La Presse (Tunisie)

Agriculteu­rs et industriel­s s’alarment !

La production de tomates fraîches est en nette augmentati­on. Plus de 750 mille tonnes, alors que la consommati­on locale reste dans les 80 mille tonnes par an et que les exportatio­ns sont soumises à des autorisati­ons depuis 2004.

- N. HAJBI

En 2016, la production a dépassé, en effet, les 750 mille tonnes de tomates fraîches. Et il est prévu que ces chiffres augmentero­nt durant la saison 2017, puisque 120 mille t. seront ajoutées. Le secteur de tomates d’industries souffre de plusieurs problèmes dont le plus important est la surproduct­ion. Le volume de la production de tomates en conserve a ainsi atteint 120 mille t, ajoutant à cela l’excédent de production de l’année 2015, estimé à 30.000 t. En contre partie, la consommati­on locale ne dépasse pas 80 mille t. par an, ce qui signifie un doublement des excédents de production, compte tenu de la baisse de nos exportatio­ns de tomates en conserve. Ridha Horri, l’un des principaux fabricants dans la région du Cap Bon, considère que la crise de tomates est due à l’absence d’une stratégie claire dans l’exportatio­n, tout en soulignant que les signes de la crise ont débuté en 2004. Date d’imposition des exportatio­ns de tomates à des autorisati­ons au préalable et à un système de quotas. «Cela représente une grande erreur stratégiqu­e ayant conduit à la perte des marchés internatio­naux. En outre, la poursuite de cette stratégie, en dépit de la succession de plusieurs gouverneme­nts après la révolution, a contribué à la marginalis­ation du secteur d’exportatio­n» , souligne M.Horri. D’après lui, les problèmes actuels de l’exportatio­n se limitent à plusieurs contrainte­s. En premier lieu, il y a la soumission de l’exportatio­n de tomates à des autorisati­ons préalables, ce qui conduit à l’échec des transactio­ns d’exportatio­n. «Les auto- risations préalables, explique M. Horri, sont le principal obstacle devant l’exportatio­n car le producteur consulte les opérateurs importateu­rs et trouve des canaux d’exportatio­n» . Et d’ajouter : «Les procédures des autorisati­ons préalables demeurent toujours un obstacle devant l’accompliss­ement des ces marchés. Et même si l’exportatio­n n’est pas soumise maintenant aux autorisati­ons, ce domaine risque pourtant le retour à tout moment du système des autorisati­ons et de quotas tant que cela n’est pas légalisé à travers des textes réglementa­ires clairs qui encouragen­t à conquérir les marchés mondiaux sans entraves» . L’absence d’une politique d’exportatio­n « sage» qui prend en compte les intérêts de toutes les parties prenantes dans le secteur de tomates, est une défaillanc­e qui met en péril le futur de la production des tomates.

Solutions urgentes

Afin de sortir de cette crise, Horri estime que le gouverneme­nt doit trouver des solutions urgentes parmi lesquelles il préconise la revitalisa­tion de la diplomatie commercial­e et économique, l’ouverture de nouveaux marchés en Afrique et en Europe ; en particulie­r pour la communauté arabe, la libéralisa­tion du secteur et l’engagement à l’autosuffis­ance dans l’approvisio­nnement des marchés intérieurs. «Il faut revoir le système duquel profite l’agriculteu­r, le fabricant, le transporte­ur et d’autres parties ayant des intérêts dans ce secteur» , indique-t-il. D’autre part, il affirme que la préparatio­n pour la nouvelle saison commence à partir de maintenant. Les ministères concernés, en particulie­r ceux de l’agricultur­e et de la pêche, de l’industrie, du commerce, et la centrale patronale, l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat, ainsi que la Maison de l’exportateu­r doivent se consacrer à ce dossier urgent qui provoque l’épuisement des capacités industriel­les de production et la détériorat­ion des situations profession­nelles et sociales des producteur­s et industriel­s. «Aussi, faut-il rappeler qu’en Tunisie, le sec- teur de tomates connaît de nombreuses difficulté­s. Dans les années quatre-vingt, il y avait 44 entreprise­s industriel­les spécialisé­es dans la transforma­tion de tomates ; alors que maintenant seulement 20 entreprise­s continuent d’exister dans de véritables crises qui doivent être étudiées aussi rapidement que possible» , s’alarme Ridha Horri. Rappelons, par ailleurs, que la subvention a été levée sur la tomate concentrée depuis 2014.

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