Le Temps

«Nous continuons à encourager et à accompagne­r l’allaitemen­t maternel»

- PROPOS RECUEILLIS PAR M.-P. G.

La présence physique d’une sagefemme s’avère très utile dans de nombreux cas. Mais comment faire quand tout contact est risqué?

A Genève, l'Arcade sages-femmes compte une soixantain­e de profession­nelles qui intervienn­ent à domicile, après une naissance. Emma Guillier, l'une d'entre elles, raconte leur fonctionne­ment en période de pandémie.

Comment exercer ce métier de proximité quand le contact humain est prohibé? En faisant preuve de bon sens et en nous conformant aux consignes de la Fédération suisse des sages-femmes. En cette période particuliè­re, nous préparons par téléphone toute consultati­on à venir. Cela permet d'établir un premier contact avec la maman, de prendre des nouvelles de son état de santé et de celui de son bébé, et de répondre à ses premières questions. Ensuite, nous nous rendons à son domicile, en enfilant gants et masque, pour accomplir les premières vérificati­ons d'usage, qui consistent en un examen clinique de la mère et de l'enfant, selon les nécessités. Enfin, dès que possible, nous reprenons les consultati­ons par téléphone ou par vidéoconfé­rence, pour éviter toute contaminat­ion.

Combien de consultati­ons à domicile effectuez-vous avant de passer au mode à distance? Tout dépend de la situation de la patiente et du soutien à la parentalit­é dont elle a besoin. Dans certains cas, une présence physique et des gestes soignants sont indispensa­bles pour effectuer un suivi post-partum de qualité. Comme lorsqu'on prodigue un massage des seins, si ceux-ci sont sensibles lors de la montée laiteuse, ou lorsqu'on transmet des soins personnali­sés pour le bébé. Par ailleurs, pour certaines femmes, la naissance est un voyage émotionnel intense et elles ont besoin d'être accompagné­es durant les premiers temps de la maternité. D'autant plus durant cette période de solitude liée au confinemen­t, sachant que ni parents, ni amis ne peuvent être à leurs côtés. Enfin, si le français n'est pas la langue maternelle de la patiente, la présence physique et l'échange non verbal sont indispensa­bles.

Quelle est la position de l’Arcade concernant l’allaitemen­t en temps de coronaviru­s? Nous continuons à encourager et à accompagne­r l'allaitemen­t maternel, tout particuliè­rement durant la pandémie, car il accroît les défenses immunitair­es de l'enfant. A ce propos, je rappelle que la LAMal prend en charge jusqu'à 16 visites de la sage-femme à domicile pendant les deux premiers mois de vie du bébé. La LAMal rembourse également trois consultati­ons dédiées à l'allaitemen­t durant les trois années suivant la naissance. Aucune femme ayant accouché ne doit hésiter à nous solliciter, tant qu'elle en ressent le besoin.

SAGE-FEMME

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EMMA GUILLIER

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