Délesté de Sandoz, Novartis a progressé l’an dernier
Après sa restructuration pour se concentrer sur la production de traitements brevetés, le laboratoire bâlois affiche un chiffre d’affaires et un bénéfice net en progression
En octobre, Novartis redonnait son indépendance à sa division de production de médicaments génériques et biosimilaires Sandoz. Pour le géant pharmaceutique bâlois, l’objectif était de concentrer ses activités sur le développement de médicaments innovants et d’améliorer la performance de l’entreprise. Hier, il a publié des résultats annuels en hausse avec un chiffre d’affaires de 45,5 milliards de dollars (39,3 milliards de francs), soit +8% (+10% à taux de change constant).
L’entreprise affiche également un bénéfice net de 14,9 milliards contre 7 milliards en 2022, mais celui-ci est gonflé de 5,9 milliards par l’introduction en bourse en tant qu’entité indépendante de Sandoz. En ne prenant en compte que les activités conservées par Novartis (hors génériques et biosimilaires), il s’élève à 8,6 milliards, contre 6 milliards en 2022. Novartis indique qu’il va proposer un dividende de 3,30 francs par action, contre 3,20 en 2022.
«Performance robuste»
«Notre robuste performance opérationnelle continue», a estimé son directeur général, Vasant Narasimhan. Le laboratoire a néanmoins connu une baisse de rentabilité au quatrième trimestre, avec une marge opérationnelle (Ebit) en deçà des attentes de certains observateurs.
«La scission n’a rien à voir avec les résultats présentés aujourd’hui, précise Stefan Schneider, analyste au sein de la banque Vontobel. Selon nous, le trimestre a été bon, bien qu’un peu plus faible que prévu au niveau de la marge. La société a relevé ses prévisions pour l’exercice 2023 à chaque trimestre et les résultats se situent dans la partie supérieure de ces prévisions, ce que nous considérons comme une bonne chose. L’écart en termes de marge est probablement dû à l’impact plus important que prévu des taux de change sur le résultat d’exploitation de base.» Néanmoins, à la cloture de la bourse suisse hier, le titre de Novartis était en baisse de 3,45% à 89,40 francs, tandis que son indice de référence, le SMI, bouclait sur un recul de 0,96%.
L’Entresto au centre de l’attention
Pour l’année à venir, la direction de Novartis s’attend à une croissance à un chiffre moyen, soit autour de 5%, un scénario qui part du principe que l’Entresto ne sera pas concurrencé par un générique. Ce médicament utilisé pour traiter l’insuffisance cardiaque fait l’objet d’une lutte juridique aux Etats-Unis. En juillet, un tribunal de l’Etat du Delaware avait donné raison à des fabricants de génériques qui contestaient un brevet le protégeant jusqu’en 2025. Novartis a fait appel.
«Le procès est en cours et nous ne savons pas quand il aboutira. En cas de victoire sur Novartis, un générique pourrait être lancé, mais aucun n’a encore été approuvé par la Food and drug administration (FDA)», souligne Stefan Schneider. Sans ce feu vert de l’autorité américaine de surveillance des médicaments aucun traitement ne peut être mis sur le marché. «Une fois qu’un générique est autorisé par la FDA, il pourrait être lancé sans attendre l’issue du procès, poursuit le spécialiste. Mais cela entraînerait des dommages-intérêts triplés à payer pour le fabricant de génériques.» Pour ces raisons, la mise sur le marché d’un générique avant une décision de justice définitive paraît peu probable avant mi-2025, selon Novartis.
Traitement le plus vendu de Novartis, l’Entresto a rapporté à lui seul 6 milliards de dollars contre 4,6 milliards en 2022. Il fait aussi partie des dix médicaments listés par Washington dans sa politique d’encadrement des prix de traitements remboursés par Medicare. Toutefois, ces négociations avec les autorités américaines ne devraient avoir qu’une influence modérée sur les ventes. Les tarifs convenus n’entreront en vigueur qu’en 2026, soit après l’arrivée sur le marché de un ou plusieurs génériques qui tireront les prix vers le bas. ■