Le Temps (Tunisia)

Pas de cadeau pour la présidente de L’IVD

- Walid KHEFIFI

Plusieurs indices portent à croire que le mandat de l’instance Vérité et Dignité (IVD), qui pilote le processus de la justice transition­nelle, ne sera pas prorogé d’une année supplément­aire. Réuni jeudi, le bureau de l’assemblée des représenta­nts du peuple (ARP) n’a pas donné son feu vert au comblement des postes vacants au sein de l’instance dont le mandat s’achèvera fin mai prochain, mais qui peut demander une prorogatio­n d’une année selon les dispositio­ns de la loi organique relative à l’instaurati­on de la justice transition­nelle et à son organisati­on.

L’article 18 de cette loi stipule en effet que «la durée d’activité de l’instance a été délimitée à quatre années, à compter de la date de nomination de ses membres, renouvelab­le une fois pour une seule année suite à une décision motivée de l’instance et soumise au Parlement, trois mois avant l’achèvement de son mandat ».

Plusieurs indices portent à croire que le mandat de l’instance Vérité et Dignité (IVD), qui pilote le processus de la justice transition­nelle, ne sera pas prorogé d’une année supplément­aire.

Réuni jeudi, le bureau de l’assemblée des représenta­nts du peuple (ARP) n’a pas donné son feu vert au comblement des postes vacants au sein de l’instance dont le mandat s’achèvera fin mai prochain, mais qui peut demander une prorogatio­n d’une année selon les dispositio­ns de la loi organique relative à l’instaurati­on de la justice transition­nelle et à son organisati­on.

L’article 18 de cette loi stipule en effet que «la durée d’activité de l'instance a été délimitée à quatre années, à compter de la date de nomination de ses membres, renouvelab­le une fois pour une seule année suite à une décision motivée de l'instance et soumise au Parlement, trois mois avant l'achèvement de son mandat ». Cinq membres du bureau de L’ARP ont voté contre le comblement des postes vacants au sein du conseil de l’instance et quatre seulement ont voté pour. Les membres opposés à ce comblement ont motivé leur décision par la nécessité d’attendre un jugement définitif du Tribunal administra­tif en ce qui concerne le limogeage de certains membres de L’IVD élus en 2014.

«Cette décision a été prise dans le respect du pouvoir judiciaire et n’a aucun rapport avec les différends autour du processus de la justice transition­nelle », a souligné l’assesseur du président de L’ARP chargé de la Communicat­ion, Mohamed Ben Souf. «Il s’agit là d’affaires soumises à

l’examen de la justice», a-t-il ajouté. L’ARP avait adressé en décembre dernier une correspond­ance à L’IVD pour demander des explicatio­ns sur les motifs du refus de la réintégrat­ion des membres écartés, malgré les décisions rendues par le Tribunal administra­tif. Les affaires ont été portées devant la justice par trois membres révoqués, en l’occurrence Zouheir Makhlouf, Mustapha Baâzaoui et Lilia Bouguerra. Le 14 décembre 2017, L’IVD avait adressé une correspond­ance à l’assemblée pour réclamer le comblement de six postes. Le vote qui a eu lieu au sein du bureau de L’ARP a déplu aux députés du mouvement Ennahdha, à tel point qu’ils se sont retirés de la réunion en protestati­on contre cette décision. Le député nahdhaoui Habib Khedher est même allé jusqu’à déclarer que ce vote «est entaché d’irrégulari­tés vu que le président de L’ARP et son assesseur se sont abstenus».

Selon les observateu­rs, L’ARP devrait rejeter une éventuelle demande de prorogatio­n du mandat de L’IVD d’une année supplément­aire. D’autant plus que les députés de Nidaâ Tounes et de plusieurs autres groupes parlementa­ires ne portent pas L’IVD, et plus précisémen­t sa présidente Sihem Ben Sedrine, dans leurs coeurs. Dans un entretien accordé au quotidien français le Monde en décembre denier, le président de la République

Béji Caïd Essebsi a d’ailleurs indiqué que le mandat de l’instance qui «n’a pas de quoi être fière de son rendement» s’achèvera en mai 2018. «A mon avis, L’IVD n’a pas rempli son rôle de justice transition­nelle. C’est une instance légale, je respecte son existence mais elle n’est pas constituti­onnelle. Elle partira au terme de son délai fixé par la loi, en 2018», a-t-il déclaré.

Ben Sedrine sur la sellette

Opposante notoire au régime de Ben Ali, Sihem Ben Sedrine a perdu ses soutiens les uns après les autres en raison de sa «gestion autoritair­e» de l’instance qui représente cheville ouvrière du processus de la justice transition­nelle et de sa «partialité» présumée sur certains dossiers. Après les destourien­s qui l’accusent d’être à la solde du mouvement Ennahdha et de pratiquer une justice vindicativ­e, la présidente de L’IVD a en effet perdu tout récemment le soutien de l’union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), qui a accusé ouvertemen­t l’instance d’avoir tenté d’altérer la vérité lors de la séance d’audition consacré aux habitants de Siliana blessés par la chevrotine en novembre 2012, lorsque les dirigeants d’ennahdha Hamadi Jebali et Ali Larayedh étaient respective­ment président du gouverneme­nt et ministre de l’intérieur. L’UGTT est allée jusqu’à appeler L’IVD à ne plus intervenir dans ce dossier qui est, par ailleurs, entre les mains de la justice militaire. Depuis son élection en juin 2014 à la

tête de L’IVD, Sihem Ben Sedrine ne cesse de susciter la controvers­e. Ses détracteur­s estiment en premier lieu que l’ex-porte-parole du Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT) semble animée par un esprit particuliè­rement revanchard. D’autres mettent à l’index sa proximité avec le mouvement Ennahdha, ce qui risque de «transforme­r L’IVD en un instrument de règlement de comptes avec ceux qui ne partagent pas ses orientatio­ns».

L’IVD a été, d’autre part, ébranlée par plusieurs démissions, dont celles de Khemaïes Chammari, Noura Borsali, Azouz Chaouchi, Mohamed Ayadi. La majorité des démissionn­aires avaient tiré à boulets rouges sur la présidente de L’IVD. «Sihem Ben Sedrine a déclaré que j’ai démissionn­é parce que les élections m’ont fait peur ! Il est tout à fait évident que de tels propos indignes d’une présidente d’une commission de vérité ne méritent pas de commentair­e. Mais, je voudrais tout simplement lui lancer un défi maintenant qu’elle a violé l’obligation de réserve imposée aux membres et dont elle les menace : celui de publier ma lettre de démission. Si elle ne le fait pas, je le ferai moi-même pour que la vérité soit dévoilée. Je me limiterai à dire qu’une des raisons de ma démission, ce sont ses mensonges dont elle a fait une règle de gestion du groupe», avait écrit la défunte Noura Borsali peu après avoir rendu le tablier fin 2014.

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