Malgré un orchestre à l’index, le Verbier Festival tient le cap
Suite à plusieurs cas de covid détectés au sein du Verbier Festival Orchestra, le rendez-vous classique a dû repenser son programme à la dernière minute. Il s’ouvre tout de même ce vendredi
C’est l’angoisse numéro un des festivals en 2021, avant la pluie qui, de toute manière, tombe sans discontinuer: un test positif. Ou deux, ou trois. Un scénario catastrophe devenu réalité pour le Verbier Festival la semaine dernière. A quelques jours du lever de rideau de sa 28e édition, plusieurs musiciens du Verbier Festival Orchestra ont été diagnostiqués positifs au covid. La formation symphonique, dirigée par le chef Valery Gergiev, était censée lancer les réjouissances ce vendredi à la salle des Combins.
Par précaution, l’orchestre avait pourtant évolué en quasi-vase clos. «Parfois, c’est une question de malchance. L’important a été de rebondir très rapidement», note Câline Yamakawa, directrice des opérations du festival. Les personnes concernées ont été placées en quarantaine, les cas contacts isolés, le protocole enclenché.
«Il faut être créatif»
Pour les équipes et invités du festival, les dépistages ont été renforcés. Quant au public, il était déjà question du port du masque et du respect des distances à l’intérieur, comme l’exigent les mesures sanitaires en vigueur pour les événements sans certificat covid. Pour Câline Yamakawa, «tout a été mis en place pour contenir la situation et que tout se déroule sainement. Le but est clair: il faut que le festival existe.»
Malgré l’absence d’une pièce maîtresse. Car même s’il pouvait se remettre d’aplomb avant la fin du festival le 1er août, le Verbier Festival Orchestra, et sa centaine de musiciens, n’aurait pas le temps de répéter. Ce sont donc six soirées à l’affiche qu’il a fallu réinventer, en dernière minute. «Avec une septantaine de concerts par édition, j’ai l’habitude que des artistes annulent. Mais un orchestre, c’est la première fois, lance Martin Engström, directeur et fondateur du festival. Il faut être créatif.» Car toutes les oeuvres ne sont pas transposables. Comme Tristan et Isolde de Wagner, prévu le 23 juillet et finalement annulé – en guise de substitut, le concert de musique de chambre prévu le même soir sera ouvert aux détenteurs de billets. Idem pour la soirée du 26 juillet autour de Schönberg.
Ailleurs, Martin Engström a tâché d’adapter le programme tout en «conservant l’atmosphère». La représentation de l’opéra La Fanciulla del West, de Puccini (le 20 juillet), sera ainsi remplacée par un florilège d’airs d’opéra italien assuré par les trois solistes à l’affiche. Quant à la soirée d’ouverture, elle verra l’orchestre de chambre du festival se substituer à son cousin symphonique, toujours sous la baguette de Valery Gergiev, accompagné du pianiste Denis Matsuev et rejoint par le trompettiste Timur Martynov.
La question se pose: en voulant réunir de grandes formations en cette période instable, le festival a-t-il eu les yeux plus gros que le ventre? «Je n’ai jamais été réaliste, rétorque Martin Engström. Sinon, je ne serais pas ici! Aujourd’hui, ma plus grande inquiétude est que le public semble avoir perdu l’habitude d’aller aux concerts. Les autres organisateurs font le même constat. Ça me travaille.»
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