La Presse (Tunisie)

L’étrange paradoxe égyptien

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Injouable en Coupe d’Afrique des nations, l’Egypte peine à se qualifier en Coupe du monde. Les Pharaons n’ont pris part qu’à deux éditions, en 1934 et 1990.

L’Egypte ne trouve pourtant que très peu d’échos en Europe. Des sélections, comme l’Algérie, la Côte d’Ivoire, le Nigeria ou encore le Sénégal, sont beaucoup plus connues aux yeux du grand public. Les raisons sont nombreuses. L’Egypte exporte très peu de joueurs vers le Vieux continent par exemple. Hormis Mohamed Salah et Mohamed Elneny, il est compliqué de s’identifier aux Pharaons. On peut également citer l’absence de l’Egypte en Coupe du monde. Là où la Côte d’Ivoire ou l’Algérie arrivent à faire parler d’eux aux yeux du monde tous les quatre ans, l’Egypte échoue. Et c’est d’ailleurs ce mystère qu’il faut percer. Comment cet ogre du football africain ne s’est qualifié qu’à deux reprises en Coupe du monde ? Pourquoi les hommes d’Hector Cuper attendent depuis 28 ans de faire leur retour sur l’échiquier mondial ? Des questions et un paradoxe expliqué par les acteurs du football égyptien. Wael Gomaa est une légende du football égyptien. Ce défenseur central souriant mais dur sur l’homme et intraitabl­e dans les airs a connu l’époque dorée du football égyptien. Vainqueur de la CAN 2006, 2008 et 2010 en étant le patron de la défense des Pharaons, Gomaa connaît très bien ce paradoxe. Il donne son avis : «Les joueurs égyptiens aiment se retrouver en rassemblem­ent pour une longue période, c’est là où notre esprit de cohésion, notre concentrat­ion et notre solidarité prennent forme. C’est pour cela que nous réussisson­s bien lors des CAN, lorsqu’une compétitio­n dure. Lors des matchs de qualificat­ion, ce n’est pas le cas. Nos joueurs aiment se retrouver ensemble pour monter en puissance. Etre ensemble, en groupe et en harmonie convient parfaiteme­nt à notre équipe nationale». Des conditions de vivre ensemble qu’on ne retrouve pas lors des matchs de qualificat­ion où les joueurs ne se retrouvent que quelques jours avant le match. Gomaa n’a pas eu la chance de participer à une Coupe du monde mais mise beaucoup d’espoirs sur la nouvelle vague du football égyptien. «Je pense que cette CAN est une préparatio­n pour cette nouvelle équipe. Elle n’a pas beaucoup d’expérience. C’est aussi une préparatio­n pour la qualificat­ion à la Coupe du monde 2018, un rêve qui s’approche de plus en plus. Si je devais choisir entre un succès en CAN ou une qualificat­ion en Coupe du monde, j’opte pour la Coupe du monde bien sûr» . Comme le peuple égyptien, habitué aux succès continenta­ux, Gomaa rêve d’une participat­ion en Coupe du monde. La dernière qualificat­ion des Pharaons date de 1990. Une éternité... Tarek Talaat, journalist­e sportif pour Yallakora.com Egypte, met en avant les nombreux coups du sort essuyés par les Pharaons depuis 1990. «Depuis notre qualificat­ion au Mondial 1990, l’Egypte a dû faire face à de nombreux problèmes différents les uns des autres. En 1993 par exemple, la réaction du public lors de la réception du Zimbabwe a obligé l’arbitre à arrêter le match. La rencontre s’est rejouée en France, on s’est incliné et on a été éliminé. En 2002, on tombe avec le Sénégal, équipe impression­nante à l’époque et quart de finaliste du Mondial 2002. En 2006, on tombe avec la Côte d’Ivoire, qui commençait à faire mal en Afrique. En 2010, c’est au tour de l’Algérie de nous priver du Mondial avec ce match en terrain neutre au Soudan. En 2014, on fait de très bons matchs, mais on en perd un face au Ghana. Ce fut suffisant pour perdre la qualificat­ion. Je pense que nous faisons comme un complexe mais pour 2018, je pense que ça sera bon».

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