Un «canular» pour l’extrême droite pro-Trump
Par contre, la plupart des conservateurs traditionnels ont de leur côté approuvé l’attaque punitive de 59 missiles Tomahawk
Les partisans d’extrême droite de Donald Trump se sont rebellés et s’en sont pris au président après que celui-ci a ordonné une frappe contre la Syrie, soupçonnée d’avoir lancé une attaque chimique qui a tué 86 personnes. «Quiconque prétendait que Trump était d’une loyauté aveugle a eu un avertissement aujourd’hui», a déclaré Mike Cernovich, l’un des leaders du mouvement «Alt-Right», un groupe nationaliste qui a accusé le président d’avoir abandonné ses positions électorales isolationnistes, dans une campagne sur les réseaux sociaux portée par le hashtag #Syriahoax («canular syrien»). «Nous savons tous qu’Assad n’empoisonnerait pas son propre peuple», a poursuivi ce spécialiste des théories du complot dans une vidéo mise en ligne avant-hier, avançant l’idée que «l’Etat profond» (le «deep state», c’est-à-dire un complot de bureaucrates déterminés à saper clandestinement l’action de M. Trump) «veut une guerre avec la Russie». «Ils utilisent l’attaque au gaz de la Syrie, qui est un canular, pour déclencher la Troisième Guerre mondiale». Alors que certains partisans nient l’attaque chimique, d’autres rejettent l’opinion selon laquelle elle a été ordonnée par le président syrien Bachar Al-Assad, blâmant une fausse attaque montée pour faire croire à une action de Damas. «Pourquoi Assad ferait-il cela alors qu’il est en train de gagner ?», s’est ainsi interrogé Alex Jones, responsable du site d’extrême-droite «Infowars», souvent montré du doigt pour ses fausses informations. Alex Jones soutient l’idée que l’attaque était une ruse pour forcer Donald Trump à s’aligner sur les conservateurs traditionnels. Il estime que si le président «cède à ce front anti-Syrie pour prouver qu’il n’est pas une marionnette russe, ils ne vont pas s’arrêter». «Trump a fait campagne pour ne pas s’impliquer dans le MoyenOrient, car cela aide toujours nos ennemis et crée plus de réfugiés (...) Puis il a vu une photo à la télévision», a encore noté la polémiste républicaine Anne Coulter. Celle-ci a rappelé que M. Trump était opposé en 2013 à une participation militaire américaine au Moyen-Orient. La plupart des conservateurs traditionnels ont de leur côté approuvé l’attaque punitive de 59 missiles Tomahawk lancés contre une base aérienne militaire syrienne. Et Breitbart, le site d’informations auparavant géré par Stephen Bannon, chef de la stratégie de la Maison-Blanche, est resté sur une position neutre dans la couverture de cette frappe. Sébastien Gorka, un conseiller du président, s’est défendu: «Il est essentiel pour ceux qui ont voté pour cette administration de comprendre que le président dans sa vision fondamentale n’a pas changé».
Raid contre Khan Cheikhoun, un mort, selon l’Osdh
Parallèlement, une femme a été tuée hier dans un raid contre Khan Cheikhoun, la localité qui fut la cible d’une attaque chimique présumée cette semaine, a affirmé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (Osdh) L’Observatoire n’a pas été en mesure de préciser si le raid avait été conduit par l’armée de l’air syrienne ou par celle de la Russie, qui soutient le régime de Bachar Al-Assad dans la guerre civile qui déchire la Syrie depuis six ans. Cette mort est la première depuis l’attaque chimique présumée de mardi, qui a causé la mort de 87 civils, dont 31 enfants, tandis que des centaines d’autres souffraient notamment de convulsions ou de vomissements. Une grande partie de la communauté internationale a pointé un doigt accusateur sur le président Bachar Al-Assad mais le régime a rejeté toute responsabilité dans cette attaque qui a choqué le monde. La ville rebelle de Khan Cheikhoun (nord-ouest) a été la cible de plusieurs raids depuis l’attaque de mardi.
Le chef de la Ligue arabe appelle à la désescalade
De son côté, le secrétaire général de la Ligue arabe a appelé hier à «calmer l’escalade» en Syrie, au lendemain d’une frappe inédite des Etats-Unis qui a visé une base de l’armée de Bachar Al-Assad en représailles à une attaque chimique présumée. Les Etats-Unis ont frappé avant-hier à l’aube une base de l’armée syrienne, en réponse à une attaque chimique présumée imputée au régime syrien contre la localité rebelle de Khan Cheikhoun (nord-ouest), qui a fait mardi au moins 87 morts. «La Ligue refuse les tentatives des puissances régionales et internationales d’engager des luttes politiciennes sur les corps des Syriens, au détriment de la souveraineté syrienne», a indiqué à des journalistes le chef de l’institution panarabe basée au Caire, Ahmed Aboul Gheit, sans nommer les puissances concernées. «Nous appelons toutes les parties à calmer cette escalade dangereuse que nous suivons, et qui vise à maximiser les gains politiques, sans préoccupation réelle pour la souffrance du peuple» syrin, a-t-il ajouté. Vers 03h40 locales avant-hier (00h40 GMT), 59 missiles de croisière Tomahawk ont été tirés par deux navires américains en Méditerranée, vers la base aérienne syrienne d’Al-Chaayrate. L’agence de presse officielle syrienne Sana a fait état de la mort de neuf civils, dont des enfants, dans des villages environnants.