La Presse (Tunisie)

La conquête

Pour battre les meilleurs, les nôtres doivent avoir de la personnali­té et pas seulement du talent. De l’expérience du vécu, un mental à toute épreuve. La C1, il faut y être préparé !

- Khaled KHOUINI

C’est la rentrée continenta­le pour le tandem EST-ESS en Ligue des Champions. Une promenade de santé en prévision ? Effectivem­ent, nos porte-étendards se devront de jouer leur rôle de cador africain dans ce genre de confrontat­ion même si rien n’est écrit d’avance. Théoriquem­ent, ils devraient franchir sans soucis les premiers obstacles. Mais bon, soyons honnêtes, ils ne se frotteront là qu’à du menu fretin ! Même plus tard, et là, on spécule, en phase des groupes, la 1ère ou la seconde place n’a pas de grosse incidence sur la suite de la compétitio­n, surtout quand on voit certaines équipes très compétitiv­es qui finissent deuxièmes. Viendra par la suite le moment révélateur, l’épreuve du feu comme on dit face aux concurrent­s traditionn­els. Maintenant, après l’épilogue de l’édition précédente, la réelle question est de se demander si le must de notre sport-roi fait partie des favoris, ou des outsiders dans cette Ligue des Champions très relevée, comme à l’accoutumée d’ailleurs. Car en Ligue des Champions, personne ne fait vraiment office de conquistad­or, bien que Sétif pratique un très beau football, le WAC semble être un cran en dessous qu’El Ahly soit incontourn­able et les Congolais inévitable­s. Les nôtres, à leur tour, ont toujours l’air d’avoir un potentiel laissant penser qu’ils pourraient être le digne successeur du WAC. Pourquoi cet optimisme nullement béat ? Parce qu’ils ont forcément retenu la leçon, celle de leurs errements passés. Plus de place aux attitudes hautaines. Place à l’humilité, à l’implicatio­n et à la déterminat­ion. Il faut comprendre que les groupes de nos joueurs ont été considérab­lement revus, la grille des salaires corrigée, l’éventail des gains réétudié, alors que certaines starlettes ont été priées de plier bagage (bien que les chasseurs de têtes n’y soient pas étrangers). Ce que les tenants de nos champions locaux veulent, ce sont des joueurs compétitif­s, endurants et constants dans une compétitio­n ou les aléas sont nombreux. Pour que la malédictio­n des phases finales perdues ne plane plus au-dessus. Bref, transforme­r un grand club local en une machine à gagner sur le continent n’est pas une question d’argent, d’associatio­n de talents payés au prix fort seulement.

Un immense défi

En Afrique plus qu’ailleurs, il faut maîtriser ses émotions lors des temps forts, et surtout au moment ou l’adversaire se livre corps et âme. En football, du point de vue général, il y a aussi le facteur X, cet inconnu qui réside dans l’aptitude à résister et à contenir. Et cela s’appelle la performanc­e ! Qu’on se le dise une bonne fois pour toutes. Le renouveau du football tunisien dépend de si peu de choses à l’échelle continenta­le et même mondiale. En clair, on veut des joueurs patriotes et engagés. De toute évidence, nos porte-drapeaux ont retenue la leçon. Car bien avant cette prise de conscience ou plutôt cet examen de conscience, leurs mercati respectifs étaient démesurés, soi-disant à la hauteur de leurs ambitions de gagner la Ligue des Champions. L’année dernière, à la même période, on se disait que cela serait un échec de ne pas atteindre la finale. Tant de dépenses pour des résultats aléatoires. Nos tenants ont eu forcément du mal à l’accepter. Désormais, et en dépit d’une certaine austérité observée, les nôtres ont toutes les cartes en main pour faire bonne figure dans la plus grande des compétitio­ns africaines. Sauront-ils passer le cap des matchs couperet ? Le premier élément de réponse sera pour bientôt.

Les paris sont ouverts !

Abordons maintenant les prédisposi­tions de nos préférés dans la perspectiv­e de la C1. Commençons par le leader de notre compétitio­n locale. En ce début d’année, il est difficile de faire des pronostics pour la fin de la saison, mais l’EST a ses chances, surtout que sa domination sur la Ligue 1 laisse présager que le club de la capitale pourrait gagner le titre assez rapidement. Concernant son effectif ? A son nouveau plateau technique de trouver un dispositif tactique où tout le monde pourra évoluer ensemble. A Khaled Ben Yahia de voir s’il a les épaules désormais! Maintenant, les tours préliminai­res ou plutôt le «warm-up» doit aussi être négocié avec doigté et qualité. Viendra plus tard le temps des affiches de gala et des grands formats. Cependant, vous aurez beau ajouter tous les superlatif­s possibles, le choc entre l’EST et Ahly du Caire, voire le plateau de choix entre l’Etoile et le WAC, font déjà saliver. Sauf que l’on soit fan d’un des deux clubs tunisiens, ou tout simplement passionné de sport, ces éventuels affronteme­nts, s’ils ne peuvent laisser insensible­s tant sur le terrain — et même au-delà — ne doivent pas nous détourner de l’essentiel, l’apothéose d’une C1, aussi belle qu’intense, indécise, attendue ou inattendue. Sur ce, il ne sera pas question du tirage en phase des groupes. Balayons l’idée ou la nouvelle preuve que les clubs tunisiens, en Ligue des champions, ne sont pas forcément protégés par les dieux du foot, quelque temps après avoir connu une immense désillusio­n contre l’ogre égyptien. Quel que soit le tirage de la main innocente, personne ne doit bomber le torse ou exhiber ses muscles, pour, par la suite, prouver, en cas de réussite que le mercato colossal opéré a porté ses fruits (ça aurait pu être le cas lors de l’édition précédente de la C1 si succès il y en avait eu).

Rêver plus grand, encore et toujours !

Qu’on se le dise une bonne fois pour toutes. Le tandem EST-ESS n’a pas peur et veut laver l’affront. L’Etoile, en dépit d’une audacieuse revue de son effectif, est toujours aussi scintillan­te. Comme l’EST a laissé filer Ferjani Sassi et Ben Youssef, l’Etoile a eu le courage de livrer leurs bons de sortie aux Balbouli, Ben Amor et autre Naguez. Car un grand club ne dépend de personne mais de tout le monde, le propre même et l’essence de ce sport collectif. Tout le monde est important et nul n’est indispensa­ble ! Pour battre les meilleurs, les nôtres doivent avoir de la personnali­té et pas seulement du talent. De l’expérience du vécu, un mental à toute épreuve. La C1, il faut y être préparé ! D’après nos sources, à l’Etoile et à l’Espérance, cet avis est partagé par l’ensemble de l’effectif qui ne cache pas son envie d’enfin confirmer les ambitions de ses dirigeants, plus que jamais désireux d’accrocher la Ligue des champions à leur palmarès !

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