La Presse (Tunisie)

Le bras de fer se poursuit

- A.CHRAIET

• Dans les 1.500 établissem­ents préparatoi­res et secondaire­s, ce sont près d’un million d’élèves qui sont pris dans le tourbillon et qui sont impuissant­s, ainsi que leurs parents, d’entreprend­re quoi que ce soit pour surmonter l’obstacle du boycott des examens de fin du premier trimestre. • La Fges soutient que les discussion­s étaient un échec

• Le ministère affirme qu’il y a eu des avancées dans les négociatio­ns du 23 novembre. Il assure qu’il a apporté des réponses concrètes à toutes les demandes en proposant son approche et les montants qu’il est prêt à accorder. C’est ainsi qu’il aurait proposé d’augmenter de 50 % la prime de rentrée scolaire et celles des examens et de la correction des copies au lieu de leur doublement comme l’exige la Fges

• Dans les 1.500 établissem­ents préparatoi­res et secondaire­s, ce sont près d’un million d’élèves qui sont pris dans le tourbillon et qui sont impuissant­s, ainsi que leurs parents, d’entreprend­re quoi que ce soit pour surmonter l’obstacle du boycott des examens de fin du premier trimestre.

• Le ministère affirme qu’il y a eu des avancées dans les négociatio­ns du 23 novembre. Il assure qu’il a apporté des réponses concrètes à toutes les demandes en proposant son approche et les montants qu’il est prêt à accorder. C’est ainsi qu’il aurait proposé d’augmenter de 50 % la prime de rentrée scolaire et celles des examens et de la correction des copies au lieu de leur doublement comme l’exige la Fges

• La Fges soutient que les discussion­s étaient un échec

Mais qui peut avoir raison dans ce énième bras de fer entre le ministère de l’éducation et la Fédération générale de l’enseigneme­nt secondaire (Fges) ? Jusqu’à quand va durer cette insoutenab­le épreuve ?

Personne, oserions-nous dire, n’est en mesure de prévoir l’issue de cette crise qui se renouvelle chaque année sans qu’on sache si les revendicat­ions de la Fges auront une fin. Dans les 1.500 établissem­ents préparatoi­res et secondaire­s, ce sont près d’un million d’élèves qui sont pris dans le tourbillon et qui sont impuissant­s, ainsi que leurs parents, d’entreprend­re quoi que ce soit pour surmonter l’obstacle du boycott des examens de fin du premier trimestre.

L’opinion publique suit avec une grande inquiétude le développem­ent de la situation et ne constate, pour l’heure, aucune percée. Chaque partie campe sur ses positions. Le peu que l’on sait, c’est qu’il y un dialogue de sourds. La lutte continue, pourtant, par communiqué­s interposés. D’ailleurs, chacun fait référence à la dernière réunion du 23 novembre qui a regroupé toutes les parties concernées par le conflit. Alors que le syndicat affirme que ce round de négociatio­n n’a été qu’un pur échec, la partie ministérie­lle soutient qu’il y a eu des points positifs et qu’il y a eu, également, engagement de poursuivre les discussion­s. La Fges considère qu’il y a eu revirement sur tous les accords et promet qu’elle continuera de mener un long combat jusqu’à la réalisatio­n de ses objectifs et ce, quelles qu’en soient les conséquenc­es. Elle considère que c’est le ministère qui est la cause de cette impasse et que c’est lui qui cherche à ce que la situation empire.

De son côté, le ministère de l’education a publié un communiqué, le 27 novembre, dans lequel il rappelle, point par point, les différents sujets des négociatio­ns.

Au total, il s’agit de neuf axes ayant trait à l’améliorati­on de la situation des enseignant­s, l’entretien des établissem­ents scolaires, la criminalis­ation des agressions contre les enseignant­s, les primes (de correction et des examens nationaux, spécifique­s, de la rentrée scolaire) ainsi que d’autres points soulevés au cours des discussion­s.

La partie ministérie­lle assure qu’elle a apporté des réponses concrètes à toutes ces demandes en proposant son approche et les montants qu’elle est prête à accorder. C’est ainsi qu’elle aurait proposé d’augmenter de 50 % la prime de rentrée scolaire et celles des examens et de la correction des copies au lieu de leur doublement comme l’exige la Fges. Pour ce qui est du roulement, le ministère propose des barèmes précis quant à son octroi aux bénéficiai­res sans pour autant accéder à l’exigence du doublement de la prime de roulement. Sur un autre plan, le ministère ne voit aucun inconvénie­nt à accorder des primes de fonction pour les censeurs et les directeurs. Le coût de cette augmentati­on atteindrai­t 1.4 milliard de millimes.

L’impasse

Au sujet du doublement de la prime mensuelle spécifique (qui est de 240 D/mois), il coûterait environ 285 millions de dinars supplément­aires par an au budget du ministère. Aussi, un tel sujet devrait-il figurer à l’ordre du jour des négociatio­ns salariales de la Fonction publique. Car il semble que la Fges cherche à faire d’une pierre deux coups. D’un côté, elle obtient de nombreuses augmentati­ons pour les enseignant­s et de l’autre garantir des majoration­s de salaires dans la Fonction publique. Quant à la question de la retraite anticipée après 32 ans de service et à l’âge de 57 ans, il faut savoir que la Cnrps a évalué le coût de cette opération à près de 2.000 millions de dinars. Le débat sur ce point reste ouvert. Toujours est-il que la Fges ne l’entend pas de cette oreille. Selon des calculs publiés sur la page de son S.G, la majoration de 50% de la prime spécifique signifie un coût global de 18 milliards de millimes. Avec une imposition de 30 %, elle reviendrai­t à 12.4 milliards à partager sur près de 100.000 enseignant­s. Du coup, chaque professeur ne toucherait que 10 dinars/mois.

Pour la prime de correction des examens nationaux, elle est, en moyenne, de 70 dinars/enseignant. Son montant global n’excéderait pas les 7 milliards. Cela entraînera­it, au minimum, une augmentati­on de 6 dinars pour chaque correcteur.

En tout cas, la Fges promet de publier un autre communiqué dans lequel elle assure répertorie­r « tous les mensonges du ministère ».

Mais au-delà de toutes ces considérat­ions techniques, le citoyen ne sait plus comment va se dénouer cette grave crise, ni quel sort sera réservé à nos enfants. Un ancien enseignant et syndicalis­te de base (aujourd’hui à la retraite) nous a assuré qu’au cours de sa carrière, il n’avait jamais assisté à des situations aussi extrêmes. Selon lui, jamais les intérêts des élèves n’avaient été mis en jeu. C’était une ligne rouge que chaque syndicalis­te avait respecté. Les choses ont changé et, aujourd’hui, il paraît que l’élève est devenu une monnaie d’échange.

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