Le talent ne suffit plus

L’élimination des juniors face à l’Algérie a rappelé le débat autour des résultats des équipes nationales des jeunes. C’est encore la poisse !

Ce n'est pas la première fois que l'équipe de Tunisie junior perd en éliminatoires de la Coupe d'Afrique contre l'Algérie durant ces derniers vingt ans. Et ce n'est pas la première fois qu'une équipe nationale des jeunes perd et toute une génération de joueurs qui disparaît. Cela devient une habitude, et presque la règle. Les quelques performances qui restent en mémoire, telles que la sélection de M'rad Mahjoub en 1985, de Jamel Bouabssa en 1993, de Maher Kanzari en 2007 ou celle de Ben Soltane en 2013, ne peuvent pas infirmer la règle : nos sélections des jeunes ne sont pas fort compétitives en Afrique. Elles se qualifient à peine à une édition de CAN pour faire souvent de petites apparitions. Pourtant, nous n'avons jamais manqué de traditions, de joueurs de talent, de clubs formateurs et de moyens importants, surtout ces dernières années. Ou est-ce une crise de talents ou que ces joueurs ont été surestimés? Et si ce n'est pas une crise de talents seulement, et que c'est aussi un problème de planification et de qualité de formation en sélections et en clubs surtout? En tout cas, cela devient un malaise chronique et frustrant en même temps. Revenons à la dernière élimination des juniors contre l'Algérie. Dans le match retour, on a vu une sélection tunisienne assez technique qui avait développé un volume de jeu respectable. Elle a manqué de précision et de pertinence devant les buts adverses. Et elle a commis de graves erreurs défensives qui lui ont coûté cher. Nous sommes si frustrés parce que cette équipe qu'on va jouer au retour n'était pas «moche». On a vu quelques talents prometteurs, surtout ce Rahmani qui a un bon potentiel. A l'arrivée, c'est encore une défaite qui va contraindre cette génération à disparaître. Une bonne partie de ces joueurs, à cause de l'âge, va devoir passer à la catégorie supérieure.

Contraintes

Nos sélections des jeunes n'ont pas pu être compétitives pour des années parce qu'en partie, le talent manquait. Si on suit les championnats des jeunes et la qualité du jeu des sélections, on voit vite qu'on n'a plus de grands joueurs au niveau des jeunes. Ou plus précisément des talents qui peuvent bien jouer et qui peuvent gagner en étant sous la pression des résultats. Ceci n'est pas fortuit : les clubs même formateurs et qui ont les moyens logistiques travaillent n'importe comment et n'arrivent pas à découvrir des talents confirmés. Cela est dû aussi à l'infrastructure qui manque, aux techniciens qui n'ont pas la compétence qu'il faut, au favoritisme qui barre la route à des joueurs talentueux mais aux parents peu influents, et aussi aux emplois de temps des études peu souples. Aujourd'hui, un jeune de 12 ou de 14 ans n'a pas que le foot comme passion. Les moyens de loisir de «substitution» sont un grand ennemi aux sélections des jeunes et aux clubs aussi. Une question de planification à la DTN? Si l'on veut mettre fin à cette crise des sélections des jeunes, la structure technique fédérale doit faire mieux et changer d'approche. On ne peut pas continuer ainsi et voir des générations entretenues quitter et disparaître à cause des défaites face aux pays africains. De l'encadrement au recyclage en passent par le contrôle auprès des clubs, la DTN doit intervenir plus et mieux. On ne va pas attendre tous les 5 ou 10 ans pour découvrir une génération douée et qui gagne. Le problème, c'est que même quand on a eu des sélections brillantes chez les jeunes comme en 2007 ou en 2013, seuls quelques éléments ont pu rallier par la suite l'équipe nationale A. Pour l'équipe de Maher Kanzari, seul Youssef M'sakni a vraiment réussi (à un degré moindre Dekhili). Pour la sélection de Ben Soltane, aucun joueur ne s'est imposé en sélection A. Dommage pour un football comme le nôtre qui jouit d'une forte histoire et surtout de moyens en sélection qui n'existent pas dans des pays beaucoup plus compétitifs que nous dans les catégories des jeunes.