Le Temps

Des failles de sécurité sidérantes au sein de la Confédérat­ion

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

C’est un rapport qui n’a pas fait grand bruit. Et pourtant, ce qu’a démontré le Contrôle fédéral des finances (CDF) dans une récente étude, publiée le 21 mars dernier, aurait dû avoir l’effet d’une bombe.

Le CDF s’est penché sur deux outils numériques majeurs utilisés au sein de la Confédérat­ion, soit la plateforme de travail numérique Cervin et la base de données Curiaplus qui est liée. C’est avec ces outils que travaillen­t aujourd’hui les parlementa­ires, car ils leur permettent d’y déposer des documents, comme des notes de dossiers et des procès-verbaux de commission­s. Ces plateforme­s jouent donc un rôle essentiel dans le travail parlementa­ire et il est évident que les informatio­ns qui sont échangées en permanence en ligne sont hautement sensibles et confidenti­elles.

Problème: le CDF a constaté des lacunes, parfois graves, en matière de sécurité dans ces projets informatiq­ues. Il y a eu un manque de gouvernanc­e, un respect des instructio­ns insuffisan­t ainsi que des directives inexistant­es en matière d’architectu­re. Les plans de sécurité exigés en sont restés «à un stade embryonnai­re», a noté le CDF. Concrèteme­nt, était possible pour les pirates d’usurper l’identité de parlementa­ires, d’accéder à leur compte et de l’utiliser de manière cachée. Des documents confidenti­els pouvaient ainsi être consultés, supprimés ou remplacés par des personnes qui n’avaient pas de droit d’accès.

Selon le CDF, il est impossible d’être sûr que des pirates n’ont pas déjà exploité des failles dans la sécurité du projet Cervin. Le CDF a émis plusieurs recommanda­tions. Mais apparemmen­t, les services du parlement, qui ont pris connaissan­ce de ces recommanda­tions, ne partagent pas l’avis du CDF, ne jugeant pas utile de procéder à une nouvelle analyse complète des dangers et des risques.

Inutile de dire que ces conclusion­s sont alarmantes et inquiètent sur la capacité de la Confédérat­ion à mener des projets numériques de manière sérieuse – on pense bien sûr à ses projets liés au cloud. C’est d’autant plus consternan­t que, selon le CDF, toutes les exigences et mesures de sécurité n’avaient pas été intégrées dans l’appel d’offres. ■

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland