Encore très peu de femmes dans les fonctions dirigeantes des entreprises
Plusieurs études montrent l’écart des genres encore immense dans les conseils d’administration et les directions des entreprises. Mais des progrès apparaissent et certaines sociétés, comme General Motors, tirent leur épingle du jeu
L'écart hommes-femmes à la tête des plus grandes entreprises américaines peut se mesurer en prénoms: on trouve 23 John, contre 21 femmes, à la fonction de président du conseil d'administration. Ces dernières n'occupent que 8% de l'ensemble des fonctions dirigeantes (président, directeur général ou directeur financier) du S&P 500, soit l'indice des plus importantes sociétés cotées à la bourse de New York. C'est ce que révèle un rapport publié mardi d'Equileap, fournisseur mondial de données et de recherche sur l'égalité hommes-femmes.
«Une minorité de sociétés du S&P 500 sont dirigées par une femme (6% seulement), un chiffre qui nous montre le chemin qu'il reste à parcourir pour parvenir à l'égalité hommes-femmes dans l'environnement professionnel aux Etats-Unis», a souligné Diana van Maasdijk, directrice générale d'Equileap. Tout en restant optimiste: «Les entreprises américaines ont su réagir sur les questions de harcèlement sexuel et de discrimination à la suite des récents mouvements sociaux.»
Différences des deux côtés de l’Atlantique
Equileap a calculé un score en matière d'égalité des entreprises. En moyenne, il s'élève à 39% pour le S&P 500. C'est mieux que lors de la précédente édition l'an dernier (34%), mais moins bien que les entreprises européennes (43%).
Même si leur nombre augmente, il n’y a pas assez de femmes cheffes d’entreprise dans le monde
Ce calcul inclut 19 critères, dont la répartition des genres à tous les niveaux de responsabilité, les écarts de rémunération, les congés parentaux ou les mesures contre le harcèlement. Ce sont d'ailleurs ces deux derniers points qui différencient le plus les sociétés des deux côtés de l'Atlantique. Plus de la moitié des entreprises du S&P 500 n'offrent que deux semaines de congé maternité. En revanche, elles sont 69% à avoir adopté des politiques contre le harcèlement, contre 48% en Europe. En Suisse, plus des deux tiers des entreprises n'en ont pas.
Aux Etats-Unis, c'est General Motors qui se classe le mieux avec un score de 71%. Dirigé par Mary Barra depuis 2013, le constructeur automobile est le seul groupe qui n'affiche aucune différence de salaires entre hommes et femmes à compétence égales, d'après l'étude. General Motors est suivi de Nielsen Holding (70%) et Kellogg's (66%). Equileap a également mesuré quelques entreprises suisses: UBS, Novartis, Zurich et Credit Suisse se partagent le podium avec un taux d'égalité de 55%.
Même si leur nombre augmente, il n'y a pas assez de femmes cheffes d'entreprise dans le monde. C'est aussi la conclusion d'une étude du cabinet de conseil Egon Zehnder, publiée le même jour. Les sociétés suisses font néanmoins des progrès: presque la quasi-totalité d'entre elles (97,6%) comptaient au moins une femme dans leur conseil d'administration. Lors de la dernière étude il y a deux ans, ce taux était de 94,6%. C'est un peu en dessous de l'Europe, qui frôle les 100%, assurent les experts, tandis que la moyenne mondiale est à 89%.
Les femmes occupent un quart des sièges d'administrateurs en
Suisse, contre un tiers pour l'Europe (la France atteint même 43,8%). Les directions générales restent encore plus masculines: 2,4% des entreprises suisses sont dirigées par une femme, alors que la moyenne de l'Europe occidentale est de 5,7%.
Proposition du Nasdaq
La situation devrait encore évoluer, ajoute Egon Zehnder, citant les nouveaux quotas indicatifs de femmes introduits au 1er janvier 2021 liés à la révision du droit des sociétés anonymes. En outre, «la diversité appliquée revêt de plus en plus d'importance pour les investisseurs. Elle influe aussi sur l'attrait d'une entreprise en qualité d'employeur. Des équipes diversifiées possédant une culture inclusive atteignent en effet des résultats plus novateurs», considère Simone Stebler, responsable des activités de diversité et d'inclusion à Egon Zehnder. Elle ajoute que «la diversité et l'inclusion sont devenues un facteur concurrentiel majeur pour la réussite de l'entreprise».
C'est certainement l'argument de la diversité qui a convaincu l'opérateur du Nasdaq, qui a déposé la semaine dernière une demande auprès du gendarme boursier américain: il souhaite que toutes les entreprises cotées à sa bourse aient au moins deux administrateurs qui ne soient pas des «hommes blancs et hétérosexuels».
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