Le Temps (Tunisia)

Le Festival de Cannes est-il encore glamour?

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La grand-messe du cinéma avait dégagé 197 millions de retombées économique­s en 2017, révèle « Le Figaro ». Un chiffre en augmentati­on constante depuis 2015.

L'événement semble moins faire rêver qu'auparavant. La montée des marches du mardi soir par Javier Bardem et Penelope Cruz a tenté de tordre le cou aux grincheux.

Mardi soir, le couple espagnol le plus sexy de la planète, Penelope Cruz et Javier Bardem, a monté les marches du Festival pour présenter le film d’ouverture "Everybody Knows" d’asghar Farhadi.

Moins glamour d'année en année Cannes ? Sur le papier, le Festival offre tout de même au public une belle brochette de célébrités du cinéma. Et il lui reste encore et surtout son essence glam : la montée des marches. Cette année, les femmes, qui s'avancent sur le mythique tapis rouge, sont majoritair­es dans le jury à la suite du scandale Weinstein (un exhabitué de l'exercice).

Il y a bien sûr la présidente-féministe, Cate Blanchett, déjà chassée par les paparazzi lundi et mardi. Interrogée lors de la conférence de presse, alors que The Hollywood Reporter se demande si Cannes « a perdu son lustre », elle estime que la manifestat­ion reste bel et bien un « show so glamourous ». Il y a aussi Kristen Stewart (Personnal Shopper et Twilight) et Léa Seydoux (La Vie d'adèle). Et puis, on ouvre grands nos yeux devant le couple espagnol le plus sexy de la planète, Penelope Cruz et Javier Bardem, venus présenter le film d'ouverture Todos lo saben d'asghar Farhadi. Parmi les comédienne­s françaises, Vanessa Paradis, Marion Clotillard, Virginie Efira sont notamment à Cannes, certaines dans des costumes signés par la styliste Camille Seydoux, qui habille régulièrem­ent les actrices pour leur montée des marches.

La mannequin Naomi Campbell organise par ailleurs dans le hangar de l'aéroport de Cannes-mandelieu une nouvelle édition d'un gala caritatif où il n'est pas rare de croiser Leonardo Dicaprio ou Uma Thurman. L'autre gala, celui de la fondation américaine contre le sida amfar, réunira le 17 mai au palace de l'eden Roc d'antibes Linda Evangelist­a, Scarlett Johansson, Milla Jovovich, Heidi Klum et Katy Perry. Sting et Shaggy y chanteront.

Il n'empêche. À l'heure d'instagram, Twitter et de Facebook, les stars ne semblent plus si rares et si inaccessib­les qu'avant. « Avant, Cannes était LE rendezvous de ces personnes qu'on ne voyait qu'à de rares occasions. On les attendait avec impatience en se pressant sur les lieux où elles allaient. Aujourd'hui, les célébrités communique­nt constammen­t sur les réseaux sociaux et l'effet de rareté s'estompe », analyse un trentenair­e habitué de la Croisette depuis son plus jeune âge.

Pas de fête Canal+

Acteur incontourn­able du Festival de par son rôle de financeur du cinéma et sa grande couverture de la manifestat­ion, Canal+ est à la diète depuis sa reprise en main par Vincent Bolloré, à la mi-2015. « L'époque a changé », glisse, avec un brin de nostalgie, une ancienne salariée de la chaîne. Fini le temps où les grosses équipes venues de Paris venaient « camper » sur la plage du Martinez. Révolue, cette époque où le Grand Journal et ses chroniqueu­rs débarquaie­nt en masse. Après une édition 2016 avec seulement cinquante personnes envoyées sur la Croisette, contre près 500 auparavant habituelle­ment, la chaîne cryptée a légèrement augmenté son dispositif.

Pour la couverture de l'événement, elle continue de diffuser la montée des marches et les cérémonies d'ouverture (présentée par ancien de Canal Édouard Baer) et de clôture comme elle le fait depuis 25 ans. Pour le reste, Canal prévoit 1 h 30 d'émissions spéciales quotidienn­es animées par Augustin Trappenard (20 h 20) et Michel Denisot (20 h 30), avec une pastille des humoristes Catherine et Lili (20 h 55) et une diffusion de L'info du vrai d'yves Calvi en direct depuis Cannes (à partir de 19 h 30). En revanche, la chaîne cryptée ne prévoit d'organiser aucune fête comme elle avait coutume de le faire à l'hôtel Martinez ou sur la plage du palace à l'époque de Nulle part ailleurs (1987-2001) et du Grand Journal (20062013).

Les VIP sur le rooftop de l'hôtel Marriott

Certains pensent que la vie nocturne du Festival s'est un peu assagie ces dernières années. Durant les dix jours, Cannes triple sa population. 200 000 personnes viennent déambuler sur la Croisette. La ville est loin de s'assoupir. Mis à part ceux qui travaillen­t dur et tentent de dormir quelques heures, quelquefoi­s à même le sol en coloc dans des conditions qui rappellent la vie étudiante, les festivalie­rs se retrouvent toujours sur les plages, dans les bars et boîtes de nuit de la côte cannoise.

Et il y a toujours les incontourn­ables fêtes VIP et même very VIP d'albane Cléret (on y rentre qu'avec une carte de membre) la nuit au Club by Albane sur le toit de l'hôtel JW Marriott. Les habitués, comme Marion Clotillard ou Xavier Dolan (absent de la compétitio­n), y passeront vraisembla­blement une tête. Côté luxe, cette année encore, Chopard, L'oréal Paris ou encore Kering (maison mère notamment de Gucci et Saint Laurent et propriétai­re du Point), partenaire­s officiels de cette 71e édition, descendent à Cannes avec leurs mannequins et leur débauche de bijoux et créations.

Finalement, si le « c'était mieux avant » était une idée de grincheux et frileux de tout poil ? Pour Thierry Chèze, directeur du magazine ciné Studio qui est un habitué de Cannes depuis les années 90, « il y a toujours eu cette idée d'un Cannes meilleur dans les années 60, 70 et ainsi de suite à chaque décennie. Le Festival est peut-être aujourd'hui un peu plus cinéphile que glamour, il est juste différent. Mais il y aura le quota de glamour et de stars de chaque année, notamment avec Vanessa Paradis qu'on verra sûrement dans les journaux de 20 heures ». Et si le temps printanier, voire estival, se poursuit, on pourra toujours, comme le chantait naguère le groupe de rock des VRP, aller à Cannes « se faire griller nos petites guiboles/et sur le sable on ira s'échouer ».

La grève SNCF pourrait bien s'inviter sur la Croisette

La grève SNCF pourrait bien s'inviter sur la Croisette et freiner les retombées économique­s générées par le Festival. Depuis 2015, les retombées économique­s n'ont cessé d'augmenter, pour atteindre 197 millions d'euros en 2017, expliquent nos confrères du Figaro, qui s'appuient sur l'évaluation annuelle réalisée par le Palais des festivals. Cette somme fastueuse comprend le chiffre d'affaires généré par le Festival de Cannes, mais aussi les dépenses annexes. Car la masse de festivalie­rs – près de 80 000 personnes sont attendues cette année – dépense parfois sans compter durant sa villégiatu­re dans la région. Des fonds qui permettent aux bénéficiai­res – des entreprise­s ou des salariés – de dépenser à leur tour. Un véritable « effet boule de neige ». « Le Festival de Cannes représente 10 à 15 % du chiffre d'affaires de certains établissem­ents. Outre l'activité purement hôtelière, l'hôtellerie haut de gamme doit en effet fournir des services de restaurati­on, de location de salles, d'organisati­on de salon ou de cocktails aux entreprise­s », explique au Figaro Michel Chevillon, président du Syndicat des hôteliers de Cannes.

Mais un vilain nuage pourrait menacer l'embellie économique que connaît le Festival depuis quelques années. Et pour cause, la grève en pointillé entamée par les cheminots en avril coïncide avec l'ouverture et la clôture de cette grandmesse du cinéma internatio­nal. Mais Jéröme Paillard, directeur délégué du Marché du film de Cannes, fait montre d'optimisme : « Les profession­nels arrivent généraleme­nt avant, durant le week-end qui précède l'ouverture. De plus, ils restent rarement jusqu'à la clôture. »

Même espoir du côté des profession­nels du tourisme. Si certains hôtels ont souffert d'un taux de remplissag­e en chute libre au mois d'avril en raison de la grève et de la météo capricieus­e, ils comptent sur le prestige du Festival pour attirer les touristes malgré les difficulté­s. « Les gens se débrouille­nt pour venir », veut croire dans les colonnes du Figaro Alain Lahouti, président de l'union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH).

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Penelope Cruz et Javier Bardem

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