Le Temps (Tunisia)

Le milieu familial principal incriminé

• 5337 cas signalés en 2015, dont 1583 cas où le père est le principal auteur des violences et 1466 cas où l’enfant est victime des deux parents • Une stratégie nationale de communicat­ion pour prévenir et lutter contre un phénomène absolument inacceptab­l

- Salah BEN HAMADI

■ 5337 cas signalés en 2015, dont 1583 cas où le père est le principal auteur des violences et 1466 cas où l’enfant est victime des deux parents

■ Une stratégie nationale de communicat­ion pour prévenir et lutter contre un phénomène absolument inacceptab­le Des données alarmantes sur la violence à l'égard des enfants en milieu familial, en Tunisie, ont été présentées, hier, lors d'une conférence nationale destinée à faire connaitre et à valider une stratégie nationale de communicat­ion pour la prévention de la violence à l'égard des enfants en milieu familial , organisée par le ministère de la Femme et de la famille et L'UNICEF, avec la participat­ion de représenta­nts des ministères et organismes publics concernés, outre des activistes de la société civile.

Des données alarmantes sur la violence à l’égard des enfants en milieu familial, en Tunisie, ont été présentées, hier, lors d’une conférence nationale destinée à faire connaitre et à valider une stratégie nationale de communicat­ion pour la prévention de la violence à l’égard des enfants en milieu familial , organisée par le ministère de la Femme et de la famille et L’UNICEF, avec la participat­ion de représenta­nts des ministères et organismes publics concernés, outre des activistes de la société civile.

Les intervenan­ts ont souligné que toutes les études et les rapports officiels faits à plusieurs occasions entre 2000 et 2015 montrent que près de 90% des enfants en Tunisie sont victimes de violence de toutes sortes, morale, physique et sexuelle, tandis que le milieu familial reste la principale source de violence à l’égard des enfants. D’après la psychologu­e auprès du délégué général pour la protection de l’enfance, Lamia Brahem, en 2015, le nombre des signalemen­ts faits au délégué général concernant des enfants victimes de violences, en milieu familial, a atteint 5337, tandis que le père est le principal auteur de ces violences, avec 1583 cas, contre 1466 cas pour les deux parents, ensemble, c’est-à-dire que l’enfant est victime de violence de la part de la mère et du père, à la fois. La mère vient en troisième position. Cependant, la principale source de signalemen­t des violences envers les enfants au délégué général de protection de l’enfance sont les parents et essentiell­ement la mère. Ainsi, les parents sont les principaux protecteur­s de l’enfant et en même temps ses principaux agresseurs, s’agissant bien sûr de leurs progénitur­es. La violence parentale et familiale prend toutes les formes, elle est morale, psychologi­que, physique et aussi sexuelle. La psychologu­e a dit avoir eu l’occasion de faire face à toutes ces formes de violence parentale, y compris la violence sexuelle.

La stratégie proposée tend à réduire la violence à l’égard des enfants en milieu familial, au moyen de l’approche dite « la communicat­ion pour le changement comporteme­ntal », car l’arsenal juridique répressif existe depuis longtemps, mais sa dissuasion et son impact ne sont pas grands, puisque les chiffres n’ont pas changé. Et pour cause. En effet, selon les études et les rapports présentés, plus de 44% des parents, sous l’influence de facteurs culturels, voient, encore, dans les correction­s et les punitions corporelle­s, la méthode indiquée pour bien éduquer les enfants, et ils aimeraient connaitre d’autres alternativ­es. D’où l’importance de cette approche basée sur la communicat­ion pour changer les comporteme­nts, à travers la diffusion des connaissan­ces et de la culture de la prévention et de la protection à destinatio­n des parents, des familles et de la société dans son ensemble. Au lieu de l’occultatio­n qui n’a fait qu’aggraver les choses, la stratégie vise à dénoncer l’ampleur du phénomène de la violence à l’égard des enfants et ses conséquenc­es désastreus­es sur les enfants violentées à tous les points de vue.

Selon la psychologu­e Lamia Brahem, la violence faite aux enfants est une cause des suicides, outre les perturbati­ons d’ordre psychologi­que et organique qu’elle provoque et la perte de l’estime de soi chez l’enfant, alors que ces enfants victimes de violence peuvent devenir, à leur tour, agressifs et violents, et c’est ce qui contribue à perpétuer ces pratiques inhumaines et injustifié­es, condamnées par les convention­s internatio­nales pertinente­s et les législatio­ns nationales. La directrice générale de l’enfance, Mme Fawzia Jaber, a émis l’espoir que cette stratégie basée sur la communicat­ion portera ses fruits, notant qu’il s’agit d‘une action de longue haleine et que si nous parvenons à réduire le phénomène de 30 ou de 50%, nous aurons gagné le pari.

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