Saura-t-on un jour la vérité ?
Pas moins de 400 espions et 9 prédicateurs dangereux seraient passés dans un tunnel souterrain de 70 km creusé entre la Tunisie et la Libye. Au vu de la gravité de la situation des informations divulguées et de l’impossibilité de démêler le vrai du faux,
A chaque nouvelle réunion de la commission d’investigation concernant les réseaux impliqués dans l’envoi de jeunes Tunisiens vers les zones de combat, les médias s’attendent à des déclarations tonitruantes au sujet de la sécurité nationale. Lundi, ils ont été servis par les déclarations de Mohamed Rezgui, secrétaire général du Syndicat de sécurité républicaine, qui a indiqué que la garde nationale a découvert un tunnel long de 70 km entre la Tunisie et la Libye. Selon ses dires, ce tunnel aurait permis à des jeunes souhaitant combattre dans les rangs de l’organisation Daech de partir pour la Libye. Le responsable ajoute également qu’il pourrait avoir été emprunté par des terroristes en provenance de la Libye. Plus clairement, les terroristes de retour des zones de conflit pourraient avoir transité par ce tunnel. Rezgui fait également état d’autres corridors souterrains entre la Tunisie, la Libye et l’Algérie. Des espions auraient ainsi pu rejoindre plusieurs endroits entre 2012 et 2014. Pas moins de 400 espions et 9 prédicateurs dangereux seraient passés sous le tunnel. Il s’agit donc de croire M. Rezgui sur parole ou ne pas croire, c’est une question de foi. En effet, “l’ensemble des documents détenus par le ministère de l’Intérieur retraçant les entrées illégales de personnes étrangères en Tunisie sont passés à la déchiqueteuse en 2012”, déclare le responsable syndical.
Le congrès des «Amis de la Syrie» pointé du doigt
Le secrétaire général du syndicat pointe aussi du doigt la tenue, en 2012, du congrès des Amis de la Syrie et les vagues de solidarité avec les Palestiniens, qui auraient, toujours selon ses déclarations, accéléré l’infiltration d’espions et autres personnages peu fréquentables. Ils sont 400 à s’être infiltrés dans les facultés et les milieux estudiantins. Ces méthodes auraient permis un recrutement massif de terroristes. Des propos qui rejoignent ceux de l’ex-présidente de la commission d’investigation, Leila Chettaoui, qui n’a cessé de défendre la thèse selon laquelle, l’enrôlement des combattants daechiens s’est fait de manière progressive et que la première étape était la constitution d’associations caritatives dont le rôle était exclusivement de faire entrer des prédicateurs dans toute la Tunisie. Entendu hier, le syndicat attaque aussi certains sécuritaires, dont l’ex- chef de l’unité de sécurité de l’aéroport de Tunis- Carthage, Abdelkarim Laâbidi. Ils l’accusent d’avoir facilité l’envoi de 500 Tunisiens dans des zones de tension. Au vu de la gravité de la situation des informations divulguées, plusieurs élus ont demandé à ce que des personnes tierces soient entendues, notamment des responsables au ministère de l’Intérieur. Impossible en effet de démêler le vrai du faux. S’agit- il de règlement de comptes entre cadres sécuritaires ou de vraies informations qui pourraient conduire un jour à la vérité ? Pour l’instant, la commission écoute tout le monde, et il faudra rester vigilant par rapport à la manipulation des deux côtés.