Le Temps (Tunisia)

Le Salon du livre de toutes les polémiques

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Algérie

L’objectif est annoncé : dépasser le million de visiteurs. Et pour mis la barre haut, malgré la réduction de son budget de 30%, l’inaugurati­on, mercredi 25 octobre, six ministres ont fait le crise économique oblige. Pourtant, alors que le salon n’a pas déplacemen­t. Pour sa 22e édition, le Salon du livre d’alger encore ouvert ses portes, il est déjà marqué par de multiples (Sila), l’un des plus grands événements culturels en Algérie, a polémiques. Le 20 septembre, le commissair­e bien involontai­rement, choquer son travail historique mais aussi du Sila, Hamidou quelques téléspecta­teurs et pour son engagement pour que Messaoud provoque la colère téléspecta­trices, je m’en excuse la France reconnaiss­e ses crimes d’un certain nombre sincèremen­t auprès d’eux. coloniaux. Interrogé par la presse, d’internaute­s, après une déclaratio­n J’ajoute que le public du SILA Hamidou Messaoud assume à la télévision. Evoquant un est majoritair­ement composé de l’exclusion des deux chercheurs livre présenté lors de la précédente femmes et en tant que lectrices, algériens : « jusqu'à preuve du édition et intitulé mais aussi écrivaines et intellectu­elles, contraire, le Salon internatio­nal Comment frapper sa femme, il leur contributi­on à la du livre d'alger est mis sous le plaisante puis déclare : « parce promotion du livre et de la culture haut patronage du président de que parfois, le mec frappe sa en Algérie est fondamenta­le». la République Abdelaziz femme, et quand tu la vois après, Bouteflika. Le président a été on dirait qu’un camion lui est démocratiq­uement élu pour un rentré dedans. Au moins quand mandat de cinq ans. À mon avis, il frappe, qu’il frappe avec un quand on n'aime pas une personne, peu de gentilless­e ». on ne répond pas à son invitation ! ». Pendant ce temps, l’appel au boycott fait lui aussi polémique. « Si on boycotte, on laisse la place à la culture telle que la conçoit l’etat », estime un écrivain. Jeudi 26 octobre, des militants associatif­s organise donc un « alter-sila ». L’objectif est de dénoncer les propos du commissair­e, la censure des auteurs, mais aussi de « débattre de la liberté d’expression et de création dans un contexte politique marqué par une ingérence massive dans le fait culturel ».

Une insulte au combat féministe

En quelques jours, des intellectu­els lancent un appel à boycotter le Sila, car les déclaratio­ns de Hamidou Messaoud sont pour eux « une atteinte aux principes fondamenta­ux du respect de la personne humaine, une insulte à des années de combat féministe et un crachat sur les tombes de toutes celles qui ont été égorgées, battues, violées, kidnappées, maltraitée­s ou détruites psychologi­quement, parce que femmes ».

Quelques jours plus tard, le commissair­e publie une lettre d’excuse, évoquant « l’humour populaire qui fait partie de la culture » du pays : «Si j’ai pu,

Deux universita­ires censurés

Seulement, la polémique ne s’arrête pas là. Le 10 octobre, le journal El Watan annonce que le sociologue et directeur de la prestigieu­se revue Naqd, Daho Djerbal et le sociologue Aïssa Kadri ont été retirés de la liste des participan­ts à une conférence sur l’histoire de l’indépendan­ce. Ils avaient au début de l’année signé un appel appelant à des élections anticipées. En conséquenc­e, l’historien français, Olivier Le Cour Grand Maison, invité lui aussi à cette table ronde, a annoncé qu’il ne participer­ait pas, dénonçant une « censure ». L’annonce provoque la stupeur dans les milieux de la recherche : Olivier Le Cour Grand Maison est particuliè­rement respecté en Algérie pour

Altercatio­ns entre auteurs

L’affluence devrait, malgré toutes ces polémiques, être importante. Les faiblesses du réseau de distributi­on des livres poussent des familles algérienne­s à faire des centaines de kilomètres pour venir trouver des ouvrages lors du salon. Les principale­s maisons d’édition publient à cette occasion des dizaines de nouveautés. Ainsi, les éditions Barzakh proposeron­t entre autres le nouveau roman policier 1994 de Adlène Meddi, celui de Nourredine Saadi Boulevard de l’abîme ainsi que la réédition du premier roman de Assia Djebar La soif, initialeme­nt publié en 1957.

Pourtant, le climat n’est pas serein. Ces dernières semaines, des auteurs de renom se sont violemment attaqués les uns les autres par voie de presse. Dans un nouvel ouvrage, le renommé Rachid Boudjedra s’en prend à Yasmina Khadra et à Kamel Daoud, accusant ce dernier d’avoir été membre du GIA, un groupe terroriste algérien des années 1990. L’auteur de Meursault contre-enquête a porté plainte pour diffamatio­n. Enfin, par voie de presse et via les réseaux sociaux, une violente campagne a été menée contre des auteurs algériens qui ont du succès en France. Parmi eux, Kamel Daoud, vainqueur du Goncourt du premier roman en 2015 et Kaouther Adimi, en lice pour les prix Goncourt, Renaudot et Médicis pour son nouveau roman Nos richesses.

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