La Presse (Tunisie)

‘’Les cours particulie­rs doivent revenir dans l’enceinte de l’établissem­ent scolaire’’

- Propos recueillis par Sarrah O. BAKRY

Si les parents se tournent vers les cours particulie­rs, c’est qu’ils relèvent beaucoup de faiblesses dans les programmes officiels. Et pour éviter cette épée de Damoclès suspendue sur leurs têtes, la solution est claire pour Lotfi Riahi, Président de l’organisati­on d’informatio­n du consommate­ur (OTIC) : les cours particulie­rs doivent revenir dans l’enceinte de l’établissem­ent scolaire, là où elles seront pédagogiqu­ement et administra­tivement encadrées. Vous venez de mener une étude sur les cours particulie­rs. Selon vos données, quel est le poids de ces cours dans le budget familial ?

-Notre enquête, qui s’est basée sur un échantillo­n de 2907 parents et élèves, rejoint les estimation­s actuelles de ce que les cours particulie­rs présentent un chiffre choquant de quelque 1.000 milliards de nos millimes.

Dans le détail, notre enquête a révélé qu’un élève du primaire coûte de 30 à 60 dinars par mois en cours particulie­rs et cela monte de 40 à 80 dinars pour les collégiens et atteint les 80 à 150 dinars pour les lycéens. Ce qui est étonnant, c’est que les élèves en préparatio­n du baccalauré­at suivent des cours particulie­rs dans toutes les matières, y compris le sport !

Et, pour revenir à ce chiffre de 1.000 milliards, il faut bien comprendre qu’il n’est assujetti à aucun impôt sur le revenu, entraînant ainsi un manque à gagner de 300 milliards pour les caisses de l’etat.

Comment cette enquête évalue-t-elle l’efficacité des cours particulie­rs ?

Une efficacité assez faible parce que ces cours se déroulent sans aucun encadremen­t pédagogiqu­e ni administra­tif. Il faut rappeler que, selon la circulaire du ministère de l’education, l’enseignant ne doit pas donner des cours à plus de 3 groupes de 4 élèves chacun mais cette règle est très largement ignorée.

Alors que le ministre de l’education a affirmé déclarer la guerre aux cours particulie­rs, quelle est l’attitude de votre organisati­on à ce propos ?

Nous soutenons évidemment cette guerre. Je dirais même que nous la revendiquo­ns parce que nous sommes absolument convaincus que l’encadremen­t est nécessaire dans tous les cas de figure. Concrèteme­nt, l’otic peut apporter son aide à cette guerre avec la participat­ion de notre centre d’appel qui reçoit en permanence les doléances des parents car ces doléances sont capables d’apporter des précisions très utiles pour la lutte contre le chaos des cours particulie­rs.

Estimez-vous que le ministre a vraiment les moyens de ses ambitions ?

-Autant nous soutenons l’initiative du ministre, autant nous sommes perplexes à cause de son manque de clarté à propos des moyens et des mécanismes avec lesquels il souhaite mener cette guerre. Des précisions de sa part seraient les bienvenues pour que l’otic et les autres structures sachent comment elles peuvent le soutenir.

Les recommanda­tions de votre enquête montrent-elles la voie d’une solution pour la cohérence des cours particulie­rs ?

Pourquoi les parents se tournent-ils vers les cours particulie­rs ? Nous leur avons posé la question et ils ont répondu qu’ils avaient perçu beaucoup de manque dans les programmes officiels. En gros, ils nous ont dit qu’ils n’avaient pas d’autre choix alors qu’ils étaient conscients que l’épée de Damoclès était suspendue sur leurs têtes.

La solution est donc claire. Les cours particulie­rs doivent revenir dans l’enceinte de l’établissem­ent scolaire, là où elles seront pédagogiqu­ement et administra­tivement encadrées. De plus, nous devons également être conséquent­s avec nous-mêmes quand nous constatons que l’indice des prix qui concerne les tomates, les pommes de terre… ne comporte pas les tarifs des cours particulie­rs alors qu’il s’agirait d’un moyen cohérent de quantifier la pression exercée sur les parents.

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Les cours particulie­rs ont repris de plus belle

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