La Presse (Tunisie)

L’errance et l’ancrage

- Alya HAMZA

En ces temps de chaos et de cacophonie, temps où l’arabité, justement, et l’humanisme certaineme­nt, se font inaudibles, peut-être est-il temps de se mettre à l’écoute de ces voix venues des temps de sagesse, d’érudition et d’humanisme.

De Shams Nadir, Louis Aragon disait qu’il était «bien le continuate­ur de la prestigieu­se tradition poétique islamique, une des plus superbes du monde», cependant que Senghor affirmait : «Shams Nadir est aujourd’hui l’un des meilleurs écrivains de l’arabité. Il prépare, il annonce l’humanisme arabe du XXE siècle».

En ces temps de chaos et de cacophonie, temps où l’arabité, justement, et l’humanisme certaineme­nt, se font inaudibles, peutêtre est-il temps de se mettre à l’écoute de ces voix venues des temps de sagesse, d’érudition et d’humanisme.

On ne présente pas Shams Nadir, autrement dit Mohamed Nadir Aziza, dont le parcours profession­nel et intellectu­el suffirait à remplir plusieurs vies. Brillante carrière à L’OUA, puis à l’unesco, chancelier­fondateur de l’académie mondiale de poésie à Vérone, président du réseau MED 21, et l’on en oublie…. «Planisphèr­e intime», le livre qu’il vient de publier aux éditions Dergham, est un ouvrage atypique, alternant souvenirs et poèmes, racontant, en vers et en prose, le parcours, dans la vie et dans l’imaginaire, d’un écrivain dont l’étourdissa­nte érudition sert de fil conducteur. Présentant ce qui aurait pu sembler un alliage hétéroclit­e de textes, mais qui est en fait l’aventure d’une vie d’errance et d’ancrage, Shams Nadir nous invite : «La solution la plus sage pour parler de ma vie comme d’une aventure vécue entre l’errance et l’enracineme­nt, la foi et le doute, l’adhésion et le détachemen­t me paraît être de restituer, étape par étape, ce chemin escarpé, comme mes ancêtres, le mosaïste et le miniaturis­te, traitaient, fragment par fragment, l’ensemble de leurs compositio­ns». Suivons-le donc dans ce qu’il appelle le dédale de son labyrinthe, laissons-nous séduire par ce festin de la mémoire, envoûter par cette magie du verbe, et livronsnou­s à ce feu d’artifice de l’intelligen­ce. Nul ne saurait le regretter. Nous, en revanche, nous avons un regret : que le livre ait été publié par une maison d’édition libanaise et non tunisienne.

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