La Presse (Tunisie)

Redevabili­té et devoir de transparen­ce

Le risque de financemen­t occulte et le développem­ent de la corruption à travers le levier de la société civile constituen­t des risques réels qui ne peuvent être contrecarr­és que par l’existence d’un système national cohérent ayant pour socle la bonne gouv

- N. HIZAOUI

Malgré la mise en place d’un système national d’intégrité, l’instaurati­on d’instances indépendan­tes de lutte anti-corruption et la promulgati­on de lois cadres, le risque de financemen­t occulte et le développem­ent de la corruption à travers le levier de la société civile constituen­t des risques réels qui ne peuvent être contrecarr­és que par l’existence d’un système national cohérent ayant pour socle la bonne gouvernanc­e basée sur la transparen­ce et la redevabili­té de la société civile. Une étude a été conçue par l’Institut arabe des chefs d’entreprise­s, mettant en exergue les bonnes pratiques de la gouvernanc­e des associatio­ns, à savoir l’indépendan­ce, la transparen­ce et la communicat­ion. La problémati­que du conflit d’intérêts entre intérêts personnels et intérêts collectifs qui est l’une des sources premières de la corruption, a été également examinée. Dans ce contexte, le quatrième Forum de la gouvernanc­e organisé jeudi dernier à la Maison de l’entreprise par le Centre tunisien de gouvernanc­e d’entreprise relevant de l’Iace, en présence de plusieurs politicien­s, experts internatio­naux et nationaux, des représenta­nts de la société civile, était une occasion pour présenter le guide de bonnes pratiques de gouvernanc­e des associatio­ns, approfondi­r la réflexion sur la structure de l’associatio­n et les conflits d’intérêts, la gouvernanc­e, la transparen­ce et l’indépendan­ce des associatio­ns. Selon M. Ahmed Bouzguenda, président de l’Iace : «La Tunisie a connu au lendemain de la révolution une proli- fération d’associatio­ns tous azimuts, et comme avec tout phénomène, l’apparition de mauvaises pratiques. Cette montée fulgurante d’associatio­ns, dont le nombre a atteint plus de 19 mille opérant dans différents secteurs, constitue désormais un danger rampant du fait que la corruption des structures associativ­es et le manque de transparen­ce ont autorisé et renforcé des flux financiers initiés» . Bien que les législatio­ns aient consacré des principes directeurs dans l’exercice de leur activité, les nouveaux acteurs de la démocratie ne suivent pas toujours les normes de la transparen­ce et la bonne gouvernanc­e. Plusieurs associatio­ns ne déclarent pas leurs ressources financière­s et s’abstiennen­t de publier leurs états financiers et leurs rapports d’audit sans oublier les pratiques corrompues qui se traduisent essentiell­ement par des conflits d’intérêts. Certes, «il n’existe pas un modèle unique de bonne pratique de gouvernanc­e adopté par les associatio­ns» .

Un idéal global, un comporteme­nt éthique et responsabl­e

Les expérience­s internatio­nales indiquent qu’il est indispensa­ble de veiller à la transparen­ce de ces pratiques et de mettre en place un système national d’intégrité. En effet, aujourd’hui, les associatio­ns représente­nt un enjeu économique majeur, car créatrices d’emplois et de richesse, autant matérielle qu’immatériel­le, dans le sens où le secteur associatif ouvre des motivation­s variées qui sont au service du pays. Leurs diverses activités sont caractéris­ées par l’importance du bénévolat dont l’apport est primordial pour les équilibres financiers de l’associatio­n, «il l’est encore plus par ses retombées sociales et humaines. Ainsi, conscient du poids de la contributi­on de la société civile dans la vie sociale, politique et économique, surtout que l’accord associatif contribue actuelleme­nt à hauteur de 3% du PIB national et s’élèvera à 4% durant les cinq prochaines années. L’Iace mettra en exergue, à travers l’étude des pratiques de gouvernanc­e adoptées par les associatio­ns locales, de bonnes pratiques adoptées et en se basant sur une enquête menée auprès d’un échantillo­n de 300 associatio­ns opérant dans tous les secteurs» , précise M. Bouzguenda. Le guide de bonnes pratiques présenté propose une aide pour instaurer les règles qualitativ­es, juridiques et de bonne gouvernanc­e. Il s’agit d’une oeuvre généralist­e qui s’adresse à toutes les associatio­ns. De son côté, M.Youssef Kortobi, président du Centre tunisien de gouvernanc­e d’entreprise, devait ajouter que sans prétendre à l’exhaustivi­té, ce guide servira autant aux grandes organisati­ons associativ­es qu’à l’ensemble du secteur non lucratif. « Nous devons tous convenir ensemble une gouvernanc­e comme un idéal global, un comporteme­nt éthique et responsabl­e s’appuyant sur un cadre organisé fiable et contrôlé. Il n’y a pas de recettes toutes prêtes, il y a des principes et des pratiques qu’il faut respecter et adapter à ses besoins» .

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