Le pompier des hommes de Davos
Les banques centrales se découvrent un nouveau métier. Plus exactement, elles redécouvrent leurs origines du XVIIe siècle qui, en Angleterre par exemple, ont consisté à financer les besoins de l'Etat. Devenues les pompiers des banques, c'est-à-dire des prêteurs de dernier ressort, elles ont élargi l'éventail de leurs objectifs (stabilité des prix, soutien à l'activité, stabilité du système financier).
Avec la lutte contre les risques climatiques, les banques centrales entrent sur un terrain inconnu et expérimentent un nouveau métier. Il est vrai que la menace est plus large que strictement bancaire et que l'analyse de ces risques a besoin de toutes les bonnes volontés. Les banques centrales doivent revoir leurs modèles basés sur l'extrapolation des tendances passées. Le «cygne vert», pour reprendre le titre du livre de la Banque des règlements internationaux (BRI) se distingue du «cygne noir» de l'essayiste Nassim Taleb par le fait que la menace est ici connue. Les conséquences d'une catastrophe environnementale ne sont toutefois pas plus aisées à évaluer et à contenir.
La BRI se veut très proactive sur ce dossier. Elle décrit quantité d'instruments possibles, comptables, monétaires et financiers. Mais les facteurs politiques conduiront sans doute le débat vers d'autres voies. Il est plus facile de réunir une majorité en faveur de dépenses budgétaires vertes financées par la dette, donc indolore pour la génération actuelle, que pour une taxe élevée sur le carbone.
Le débat sera vif à l'intérieur même des banques centrales. La Banque de France semble davantage prête à «verdir» ses réserves monétaires que la Banque nationale suisse. Mais la direction est claire: Les banques centrales seront prêtes à laisser tomber un acteur en difficulté qui émettra beaucoup de CO2. Elles soutiendront les investissements dans la transition énergétique en maintenant des taux d'intérêt extrêmement bas encore plus longtemps que prévu. Elles enrichiront le savoir, coordonneront l'action des différents acteurs clés, élargiront le concept de stabilité du système économique international. En ce sens, elles seront plus que jamais au coeur du système. Un peu les pompiers des leaders de Davos. ▅