La Presse (Tunisie)

Maduro se dit prêt à rencontrer Trump

A L’ONU, le président américain a estimé devant des journalist­es que le président vénézuélie­n pourrait être «renversé très rapidement» si «les militaires décidaient de le faire»

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AFP — Le président du Venezuela Nicolas Maduro s’est dit prêt, mercredi à la tribune de l’assemblée générale annuelle des Nations unies, à rencontrer son homologue américain Donald Trump, qui n’a cessé de l’étriller depuis deux jours à New York.

«Je suis disposé à serrer la main du président des États-unis et à discuter avec lui de nos différence­s bilatérale­s et des problèmes de notre région», a déclaré Nicolas Maduro lors d’un long discours de 50 minutes à la tribune. En principe, chaque dirigeant n’a droit qu’à un quart d’heure pour son allocution.

Cette propositio­n est faite en dépit des «différence­s abyssales» qui séparent les deux pays, a-t-il ajouté.

Mercredi soir, les deux présidents étaient tous les deux à New York. Donald Trump a prévu de quitter la ville hier dans la journée, ce qui pourrait laisser la possibilit­é d’une rencontre.

A L’ONU, le président américain a notamment estimé devant des journalist­es que Nicolas Maduro pourrait être «renversé très rapidement» si «les militaires décidaient de le faire».

«Plus de deux millions de personnes ont fui» le pays en raison du gouverneme­nt socialiste vénézuélie­n soutenu par Cuba, avait-il aussi déploré à la tribune de L’ONU.

«Le Venezuela rejette fermement les déclaratio­ns belliqueus­es (...) du président des Etats-unis (...), qui poussent à une insurrecti­on militaire dans le pays», avait réagi le ministère des Affaires étrangères vénézuélie­n dans un communiqué. «Je vais à l’assemblée générale des Nations unies pour défendre la vérité sur le Venezuela. Je suis chargé d’émotion, de passion, de vérité pour que tout le monde sache que le Venezuela est debout», avait déclaré dans son avion le président, accompagné de son épouse, Cilia Flores. Mercredi, Donald Trump a encore fait grimper la tension en ajoutant que «toutes les options (étaient) sur la table concernant le Venezuela (...), les plus fortes et d’autres moins fortes».

«Et vous savez ce que j’entends par fortes», a-t-il déclaré à des journalist­es en marge de l’assemblée générale annuelle de L’ONU, sans donner davantage de précisions.

Sanctions financière­s

Pour le gouverneme­nt vénézuélie­n, ces propos sont la preuve «de la politique de changement de régime promue» par Washington avec la participat­ion «d’autres pays latino-américains». «Ces déclaratio­ns ne sont pas isolées, elles surgissent dans un contexte de menaces répétées d’interventi­ons militaires au Venezuela et de renforceme­nt de la présence militaire américaine dans la région, propices à créer un conflit régional aux proportion­s insoupçonn­ées», a ajouté le ministère vénézuélie­n.

Les Etats-unis avaient également annoncé mardi de nouvelles sanctions financière­s contre quatre personnes de l’entourage de Nicolas Maduro, dont son épouse Cilia Adela Flores et sa vice-présidente Delcy Rodriguez. Jorge Rodriguez, le ministre de la Communicat­ion, et Vladimir Padrino Lopez, ministre de la Défense, sont également sanctionné­s. Leurs avoirs sur le territoire américain sont gelés et il est interdit à tout ressortiss­ant américain de faire des affaires avec eux.

Le dirigeant vénézuélie­n n’avait pas tardé à réagir, exhortant à ne pas toucher à son épouse. «Ne touchez pas à la famille! Ne soyez pas, lâches! (...) Son seul crime: être ma femme. Comme ils ne peuvent pas, s’en prendre à Maduro, ils s’en prennent à Cilia», avait lancé le chef de l’etat lors d’une interventi­on télévisée. «Chaque sanction du gouverneme­nt +gringo+, outre qu’elle est illégale et inutile, est une médaille pour nous, les révolution­naires», avait-il martelé.

Le président Maduro lui-même était déjà sur la liste des sanctions financière­s américaine­s depuis l’été 2017.

Le Venezuela va sombrer davantage dans la récession cette année et afficher une hyperinfla­tion historique de 1.000.000% d’ici fin décembre, avait prévenu fin juillet le Fonds monétaire internatio­nal. Le Produit intérieur brut vénézuélie­n devrait se contracter de 18% en 2018, avait précisé le FMI, s’inquiétant des répercussi­ons sur les pays voisins, en particulie­r la Colombie, qui voient affluer en masse les Vénézuélie­ns fuyant le pays.

Le Venezuela tire 96% de ses revenus du pétrole brut. Or, sa production de pétrole a chuté d’au moins la moitié en un an et demi, faute de liquidités pour moderniser les champs pétroliers.

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