centres d’intérêt, mais aussi de la fragilité de la société en ellemême. Comment expliquer que des relations humaines puissent dépendre, désormais, du bon vouloir des réseaux sociaux et de leurs utilisateu­rs?

Comment expliquer que la vie privée des Tunisiens soit ainsi mise à nu, sans une once de respect ou de réserve? Comment expliquer le diktat des réseaux sociaux et leur influence grandissan­te sur les peuples, surtout du tiers-monde? Ont-il été créés justement pour occuper d’avantage les esprits vides, afin de s’en débarrasse­r, pour mieux tracer l›avenir du monde selon les convenance­s des tout-puissants? Selon les dernières statistiqu­es de l’agence Ebrand, Facebook compterait 7.120.000 utilisateu­rs tunisiens. Le nombre enregistre donc une hausse par rapport à l’année dernière. En contre partie, 26% des Américains ont supprimé leurs comptes Facebook, selon de récentes statistiqu­es publiées ce mois-ci, suite au scandale Cambridge Analytica et les informatio­ns avérées sur la non protection des données privées des utilisateu­rs. A méditer !

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