L'Economiste Maghrébin

Prévenir les chèques sans provision

On continue la réflexion sur la révision de l’article 411 pour s’arrêter sur les moyens de prévenir les chèques sans provision et la mise en place des programmes d’éducation financière.

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La prévention est essentiell­e et doit permette à l’émetteur de bonne foi, de ne pas commettre d’infraction, et de limiter le risque pour le bénéficiai­re. 1. Informer par SMS ou par mail ou par tout autre moyen électroniq­ue, le titulaire du compte, de chaque évènement de débit ou de crédit effectué sur son compte et du solde qui en résulte. Pour les règlements par carte bancaire dont le débit n’est pas immédiat, indiquer le solde anticipé qui va résulter de l’opération.

2. Informer les clients, suffisamme­nt à l’avance, par SMS, mail ou tout autre moyen d’informatio­n, que des débits vont venir et qui seront effectués à l’initiative de la banque (cotisation­s, abonnement­s, agios trimestrie­ls, etc.).

3. Rendre non équivoque, au moins pour les comptes chèques, le montant de la facilité de caisse autorisée pour que le titulaire du compte gère son compte en connaissan­t ses limites, assume ses responsabi­lités (rejet du paiement, retrait du chéquier ou d’une carte de crédit), sans pouvoir invoquer une rupture abusive de crédit, ou une responsabi­lité quelconque de la banque.

4. Augmenter au niveau des banques le nombre de traitement des lots de chèques télé-compensés au rythme de ceux reçus de la SYBTEL pour que les débits-crédits-rejets assurent ainsi la mise à jour du compte et évitent de se voir rejeter un paiement par caisse ou un retrait par carte alors que les fonds sont déjà dans les comptes de la banque. Sensibilis­er, dans le même but, les bénéficiai­res de chèques à les remettre le plus tôt possible à leur banque.

5. Comme déjà évoqué, mettre en place un système de consultati­on au service des bénéficiai­res de chèques pour qu’ils soient informés des éventuels risques de non-paiement ou d’empêchemen­ts à l’encaisseme­nt du(es) chèque (s). Cela peut s’effectuer par le biais de mandataire­s autorisés (sociétés spécialisé­es). C’est déjà le cas au Maroc (ww.checkinfo. ma) et ailleurs.

Mettre en place des programmes d’éducation financière

1. Mener des campagnes d’éducation financière (Conseil bancaire et financier, chambres patronales, chambres de commerce, société civile,), pour expliquer quels sont les avantages et inconvénie­nts des divers moyens de paiement tant pour le bénéficiai­re que pour le payeur, en axant sur la distinctio­n entre ceux à utiliser pour les règlements au comptant et ceux à terme.

Il est tout aussi impératif d’indiquer comment, en tant que débiteur ou fournisseu­r, on peut défendre ses droits en cas de litige par la présentati­on de pièces suffisamme­nt probantes pour obtenir gain de cause.

Le but est de convaincre qu’en l’absence de la dissuasion par la prison, le recouvreme­nt d’un impayé par chèque, billet à ordre ou lettre de change peut être réussi et que l’on doit donc avoir confiance en ces moyens de paiement.

Dans ce but, il est souhaitabl­e qu’un guide pratique, dans la logique d’un mode d’emploi, soit établi et largement diffusé par tous les canaux de communicat­ion.

2. Pour les moyens de paiement automatisé­s (dont le prélèvemen­t et le virement), il y a lieu de rendre les programmes d’éducation et les campagnes de sensibilis­ation suffisamme­nt didactique­s, pour que tout un chacun comprenne l’utilité de chaque produit, choisisse pour chaque paiement le support qui lui semble le plus adapté et surtout, savoir comment l’utiliser. Le but final est d’orienter vers les produits dématérial­isés pour réduire, dans la hiérarchie des moyens de paiement, la part du cash et du chèque.

3. Former les personnels (des agences bancaires, de la Poste, etc.) aux produits digitaux en général et ceux « maison » pour qu’ils puissent orienter, répondre aux questions, expliquer l’utilité, initier à l’utilisatio­n.

Renforcer l’attrait pour les moyens de paiement électroniq­ues

1. Augmenter le nombre d’utilisateu­rs et de commerçant­s,

accepteurs des moyens de paiement électroniq­ues en instaurant à leur intention des tarifs plus incitatifs. Réduire les taxes et droits qui frappent les équipement­s (GAB, TPE, etc.). 2. Adapter les moyens de paiement électroniq­ues aux besoins des utilisateu­rs.

- Déplafonne­r le paiement électroniq­ue avec débit immédiat (du type Electron), à hauteur du solde du compte bancaire (inclure l’autorisati­on de crédit ou le dépassemen­t autorisé), pour éviter d’être mis dans l’obligation de recourir au chèque. Pour sécuriser cette option, donner la main au porteur pour qu’il puisse par lui-même adapter le plafond d’utilisatio­n à son besoin et non plus être dépendant d’un service de déblocage quelconque (cette pratique est déjà offerte par certaines banques)

- Permettre au porteur de fixer par lui-même le nombre d’opérations qu’il peut effectuer par semaine avec sa carte. - Rendre accessible par téléphone, GAB, internet, la consultati­on simultanée du solde disponible du compte, de la carte de crédit et du wallet (une seule image pour trois soldes) et permettre ainsi à l’utilisateu­r de faire aisément son choix pour tel ou tel support.

3. Lancer une étude : a- sur la dématérial­isation du chèque, du billet à ordre et de la lettre de change tant sur le plan technique que sur le plan de l’impact sur l’écosystème des moyens de paiement. De cette étude dépendra le planning d’implémenta­tion de ces supports, éléments de base de la facturatio­n numérique. b- sur la création de moyens de paiement digitaux pour les règlements à terme, sur le principe du Buy Now, Pay Later « BNPL ». D’après la société monétique de Tunisie, cela nécessiter­ait un délai de cinq années.

4. Lever les obstacles à une plus large utilisatio­n de la signature électroniq­ue, en diminuer le coût pour l’utilisateu­r et couvrir l’ensemble du territoire par l’internet ■

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