Un nouvel élan pour le partenariat tuniso-français
Six accords de partenariat signés et plus d’une centaine d’actions de coopération en matière de lutte contre le terrorisme
Une cérémonie d’accueil officielle a été organisée hier, en début d’aprèsmidi au Palais du gouvernement à la Kasbah, en l’honneur du Premier ministre français Bernard Cazeneuve qui effectue une visite officielle de deux jours en Tunisie. A l’issue de la cérémonie, un entretien a eu lieu entre le chef du gouvernement, Youssef Chahed, et son homologue français, Bernard Cazeneuve, pour évoquer avec lui les principaux dossiers de la coopération bilatérale et signer plusieurs conventions de coopération. Il s’agit de six accords consacrés au financement des travaux de réaménagement du métro léger, à la place Barcelone à Tunis et au renforcement du système d’alimentation en eau potable dans les régions du Cap Bon, du Sahel et de Sfax (135 millions d’euros d’engagement de l’Agence française de développement). Dans la matinée d’hier, Cazeneuve a été reçu en audience par le président de la République, Béji Caïd Essebsi, avant de rencontrer Fayez Al-Sarraj, président du Conseil présidentiel et Premier ministre de Libye. Au cours de sa visite, le Premier ministre français a eu des entretiens avec le président de l’Assemblée des représentants du peuple, Mohamed Ennaceur, et des représentants de la société civile. Le Premier ministre français a, également, salué la mémoire des victimes de l’attentat survenu le 18 mars 2015 au musée du Bardo. Bernard Cazeneuve est accompagné du président de l’Assemblée nationale française Claude Bartolone et de trois autres parlementaires (Michel Vauzelle, viceprésident de la Commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale, Michel Ménard, président du groupe d’amitié France-Tunisie à l’Assemblée nationale et Jean-Pierre Sueur, président du groupe d’amitié au Sénat). « Quelque 132 actions de coopération seront lancées en 2017 par la France et la Tunisie dans le domaine de la lutte contre le terrorisme «, a annoncé le Premier ministre français. Ces actions de coopération sont dictées par la conjoncture particulière qui prévaut en France et en Tunisie déjà frappées par le terrorisme, a-t-il expliqué à l’issue de son entretien avec le président de la République Béji Caïd Essebsi. Ces actions portent notamment sur la formation des forces de lutte antiterroriste, la formation en matière de lutte contre la fraude documentaire ainsi que sur les échanges d’informations entre les services de renseignements tunisien et français, a expliqué Cazeneuve, actuellement en visite de deux jours en Tunisie, à la tête d’une délégation de haut niveau. Tout en se félicitant de la densité de la coopération économique entre la France et la Tunisie, Cazeneuve a fait état de l’orientation de la coopération bilatérale vers des domaines clés et des filières d’excellence, à la faveur des multiples accords bilatéraux signés dans les domaines de l’agroalimentaire, de la santé, de l’industrie numérique et des énergies renouvelables. « Ces accords vont donner lieu à des projets fort structurants», a-til affirmé. Les importations françaises en provenance de la Tunisie s’élèvent à 4,2 milliards d’euros et les 1.300 entreprises françaises implantées en Tunisie génèrent 140 mille postes d’emploi, a-t-il tenu à rappeler. Tous les outils qui sont à la disposition de la France et de l’Union européenne sont mobilisés pour accompagner le processus de développement économique en Tunisie, a-t-il assuré, rappelant, à ce propos, la contribution active de la France à la Conférence internationale sur l’investissement « Tunisia 2020». Par ailleurs, Cazeneuve a dit avoir évoqué avec le chef de l’Etat plusieurs questions inhérentes aux secteurs de la culture, de l’éducation et de l’enseignement supérieur. Les dossiers syrien et libyen étaient également au centre de sa rencontre avec le président de la République. Le Premier ministre français a entamé jeudi une visite de deux jours en Tunisie (6 et 7 avril), à la tête d’une délégation de haut niveau.
Signature de six accords de partenariat entre la Tunisie et la France
Six accords de partenariat ont été signés hier après-midi au Palais du gouvernement à la Kasbah entre la Tunisie et la France, au terme d’un entretien entre le chef du gouvernement, Youssef Chahed, et son homologue français, Bernard Cazneuve. Les deux premiers accords portent sur deux lettres d’intention: la première lettre prévoit la conversion de 30 millions d’euros de dette tunisienne en projets de développement, alors que la deuxième concerne l’échange d’expertise en matière de lutte contre la radicalisation. Selon les termes de la première déclaration d’intention, 20 millions des dette tunisienne seront alloués au financement du nouvel hôpital régional de Gafsa. La France avait consacré 60 millions d’euros des dettes au financement de cet hôpital, en vertu d’un accord de conversion signé en 2016. Quant aux 10 millions d’euros restants, ils seront investis dans les secteurs de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle. Destinée à la prévention de la radicalisation, la deuxième déclaration d’intention prévoit l’échange d’approches, d’expériences et de bonnes pratiques en matière de prévention de la radicalisation et de prise en charge des personnes vulnérables. Il s’agit également, selon les termes de cet accord, du signalement des personnes radicalisées, particulièrement en milieu carcéral et de tout éventuel retour des personnes parties dans des zones de combats.
Les accords en détail
Il s’agit de quatre conventions de financement pour un montant de plus de 135 millions d’euros d’engagement de l’Agence française de développement (AFD) dans les secteurs du transport et de l’hydraulique, et de deux lettres d’intention, dont l’une porte sur la conversion en projets de développement de 30 millions d’euros de la dette tunisienne, et l’autre sur l’échange d’expertise en matière de lutte contre la radicalisation.
1/ Conversion de la dette tunisienne en projets de développement dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle. Cette déclaration d’intention a été signée, pour la partie tunisienne, par Youssef Chahed, chef du gouvernement de la République tunisienne, et pour la partie française, par Bernard Cazeneuve, Premier ministre de la République française. Elle engage les signataires à la conversion d’une nouvelle tranche de la dette tunisienne, à hauteur de 30 millions d’euros, dont 20 millions viendront financer le nouvel hôpital régional de Gafsa (en complément des 60 millions d’euros déjà accordés au titre d’un accord de conversion de dette signé en 2016), et 10 millions d’euros dans le secteur de l’éducation, l’enseignement supérieur et la formation professionnelle.
2/ Prévention de la radicalisation
Cette déclaration d’intention a été signée, pour la partie tunisienne, par Youssef Chahed, chef du gouvernement de la République tunisienne, et pour la partie française par Bernard Cazeneuve, Premier ministre de la République française. Alors que le phénomène de la radicalisation menace les deux sociétés française et tunisienne, le but de cette déclaration d’intention est de permettre à nos deux pays d’échanger sur les approches et outils de prévention de la radicalisation, de partager réflexions, expériences et bonnes pratiques sur les dispositifs de prévention de la radicalisation et de prise en charge des personnes vulnérables, sur les signalements des personnes radicalisées, notamment dans le milieu pénitentiaire, sur le contre-discours face à la propagande terroriste ou sur la question de la préparation à l’éventuel retour des personnes parties dans des zones de combats. Cette coopération se traduira par des échanges d’indicateurs, de kits de formation, du retour des bonnes pratiques, y compris à partir des projets menés par les organisations de la société civile des deux pays, ainsi que par des échanges d’expertises.
3/ Renforcement du système d’alimentation en eau potable du Cap Bon, du Sahel et de Sfax Cette convention de financement, portant sur un prêt souverain d’un montant de 60 millions d’euros, a été signée, pour la partie tunisienne, par M. Mosbah Helali, directeur général de la Sonede, et pour la partie française par M. Rémy Rioux, directeur général de l’Agence française de développement. Elle permettra de financer le renforcement des infrastructures de transfert des eaux entre les régions du Nord de la Tunisie et celles du Sahel (s’étendant du golfe de Hammamet au nord, à Chebba/Gabès au sud), et de créer un pôle de traitement. L’objectif est de satisfaire les besoins en eau des gouvernorats de Nabeul, Monastir, Sousse, Mahdia et Sfax à l’horizon 2030. Il conduira aussi à réduire la surexploitation des nappes de Kairouan et de Sidi Bouzid et à sécuriser l’approvisionnement de ces régions. Enfin, il améliorera la qualité des eaux.
4/ Deux conventions pour l’aménagement de la boucle centrale du métro léger de Tunis et du pôle d’échanges de la place Barcelone. Ces deux conventions, d’un montant de 60 millions d’euros de prêt souverain pour l’une et de 650 000 euros de subvention pour l’autre, ont été signées, pour la partie tunisienne, par M. Fadhel Abdelkefi, ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, et pour la partie française par M. Rémy Rioux, directeur général de l’Agence française de développement. Le prêt souverain ciblera les travaux de réaménagement de trois stations du métro léger situées le long de la «boucle centrale» dans le centreville de Tunis et en particulier sur la place Barcelone. La finalité du projet est l’amélioration durable de l’environnement urbain du Grand Tunis et des conditions de vie quotidienne, d’accès à l’emploi et aux services. La subvention servira à financer les trois autres composantes du même projet d’aménagement de la boucle centrale et de la place Barcelone, à savoir (i) sa gouvernance ; (ii) des études et prestations techniques et (iii) une assistance à la mise en place d’une politique de lutte contre les inégalités femmes, hommes et la lutte contre les violences faites aux femmes dans les transports.
5/ Financement d’un fonds d’études et de renforcement de capacités en appui au plan de développement quinquennal tunisien Cette convention, d’un montant de 725 000 euros de subvention, a été signée, pour la partie tunisienne, par M. Fadhel Abdelkefi, ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, et pour la partie française par M. Rémy Rioux, directeur général de l’Agence française de développement. Ce fonds est le cinquième du même type mis en place par l’AFD au profit de la République tunisienne. Il permettra le financement d’études et d’expertises par le ministère du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale sur une durée quatre ans. Au-delà des secteurs traditionnels d’intervention de l’AFD en Tunisie (agriculture et développement rural, formation technique et professionnelle, eau et assainissement…) seront également ciblés de nouveaux domaines d’intervention (santé et protection sociale, énergie renouvelable, gouvernance…) en cohérence avec les orientations du nouveau Plan de développement quinquennal tunisien et avec l’accord-cadre signé entre la République tunisienne et l’AFD, le 28 novembre 2016, à l’occasion de la Conférence « Tunisia 2020 ».