La fronde des exposants de Baselworld prend une ampleur européenne
Après les exposants suisses, c’est à leurs homologues européens de faire pression sur MCH, l’organisateur du salon horloger bâlois, pour des remboursements. EuroTempus dénonce «un manque de considération qui risque de compromettre l’avenir de Baselword»
La colère des exposants de Baselworld prend une ampleur européenne. Alors que nous révélions mardi matin que les marques suisses menaçaient d’abandonner la foire horlogère en cas de non-remboursement intégral des frais engagés pour l’édition 2020, deux nouveaux courriers ont été envoyés aux organisateurs du salon dans la journée de mardi. Ils émanent cette fois d’EuroTempus (la faîtière des associations horlogères italienne, allemande et française) et du Comité permanent de l’horlogerie européenne, présidé cette année par la Fédération horlogère suisse.
Ces courriers s’inscrivent dans la continuité de celui du comité des exposants suisses. Envoyé lundi par son président Hubert du Plessix, cette lettre d’une page et demie a pour but d’obtenir un remboursement intégral des acomptes versés par les marques pour l’édition 2020 de Baselworld, annulée pour cause de virus.
Deux options refusées
MCH, organisateur de l’événement, voit les choses différemment. Même si la foire n’a pas eu lieu, il assure qu’il a tout de même engagé des frais à hauteur de 18,36 millions de francs et estime, règlement à l’appui, que les marques doivent y contribuer. Il suggère deux options.
Dans la première, le groupe MCH s’engage «à transférer 85% des montants facturés en 2020 pour la prochaine édition» et garde les 15% restants pour couvrir ses coûts. Deuxième cas de figure: les exposants obtiennent un remboursement en cash à 30%, tandis que 40% sont transférés à l’édition 2021 de Baselworld et les 30% restants servent à «couvrir partiellement les coûts déjà engagés» par MCH.
Hors de question pour les marques, qui exigent le remboursement de la totalité de leurs acomptes. «A défaut, nous craignons que ce soit la fin pure et simple de Baselworld», écrit Hubert du Plessix. Détail d’importance: le signataire de la lettre n’est pas que le président du comité des exposants suisses mais également le directeur des investissements chez Rolex – l’une des marques sans lesquelles Baselworld pourrait s’effondrer.
Un mécontentement généralisé
Côté européen, les missives envoyées aux organisateurs du salon portent le même message. Les propositions de MCH ont suscité des «remontées extrêmement négatives, voire virulentes parmi nos membres», écrit EuroTempus. Certains demandent même «l’organisation d’une action contentieuse collective». Pour la faîtière, MCH «a manifestement adopté une politique qui fait preuve d’une absence de considération de ses clients», qui se retrouvent en manque de liquidité en raison de la crise actuelle. Cette attitude «risque de compromettre à jamais l’avenir du salon Baselworld».
Pour justifier leurs propositions, les organisateurs rappelaient qu’ils n’avaient aucune obligation de rembourser les coûts engagés par les exposants. Un argument qui passe mal auprès d’EuroTempus: «La question n’est pas que purement juridique, elle est surtout politique.» Et de se demander «si un groupe détenu majoritairement par des cantons suisses – ces derniers mettant parallèlement en place des mesures de soutien aux entreprises – peut superbement ignorer la situation de ses clients alors que, dans un communiqué du 26 mars, il annonce améliorer son cash-flow devenu conséquent (138 millions de francs au 31 décembre 2019)».
EuroTempus souhaite donc voir MCH faire machine arrière, en rappelant «que d’autres salons étrangers proposent à leurs clients un remboursement intégral ou subséquent». La faîtière attend une proposition «beaucoup plus avantageuse pour les exposants, quelle que soit leur capacité à venir ou non à la prochaine édition de Baselworld, repoussée à janvier 2021».
Le CPHE en soutien
Le Comité permanent de l’horlogerie européenne (CPHE), présidé cette année par la Fédération de l’industrie horlogère suisse, se montre moins vindicatif. En se référant aux deux courriers précédemment cités, le comité ne peut «que partager les inquiétudes et appuyer les considérants exprimés par les associations européenne et suisse qu’il regroupe». Et de demander à MCH de «bien vouloir accorder l’attention et la bienveillance nécessaires» aux revendications formulées.
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