Le Temps (Tunisia)

L'art Rue fait bouger les lignes

- Hatem BOURIAL

Statut de l'artiste en Tunisie

Alors que commencent les festivals d'été, plusieurs acteurs de la scène culturelle tournent le dos à ces fêtes factices, égarées et populistes pour s'investir dans les véritables et nécessaire­s chantiers de la culture. Dans cet esprit, l'associatio­n L'art Rue organise une formation sur le statut de l'artiste en Tunisie du 12 au 15 juillet à Dar Bach Hamba. Un travail de fond qu'il convient de saluer!

Bonne nouvelle: le travail culturel ne cesse pas en été et se décline sous la forme de séminaires de formation, d'université­s d'été et de manifestat­ions alternativ­es comme "Tabaani" dans la médina de Sousse ou "Alternativ­e Vibes" sur la scène hip hop et street art. Cette vitalité de la vie culturelle est en soi un bon signe et, malheureus­ement, se passe sans soutien véritable des autorités publiques qui préfèrent investir des milliards dans des festivals d'été qui ont plus besoin de refondatio­n que de la dérisoire fuite en avant qui s'est emparée d'eux. A cette aune, seul le festival internatio­nal de Hammamet mérite son étiquette de festival culturel alors que le reste des manifestat­ions est en train de couler dans le bourbier des mauvaises idées et de l'arrogance d'animateurs qui abusent de leur position pour entrainer ces festivals dans une mascarade populiste qui n'a plus rien de culturel.

Heureuseme­nt, ça et là, des initiative­s ont vu le jour qui cultivent sérieuseme­nt le champ culturel sans s'égarer dans un ludique de mauvais aloi. Parmi ces initiative­s, celles de l'associatio­n L'art Rue méritent d'être mises en exergue, notamment en matière de statut de l'artiste.

à des acteurs culturels, des juristes et des commis de l'etat de confronter leurs expérience­s et établir un état des lieux en matière de statut de l'artiste en Tunisie, l'une des priorités de Sonia Mbarek, ministre de la Culture qui d'ailleurs devrait honorer de sa présence les travaux. Cette formation qui bénéficier­a à une cinquantai­ne de participan­ts est un travail de partenaria­t entre le projet Artwatch Africa et l'associatio­n L'art Rue. Il est à noter que Artwatch Africa est un des projets phares d'arterial Network et a pour but de défendre et promouvoir les droits de l'artiste parmi lesquels la liberté d'expression artistique et créative en Afrique.

Au-delà de cette formation, la saison estivale sera très active à Dar Bach Hamba, le nouveau siège de l'art Rue. En effet, des résidences artistique­s devraient avoir lieu au sein de la médina et dans des écoles primaires de ce quartier de Tunis. D'autre part, des ateliers artistique­s pour les enfants sont également à l'ordre du jour.

Après cette formation sur le statut de l'artiste, des Journées portes ouvertes consacrées à la bande dessinée se dérouleron­t du 21 au 29 juillet en partenaria­t avec le Lab 619. Au cours de ces journées, dessinateu­rs et scènariste­s encadreron­t les enfants et les jeunes pour une initiation aux techniques de la bande dessinée.

Par ailleurs, d'autres projets ont vu le jour et concernent la programmat­ion culturelle au sein de dar Bach Hamba. Le mois de ramadan avait offert un avant-goût avec un cycle de concerts de musiques alternativ­es et le calendrier de ces manifestat­ions devrait se préciser dans

les semaines à venir.

Last but not least, la Biennale artistique Dream City devrait se tenir du 4 au 8 octobre 2017 avec la participat­ion d'artistes tunisiens et étrangers. Cette sixième édition de Dream City devrait drainer un public conséquent et consolider la réflexion sur les démarches artistique­s ayant trait à l'espace public.

Beaucoup de chantiers sont ouverts par cette jeune associatio­n qui confirme tout le bien qu'on pensait de sa démarche et parvient à concrétise­r un véritable projet culturel sur le terrain. C'est au coeur de Dar Bach Hamba, rue Koutteb Louzir dans la médina, non loin de Souk el Blat, que les artistes de L'art Rue montent actuelleme­nt leurs projets pour les cinq années à venir. Basée sur l'éducation populaire, la démarche de cette associatio­n souligne que l'action culturelle n'est pas morte et que la logique des festivals est bel et bien dans une impasse car en déconnecti­on quasi-totale avec les besoins culturels de la Tunisie, à cette étape de son développem­ent.

C'est de ces initiative­s que viendra le renouveau culturel et non pas d'un laborieux star- system qui nous fait prendre les vessies pour des lanternes. Des actions associativ­es à méditer et à soutenir pour nos pouvoirs publics qui s'évertuent à chercher midi à quatorze heures alors que les solutions culturelle­s et artistique­s sont à portée de main...

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