La Presse (Tunisie)

La condamnati­on à mort d’un blogueur à l’examen

Le «Forum des oulémas et imams pour la défense du Prophète» veut la confirmati­on de la sentence et son exécution

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AFP — Des milliers de personnes étaient rassemblée­s, hier, à Nouakchott dans l’attente d’une décision de la Cour suprême sur la condamnati­on à mort pour blasphème de l’auteur d’un billet de blog, a constaté un journalist­e de l’AFP. La Cour suprême, qui avait reporté sine die sa décision le 20 décembre, a entamé, hier en fin de matinée, une audience durant laquelle seront examinés «quelques dossiers» dont celui du condamné à mort Cheikh Ould Mohamed Ould Mkheitir — également identifié comme Mohamed Cheikh Ould Mohamed —, a affirmé à l’AFP une source judiciaire, sans plus de détails. Des milliers de Mauritanie­ns se sont rassemblés sur une grande place de Nouakchott à environ deux kilomètres du siège de l’institutio­n judiciaire, réclamant la confirmati­on de la sentence et l’exécution de la peine contre le prévenu. La manifestat­ion était marquée par des discours hostiles à l’accusé de la part de religieux et activistes répondant à l’appel d’un «Forum des oulémas et imams pour la défense du Prophète» de l’islam. Ce collectif a organisé plusieurs manifestat­ions similaires depuis novembre. Parallèlem­ent, un important dispositif de sécurité était déployé à travers la capitale, composé de policiers, de gendarmes et de membres de la Garde nationale, selon le journalist­e de l’AFP. Le 20 décembre, la Cour suprême avait renvoyé sa décision sine die sur le dossier de Cheikh Ould Mohamed Ould Mkheitir, détenu à Nouadhibou (nord-est) depuis le 2 janvier 2014 et poursuivi pour un article sur internet considéré comme blasphémat­oire envers le prophète de l’islam. Ses avocats avaient demandé en novembre à la Cour suprême que sa repentance soit prise en compte. En première instance, il a été reconnu coupable d’apostasie et condamné à mort, le 24 décembre 2014 par la Cour criminelle de Nouadhibou, verdict salué à l’époque par l’opinion mauritanie­nne. Le 21 avril 2016, la Cour d’appel de Nouadhibou avait confirmé la peine de mort mais en requalifia­nt les faits en «mécréance», une accusation moins lourde prenant en compte son repentir, puis renvoyé son dossier devant la Cour suprême. Selon des experts, la haute juridictio­n peut confirmer la peine de mort ou accepter le repentir de l’accusé puis le renvoyer devant une autre cour avec des «recommanda­tions», ou encore annuler la procédure, ouvrant la voie à une possible libération. La peine capitale n’a plus été appliquée en Mauritanie depuis 1987. Cette affaire est le premier cas de condamnati­on à mort pour apostasie dans le pays.

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