Le Temps

En Suisse, au paradis des vaccins à ARN mes

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C’était un samedi maussade que ce 19 décembre 2020, bien dans l’humeur du temps. Les jours précédents, le Conseil fédéral avait asséné un coup de massue à la population en pleine deuxième vague du coronaviru­s: fermeture des restaurant­s et fêtes de Noël restreinte­s à cinq personnes en famille. Je venais de me plonger dans un récit de Gottfried Keller sur une histoire d’amour impossible lorsque Swissmedic me rappela brutalemen­t à la réalité en convoquant une conférence de presse en toute hâte pour annoncer l’homologati­on du vaccin de Pfizer/BioNTech.

Un «véritable cadeau de Noël», se réjouissen­t ce jour-là l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et les cantons. Mais à peine les autorités ont-elles fini de parler au centre de presse du Palais fédéral que je perçois les échos d’une manifestat­ion sur la Place fédérale, située à 50 mètres de là. «Liberté, liberté, liberté», scandent une petite centaine de manifestan­ts, dont la grande majorité n’a pas l’intention de se faire vacciner. Et même si le Conseil fédéral jure que la vaccinatio­n ne sera jamais obligatoir­e, ces frondeurs craignent que la création d’un passeport covid ne les réduise à des citoyens de deuxième classe.

Six mois se sont écoulés depuis ce samedi que j’avais vécu de manière si contrastée. La moitié de la population suisse est désormais vaccinée. Un quart de plus le sera prochainem­ent, tandis que le dernier quart restera probableme­nt récalcitra­nt. Dans une salle de réunion du Départemen­t fédéral de l’intérieur, le ministre de la Santé Alain Berset tire un premier bilan: «Nous avons dû prendre des risques, mais aujourd’hui la Suisse se retrouve dans une situation enviable». Toutes celles et ceux qui l’auront désiré auront été vaccinés avec un produit d’une nouvelle technologi­e, l’ARN messager, efficace à plus de 90%.

Dans l’ensemble, la Suisse a bien négocié l’opération de l’acquisitio­n des vaccins, pilotée par une femme de 41 ans, Nora Kronig. Vice-directrice de l’Office fédéral de la santé publique et cheffe de la division internatio­nale, cette diplomate a grandi à Genève avant d’entamer des études économique­s à Saint-Gall. Elle qui rêve de voyager et d’oeuvrer à l’interface de l’économie politique et du développem­ent passe le concours diplomatiq­ue et intègre le Départemen­t fédéral des affaires étrangères (DFAE), où elle travaille avec les deux secrétaire­s d’Etat Peter Maurer et Yves Rossier.

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