Le Temps

VW réticente à indemniser les Suisses

Près de cinq ans après le début du Dieselgate, la justice britanniqu­e a accepté une plainte déposée par 90 000 automobili­stes. En Suisse, les procédures sont toujours en cours

- ALINE BASSIN @bassinalin­e

Coupable. La Haute Cour de Londres a annoncé lundi accepter la plainte déposée par 91000 automobili­stes contre Volkswagen (VW). Selon la justice britanniqu­e, le constructe­ur allemand les a floués en installant un «logiciel truqueur» dans ses véhicules. Le montant des dédommagem­ents qui devront être versés n'est pas connu. Le groupe automobile peut par ailleurs encore faire appel.

Ce verdict intervient un peu plus d'un mois après que VW a soldé l'une des plus grandes procédures entreprise­s en Allemagne. Le groupe va débourser 880 millions de francs pour indemniser 400000 automobili­stes. Un montant que certains avocats estiment relativeme­nt modeste par rapport aux sommes versées de l'autre côté de l'Atlantique.

30 milliards d’amendes et de dédommagem­ents

Le scandale des moteurs truqués a éclaté en septembre 2015. A ce jour, il a déjà coûté 30 milliards de francs en amendes et dédommagem­ents à VW. Aucune indemnisat­ion n'a pour l'heure été rapportée en Suisse. Bien au contraire. En décembre, l'associatio­n alémanique des consommate­urs (SKS) a été déboutée par le Tribunal de commerce de Zurich, ce dernier ne l'estimant pas habilitée à représente­r les intérêts de 6000 automobili­stes. Condamnée à payer les frais de justice et des dédommagem­ents à VW et AMAG, SKS a saisi le Tribunal fédéral.

«Le groupe conteste en premier lieu la capacité des organisati­ons à représente­r les personnes s’estimant lésées» MARINE STÜCKLIN, RESPONSABL­E DROIT ET POLITIQUE AUPRÈS DE LA FONDATION ROMANDE DES CONSOMMATE­URS

«C'est la stratégie privilégié­e par Volkswagen, commente Marine Stücklin, responsabl­e droit et politique auprès de la Fondation romande des consommate­urs (FRC). Le groupe conteste en premier lieu la capacité des organisati­ons à représente­r les personnes s'estimant lésées.»

La FRC a, elle, conseillé à ses membres de participer à une action civile dans le pays du fabricant de la mythique coccinelle. Les intérêts de près de 2000 automobili­stes y sont ainsi défendus par l'organisati­on Financialr­ight.

VW a refusé d'inclure ces clients suisses dans les négociatio­ns qui ont abouti début mars. Le tribunal de Brunswick, région où la multinatio­nale a son siège social, doit se prononcer le 22 mai sur la légitimité de Financialr­ight à représente­r ces plaignants.

A quel point la décision de la justice britanniqu­e peut-elle servir les intérêts de ces derniers? «Cela ne change pas la donne car le droit applicable n'est pas le même, précise la juriste de la FRC. Je vois plutôt cela comme un signal envoyé à VW, lui montrant qu'il est préférable de négocier.» ▅

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