La Presse (Tunisie)

Une culture à ancrer

Le don de soi et de son argent au profit d’une oeuvre sociale ne fait pas encore partie des habitudes de la majeure partie de nos footballeu­rs. Toute une culture à mettre en place

- Walid NALOUTI R.E.H.

L’année dernière, Cristiano Ronaldo était désigné par l’associatio­n américaine « Do Something » comme le sportif le plus généreux de la planète. La star madrilène continue depuis à faire parler de lui, non seulement par ses prouesses sur les terrains de football, mais aussi par les milliers d’euros dont il continue à faire don. En 2016, l’attaquant du Real Madrid a offert 149.000 euros à un centre de recherche contre le cancer au Portugal. Il a également versé 60 000 euros pour qu’un bébé espagnol de dix mois puisse se faire opérer d’une maladie grave. Mais il n’y a pas que Ronaldo qui soit généreux en faisant des dons pour des oeuvres caritative­s. Neymar, Serena Williams ou encore Maria Sharapova le font aussi. Mais qu’en est-il de nos sportifs ? Sont-ils aussi généreux que leurs homologues occidentau­x ? Il est vrai que nos sportifs ne sont pas aussi bien payés que leurs confrères en Europe. Toutefois, nos footballeu­rs gagnent suffisamme­nt bien leur vie pour suivre les traces de Ronaldo. Ils peuvent, s’ils le veulent bien, se montrer généreux envers les associatio­ns caritative­s qui oeuvrent dans notre pays.

Un savoir-être, un savoir-vivre

Si les sportifs, en Europe en parti- culier et dans le monde en général, se montrent impliqués dans les oeuvres sociales et caritative­s, c’est que le don de soi fait partie de leur formation de sportif d’élite. Un sportif profession­nel, c’est avant tout une personnali­té publique, au-delà de ses performanc­es et la discipline qu’il exerce. Sous d’autres cieux, les sportifs profession­nels payent les impôts au même titre que n’importe quel autre citoyen qui a une activité profession­nelle. Chez nous, ce n’est pas encore le cas, bien que la loi de finances de l’année 2018 prévoie de les obliger enfin pour payer leurs impôts. Ce que nous devons savoir tous, c’est que le payement des impôts est un devoir de citoyen. Si nos sportifs n’accompliss­ent même pas leur devoir de citoyen, vu qu’ils ne payent pas leurs impôts alors qu’ils gagnent grassement leur vie, il est donc normal qu’ils ne s’impliquent pas suffisamme­nt dans les oeuvres sociales et caritative­s. Quand on sait que Serena Williams construit des écoles en Afrique, on se rend compte que nos sportifs sont loin du compte. Il faudra leur inculquer d’abord le sens du devoir. Le don du soi est avant tout un état d’esprit qui émane d’une qualité humaine, la générosité. Salah Mejri incarne le sportif qui a commencé de zéro pour gravir les échelons de la réussite et devenir un joueur de la NBA. Battant, persévéran­t, humble, c’est bien lui qui a créé une fondation qui porte son nom. Cette fondation semble, en apparence, programmer un service commercial avec des tournées en salles pour la détection des jeunes talents en contre-partie de l’argent. Mais ce n’est pas le cas, cette fondation emmenée par le basketteur tunisien a organisé plusieurs camps de prospectio­n et de détection de talents à La Goulette, Nabeul où Radès en été. C’était toujours plaisant et très populaire avec beaucoup de jeunes doués et passionnés par le basket et qui rêvent un jour de jouer en NBA (un rêve fabuleux) et d’être entraînés par une star comme Salah Mejri. Ces moments de détente et de passion pour le basket peuvent être considérés aussi comme un acte social sans recherche de rentabilit­é ou de gains par S.Mejri. Cette fondation, qui évolue chaque été, développe la pratique du basket et sa vulgarisat­ion auprès des jeunes qui regardent les matches de la NBA à la télé- vision. En même temps, Salah Mejri a organisé une visite au village SOS Gammarth, là où le basketteur tunisien a joué avec les enfants du village. Des moments inoubliabl­es pour ces enfants défavorisé­s, privés d’attaches familiales, et qui ont pu vivre, pour une ou deux heures, un moment de bonheur inégalable. La fondation Salah Mejri peut encore aller plus loin et organiser davantage de camps surtout dans les zones défavorisé­es là où le basket, sport populaire et fantastiqu­e, peut apporter une immense joie à des gens en quête de meilleures conditions humaines de vie. Salah Mejri peut encore apporter une touche humaine à ce qu’il fait. Avec sa notoriété et la célébrité qu’il vit, sa fondation peut concrétise­r les valeurs nobles du basket, à savoir la solidarité, l’émulation et surtout la passion pour la vie.

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Serena Williams, une assidue des oeuvres caritative­s

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