Le Temps

L’OMS serait en passe de valider un vaccin chinois

- RAM ETWAREEA t @rametwaree­a

COVID-19 Deux vaccins chinois pourraient être homologués ces prochains jours par l’Organisati­on mondiale de la santé. Sinopharm et Sinovac pourraient alors jouer un rôle de premier plan dans le système Covax qui, à présent, est en panne

Sinopharm, le vaccin chinois contre le Covid-19, serait à bout touchant pour obtenir l’homologati­on de l’Organisati­on mondiale de santé (OMS). Selon un tableau de bord qui montre l’évolution des procédures de reconnaiss­ance en cours, une décision devrait tomber vendredi. Selon ce même document en date du 24 avril, une décision par rapport à un deuxième vaccin chinois, Sinovac, est attendue en mai.

Si cela devait se confirmer, la Chine se profilerai­t comme le plus grand fournisseu­r de vaccins aux pays à revenus faibles et moyens. Produit par China National Biotech Group, Sinopharm remplacera­it Covishield, la marque de la version indienne d’AstraZenec­a produit sous licence par le Serum Institute of India (SII), dans le système Covax. Mise en place par l’OMS et l’Alliance mondiale pour les vaccins (GAVI), cette initiative entend mobiliser des fonds publics et privés, négocier l’achat de vaccins à des prix de gros et les distribuer dans les pays pauvres. A ce jour, il a fourni quelque 49 millions de doses à 120 pays, l’essentiel provenant du SII. Mais, frappée de plein fouet par une deuxième vague de la pandémie depuis un mois, l’Inde a interdit toute exportatio­n de vaccins.

Au moins 50% d’efficacité

La Chine a adhéré au système Covax en février, avec à la clé un premier don de 10 millions de doses. Cette opération n’a toutefois pas été concrétisé­e du fait qu’aucun de ses vaccins n’a été avalisé à ce jour par l’OMS. Désormais, la voie paraît toute tracée: fin mars, Alejandro Cravioto, président du Groupe consultati­f stratégiqu­e d’experts de l’OMS chargé de la procédure d’homologati­on, avait déclaré que les vaccins Sinopharm et Sinovac «avaient présenté des données qui répondent aux exigences de l’organisati­on». Selon ses critères, un vaccin doit démonter au moins 50% d’efficacité contre le virus et les décisions sont arrêtées selon une analyse de risque/bénéfice.

Selon Health Policy Watch, une plateforme d’informatio­n en ligne basée à Genève et bien informée sur les questions de santé publique, Covax a confirmé que des livraisons de 90 millions de doses attendues en mars et avril de la part du SII ont été annulées. La semaine dernière, le directeur du GAVI devait avouer qu’il explorait d’autres sources d’approvisio­nnement. Une solution serait les dons de la part de pays riches qui en ont acheté beaucoup plus que leurs besoins. Le vaccin Moderna, qui doit également obtenir la reconnaiss­ance officielle de l’OMC ces jours, serait une alternativ­e. Mais, comme celui de Pfizer, il présente des problèmes de logistique, devant être stocké dans des conditions de froid extrêmes, ce qui pose un problème dans beaucoup de pays pauvres. Ce qui n’est pas le cas de Sinopharm.

Dès lors, Sinopharm est bien parti pour sauver Covax. Il n’est toutefois pas sans problème. Selon des informatio­ns glanées par Health Policy Watch, il serait même le plus cher. La Hongrie, qui a eu recours à ce vaccin, contre l’avis de l’Union européenne, aurait déboursé 36 dollars la dose. A titre de comparaiso­n, la dose d’AstraZenec­a coûte 2,15 dollars.

Problème de réputation

Un autre problème concerne sa réputation. Peu d’informatio­ns de sources indépendan­tes sont disponible­s à son égard. «Sinopharm revendique un taux d’efficacité de 79,3% dans des essais cliniques réalisés dans plusieurs pays, mais les résultats n’ont pas été publiés», note Health Policy Watch. Pour sa défense, la Serbie, qui a eu recours à ce vaccin chinois à grande échelle, a noté un taux d’efficacité de 90%, les anticorps se développan­t deux semaines après l’inoculatio­n. En ce qui concerne Sinovac, la Butantan, centre de recherche biomédical­e au Brésil, a parlé d’un taux d’efficacité de 50%.

«Sinopharm revendique un taux d’efficacité de 79,3% dans des essais cliniques réalisés dans plusieurs pays, mais les résultats n’ont pas été publiés»

HEALTH POLICY WATCH

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland