L’OCDE craint le pire pour l’emploi
COVID-19 Selon l’édition 2020 des «Perspectives de l’emploi de l’OCDE», la pandémie, qui a donné un coup d’arrêt à l’activité économique mondiale, détruira 31 millions de places de travail dans ses 37 pays membres et même 53 millions en cas de deuxième vague
Incertitudes, craintes d’infections, mesures de précaution individuelles et confinement imposé par les pouvoirs publics: tous les ingrédients étaient réunis ces derniers mois pour provoquer une forte contraction économique. Résultat, le taux de chômage dans les pays de l’OCDE a dépassé le niveau atteint lors de la crise financière de 2007-2008. Il ne se passe en effet pas un jour sans qu’une restructuration soit annoncée. Rien qu’en ce tout début de juillet, 12500 emplois ont été supprimés chez Air France et chez Airbus en France. Au Royaume-Uni, 40% des entreprises prévoient, selon une enquête, des suppressions d’emplois en 2020.
L’édition 2020 des «Perspectives de l’emploi de l’OCDE» publiée mardi fait d’emblée remarquer que le taux de chômage moyen dans ses 37 pays membres pourrait atteindre 9,4% à la fin de l’année, dépassant tous les pics enregistrés depuis la Grande Dépression. Le nombre de places de travail perdues en 2020 atteindrait 31 millions. Dans un scénario où il n’y aurait pas de deuxième vague de la pandémie, les pertes d’emplois descendraient à 15 millions en 2021. Mais si une deuxième vague se matérialisait, elles s’élèveraient à 53 millions en 2020 et à 25 millions l’année prochaine.
Choc atténué
Le choc de ces derniers mois a été toutefois atténué grâce aux nombreuses mesures prises par les Etats. Le chômage partiel financé par les pouvoirs publics, les aides directes aux entreprises et des conditions favorables pour accéder au crédit tant pour les entreprises que pour les ménages ont limité la casse. «Les mesures ont été rapides et massives», s’est félicité Angel Gurria, le secrétaire général de l’OCDE, lors de la présentation du rapport.
L’OCDE est tout de même préoccupée pour les groupes les plus vulnérables: le secteur informel, les indépendants, les migrants, les femmes et les jeunes. «Nous craignons qu’une génération entière – celle qui termine sa formation – ne soit sacrifiée sur l’autel du Covid-19», s’est inquiété Stefano Scarpetta, chef de la direction de l’emploi, du travail et des affaires sociales de l’OCDE. Il y a de quoi: le taux de chômage des jeunes (17-26 ans), qui était de 14,2% en février, a grimpé à 17,6% en mai. Ce sont 4 millions de chômeurs supplémentaires en trois mois.
Et l’avenir? «Une action urgente s’impose afin que la crise sanitaire ne se transforme pas en crise économique et sociale aiguë», avertit Angel Gurria, qui ajoute que la reprise sera plus lente que prévu. «Il ne faut pas songer à retrouver l’ancien «normal» qui prévalait avant le Covid-19; il présentait déjà de nombreux manquements structurels.»
A court terme, l’OCDE préconise le maintien des aides aux secteurs qui subissent encore les effets du confinement. «Il importe de cibler les soutiens aux entreprises qui préservent les emplois et qui ont le potentiel d’embaucher de nouveaux collaborateurs, recommande Stefano Scarpetta. A moyen et long terme, les pouvoirs publics doivent investir dans la formation pour pouvoir répondre aux besoins du marché du travail de demain.» Le chef économiste de l’OCDE plaide également en faveur d’une aide à la reprise durable et résiliente aux chocs futurs.
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