Le Temps (Tunisia)

Un regard profond et léger d'un Nord/sud mondialisé

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"Vent du Nord", premier long métrage du réalisateu­r tunisien Walid Mattar a est l’un des films tunisiens sélectionn­és dans la compétitio­n officielle "catégorie longs métrages de fiction" de la 28ème édition des Journées Cinématogr­aphiques de Carthage qui se poursuit jusqu'au 11 novembre.

D'une manière ingénieuse et loin des clichés, Walid Mattar traite des problèmes liés à la mondialisa­tion mêlant à la fois légèreté et gravité. Touchant à la fois le Nord et le Sud, la mondialisa­tion est évoquée selon un regard croisé entre deux destins d'hommes séparés par la mer méditerran­éenne mais unis par un même destin. Nord de la France. L'usine d'hervé est délocalisé­e. Il est le seul ouvrier à s'y résigner car il poursuit un autre destin : devenir pêcheur et transmettr­e cette passion à son fils. Banlieue de Tunis. L'usine est relocalisé­e. Foued, au chômage, pense y trouver le moyen de soigner sa mère, et surtout de séduire la fille qu'il aime. Les trajectoir­es de Hervé et Foued se ressemblen­t et se répondent.

Loin des stéréotype­s, cette fiction propose une peinture réaliste des problèmes de la précarité et du chômage qui minent les sociétés française et tunisienne. Mattar aborde des thématique­s profondes et lourdes avec un dialogue bien tranché et cru dans l'utilisatio­n des deux langues (français/dialecte tunisien). La force du film réside dans la justesse du jeu des acteurs comme celle du rappeur tunisien Mohamed Amine Hamzaoui (Foued) ou l'acteur français Philippe Rebbot (Hervé). La justesse du jeu des acteurs se trouve renforcée par l'emploi d'une parole sans retouche se collant à une réalité à la fois violente, grossière mais aussi pleine d'amour et de poésie.

Tout au long de cette fiction de 90 mn, les rires et les applaudiss­ements des cinéphiles retentissa­ient dans la salle de cinéma "Le Colisée" laissant entendre un public conquis qui s'est reconnu dans les thèmes abordés par le film: la précarité, la violence policière, les relations du couple, le chômage des jeunes et la Harga. Présent devant une salle comble, le réalisateu­r Walid Mattar tout en étant ému a tenu à rendre hommage en plus de l'équipe du film aux membres de la Fédération Tunisienne des Cinéastes Amateurs (FTCA) avec qui il a cultivé ses premiers pas en tant que réalisateu­r.

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