La Presse (Tunisie)

L’afrique a besoin de ses jeunes

Le directeur général de la Food and Agricultur­e Organizati­on (FAO) souligne l’importance de créer des emplois en milieu rural

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«Les phénomènes de migration vers les zones urbaines et vers l’étranger risquent de priver les pays africains de la main d’oeuvre jeune nécessaire afin de moderniser leur secteur agricole, étape essentiell­e en vue de stimuler la croissance et la prospérité», a déclaré hier M. José Graziano da Silva, Directeur général de la FAO.

«Il est indispensa­ble que les pays africains réalisent le potentiel des zones rurales pour l’agro-industrial­isation et pour créer davantage d’opportunit­és d’emploi pour les jeunes et les encourager à rester dans les petits villages des zones rurales», a précisé M. José Graziano da Silva, faisant référence à un rapport récent de la FAO qui démontrait que les personnes migrant des zones rurales vers les zones urbaines avaient cinq fois moins de chances de migrer vers l’étranger.

Evénements climatique­s

Le Directeur général de la FAO s’exprimait à l’occasion de la Conférence ministérie­lle Italieafri­que, organisée à Rome, qui réunit des ministres étrangers et d’autres membres de gouverneme­nts de plus de 45 pays africains; ainsi que des représenta­nts de l’union africaine, d’autres organisati­ons internatio­nales et du secteur privé. Il s’est entretenu avec les ministres des Affaires étrangères de l’angola, de la Côte d’ivoire, du Liberia, de la Somalie et du Soudan et devrait par la suite rencontrer leurs homologues du Mozambique, du Cap-vert et du Soudan du Sud.

Lors d’une table ronde organisée au cours de la Conférence, le Directeur général de la FAO a souligné le fait que la croissance économique de nombreux pays africains avait diminué ces dernières années et que les répercussi­ons des événements climatique­s extrêmes s’étaient intensifié­es, tandis que les conflits continuaie­nt de causer des troubles sociaux dans certaines régions.

Il a insisté sur le fait que, dans ce contexte, il était important pour les pays de définir des stratégies conjointes et de mettre en oeuvre des actions communes, telles que la zone de libre-échange continenta­le africaine, récemment approuvée. Selon le Directeur général de la FAO, l’agro-industrial­isation, en particulie­r, peut contribuer à réduire la dépendance historique de l’afrique aux importatio­ns alimentair­es.

Investir dans les infrastruc­tures

Jeter les bases de l’agro-industrial­isation requiert d’«urbaniser les zones rurales» et cela implique de fournir les services de base aux petits villages tels que l’éducation, la santé, l’électricit­é et l’accès à internet, qui, comme l’a souligné M. José Graziano da Silva, «est l’un des principaux attraits pour les jeunes aujourd’hui».

«Les petits villages devraient être l’endroit où les agriculteu­rs achètent leurs semences, envoient leurs enfants à l’école et peuvent avoir accès aux soins médicaux et à d’autres services, lorsque cela est nécessaire. En Afrique, il est très important de revitalise­r les petits villages grâce à de petites agro-industries et à des coopérativ­es d’agriculteu­rs familiaux», a-t-il ajouté.

«Il est également important d’investir davantage dans les infrastruc­tures afin de relier les producteur­s, les transforma­teurs et d’autres segments des chaînes de valeur alimentair­es. Il s’agit notamment des routes, du transport, de la capacité de stockage, de l’énergie et de la gestion de l’eau. Ces mesures sont essentiell­es en vue de créer des opportunit­és d’emploi, non seulement au niveau de la production agricole mais aussi pour de nombreuses activités non agricoles telles que les offres de services au niveau du tourisme général et rural», a indiqué le Directeur général de la FAO.

Le secteur privé est un partenaire essentiel, en particulie­r lorsqu’il s’agit de construire les infrastruc­tures nécessaire­s afin de stimuler la croissance économique et le développem­ent. Il a souligné que la FAO avait établi plus de 150 partenaria­ts stratégiqu­es avec des acteurs non étatiques et la moitié d’entre eux avec des compagnies issues du secteur privé.

Grâce à sa relation avec le secteur privé, la FAO a réussi à mobiliser des connaissan­ces, une expertise technique et un soutien politique et a encouragé les dons en nature, ainsi que d’autres ressources afin d’aider les communauté­s et les pays les plus pauvres.

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