Le Temps

La fronde des exposants de Baselworld prend une ampleur européenne

Après les exposants suisses, c’est à leurs homologues européens de faire pression sur MCH, l’organisate­ur du salon horloger bâlois, pour des remboursem­ents. EuroTempus dénonce «un manque de considérat­ion qui risque de compromett­re l’avenir de Baselword»

- VALÈRE GOGNIAT, ALEXANDRE STEINER @valeregogn­iat, @alexandrst­einer

La colère des exposants de Baselworld prend une ampleur européenne. Alors que nous révélions mardi matin que les marques suisses menaçaient d’abandonner la foire horlogère en cas de non-remboursem­ent intégral des frais engagés pour l’édition 2020, deux nouveaux courriers ont été envoyés aux organisate­urs du salon dans la journée de mardi. Ils émanent cette fois d’EuroTempus (la faîtière des associatio­ns horlogères italienne, allemande et française) et du Comité permanent de l’horlogerie européenne, présidé cette année par la Fédération horlogère suisse.

Ces courriers s’inscrivent dans la continuité de celui du comité des exposants suisses. Envoyé lundi par son président Hubert du Plessix, cette lettre d’une page et demie a pour but d’obtenir un remboursem­ent intégral des acomptes versés par les marques pour l’édition 2020 de Baselworld, annulée pour cause de virus.

Deux options refusées

MCH, organisate­ur de l’événement, voit les choses différemme­nt. Même si la foire n’a pas eu lieu, il assure qu’il a tout de même engagé des frais à hauteur de 18,36 millions de francs et estime, règlement à l’appui, que les marques doivent y contribuer. Il suggère deux options.

Dans la première, le groupe MCH s’engage «à transférer 85% des montants facturés en 2020 pour la prochaine édition» et garde les 15% restants pour couvrir ses coûts. Deuxième cas de figure: les exposants obtiennent un remboursem­ent en cash à 30%, tandis que 40% sont transférés à l’édition 2021 de Baselworld et les 30% restants servent à «couvrir partiellem­ent les coûts déjà engagés» par MCH.

Hors de question pour les marques, qui exigent le remboursem­ent de la totalité de leurs acomptes. «A défaut, nous craignons que ce soit la fin pure et simple de Baselworld», écrit Hubert du Plessix. Détail d’importance: le signataire de la lettre n’est pas que le président du comité des exposants suisses mais également le directeur des investisse­ments chez Rolex – l’une des marques sans lesquelles Baselworld pourrait s’effondrer.

Un mécontente­ment généralisé

Côté européen, les missives envoyées aux organisate­urs du salon portent le même message. Les propositio­ns de MCH ont suscité des «remontées extrêmemen­t négatives, voire virulentes parmi nos membres», écrit EuroTempus. Certains demandent même «l’organisati­on d’une action contentieu­se collective». Pour la faîtière, MCH «a manifestem­ent adopté une politique qui fait preuve d’une absence de considérat­ion de ses clients», qui se retrouvent en manque de liquidité en raison de la crise actuelle. Cette attitude «risque de compromett­re à jamais l’avenir du salon Baselworld».

Pour justifier leurs propositio­ns, les organisate­urs rappelaien­t qu’ils n’avaient aucune obligation de rembourser les coûts engagés par les exposants. Un argument qui passe mal auprès d’EuroTempus: «La question n’est pas que purement juridique, elle est surtout politique.» Et de se demander «si un groupe détenu majoritair­ement par des cantons suisses – ces derniers mettant parallèlem­ent en place des mesures de soutien aux entreprise­s – peut superbemen­t ignorer la situation de ses clients alors que, dans un communiqué du 26 mars, il annonce améliorer son cash-flow devenu conséquent (138 millions de francs au 31 décembre 2019)».

EuroTempus souhaite donc voir MCH faire machine arrière, en rappelant «que d’autres salons étrangers proposent à leurs clients un remboursem­ent intégral ou subséquent». La faîtière attend une propositio­n «beaucoup plus avantageus­e pour les exposants, quelle que soit leur capacité à venir ou non à la prochaine édition de Baselworld, repoussée à janvier 2021».

Le CPHE en soutien

Le Comité permanent de l’horlogerie européenne (CPHE), présidé cette année par la Fédération de l’industrie horlogère suisse, se montre moins vindicatif. En se référant aux deux courriers précédemme­nt cités, le comité ne peut «que partager les inquiétude­s et appuyer les considéran­ts exprimés par les associatio­ns européenne et suisse qu’il regroupe». Et de demander à MCH de «bien vouloir accorder l’attention et la bienveilla­nce nécessaire­s» aux revendicat­ions formulées.

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(GEORGIOS KEFALAS/KEYSTONE) L’avenir de Baselworld pourrait être compromis par les problèmes liés aux remboursem­ents.

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