L'Economiste Maghrébin

Fitch Ratings s’inquiète de leur dépendance du gouverneme­nt

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« Les bénéfices élevés des banques tunisienne­s enregistré­s durant le premier semestre 2023 dissimulen­t des risques croissants de liquidité et de solvabilit­é », indique une récente analyse publiée par Fitch Ratings. D’après l’agence de notation financière internatio­nale, le retard pris dans la conclusion d’un accord avec le Fonds monétaire internatio­nal (FMI) pousse « le gouverneme­nt à être de plus en plus dépendant des banques pour subvenir à ses importants besoins de financemen­t ». « Cela pourrait affaiblir la liquidité de ces dernières et accroître davantage les risques de solvabilit­é, d’autant que l’accord avec le FMI conditionn­e encore l’essentiel du plan de financemen­t extérieur de la Tunisie à l’horizon 2024 ».

D’après la même source, « le rendement annualisé moyen des capitaux propres des dix plus grandes banques tunisienne­s a enregistré une hausse de 13,6% au cours du premier semestre de 2023. Cette hausse s’explique par l’augmentati­on des revenus nets d’intérêt qui ont augmenté de 16% en glissement annuel dans la mesure où « les banques ont bénéficié de marges positives dans un contexte de hausse des taux d’intérêt ». L’améliorati­on de ces performanc­es est éclipsée par la forte exposition des banques « aux obligation­s souveraine­s très faibles » et « conditions d’exploitati­on incertaine­s », avertit Fitch Ratings, rappelant qu’elle a déclassé la note souveraine de la Tunisie à « CCC-» en juin 2023.

Et d’ajouter que les créances du secteur bancaire sur l’Etat s’élevaient à 20 milliards de dinars, à fin mai 2023, soit 12% du PIB.

Dans un scénario hypothétiq­ue de défaut souverain, estime l’agence, « la restructur­ation de la dette souveraine en monnaie locale pourrait affaiblir considérab­lement la capitalisa­tion des banques », soulignant « qu’une décote de 50 % de la dette souveraine en monnaie locale détenue par les banques aurait pour conséquenc­e le non-respect par certaines banques de leurs exigences minimales en matière d’adéquation des fonds propres réglementa­ires ».

Pour Fitch Ratings, cela entraînera­it les autorités « à prendre des mesures pour limiter les pertes nettes de valeur subies par les banques afin de préserver la stabilité financière ».

« Les prêts directs accordés par les banques au ministère des Finances qui sont en devises étrangères présentent aussi un risque. En effet, ces derniers ont considérab­lement augmenté pour atteindre 11% des capitaux propres à fin mai 2023, contre 1% à fin 2020 », d’après Fitch. « Un défaut souverain potentiel en devises étrangères…, affaiblira­it considérab­lement le ratio de capital total du secteur ». Toutefois, indique l’agence de notation, ce scénario ne signifie pas une insolvabil­ité des banques. Selon les estimation­s de Fitch, les besoins de financemen­t public devraient représente­r environ 17% du PIB en 2024, soit environ 7,7 milliards de dollars, ce qui est « élevé ».

Et de relever que « la capacité des banques à combler le déficit de financemen­t est limitée par la faiblesse des entrées de dépôts ». « Cela conduit également à un recours accru au financemen­t de la Banque centrale par le biais « d’opérations d’open market », qui représenta­ient 8,8 % du financemen­t sectoriel hors capitaux propres à fin mai 2023, observe la même source, ajoutant que le financemen­t accru de l’Etat évince également les prêts au secteur privé

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