Le Temps

A Morges, retour sur une année en dessins

- ALICE CASPARY Rétrospect­ive du dessin de presse suisse 2019, Maison du dessin de presse, jusqu’au 9 février 2020.

La Maison du dessin de presse propose sa traditionn­elle rétrospect­ive annuelle. Pour le Neuchâtelo­is Vincent L’Epée, la caricature est plus que jamais nécessaire à la démocratie

Entre la grève des femmes, les marches pour le climat et l’inénarrabl­e Trump, l’année 2019 fut riche en émotions et, pour les dessinateu­rs, en sujets. En parcourant la rétrospect­ive présentée à la Maison du dessin de presse à Morges, on se remémore entre plaisir et déception les événements ayant marqué la Suisse et le monde. Découpée selon quelques grandes thématique­s, l’exposition marque le dixième anniversai­re du petit musée vaudois.

Le choix du «New York Times»

Cette année aura également été celle d’une décision radicale prise par le prestigieu­x New York Times, qui publiait notamment les dessins de Patrick Chappatte: les caricature­s politiques sont désormais bannies de son édition internatio­nale. Un choix que le collaborat­eur du Temps a sans tarder qualifié de très inquiétant. Vincent L’Epée, dont les croquis sont publiés par Le Journal du Jura, ArcInfo et Vigousse, a un avis bien tranché sur la question: «Le dessin de presse est un produit de notre démocratie, une espèce de phare. Et prudemment, on essaie de faire en sorte que cette lumière ne brille pas trop. Quitte à l’éteindre.»

Il poursuit, dans un soupir: «Quand on voit que le dessin de presse révèle un monde qui va mal, on se doit de ne pas lâcher nos crayons. Le signal envoyé par le New York Times est en effet très inquiétant pour le vivre-ensemble, la liberté d’expression, la liberté de rire et de réfléchir.» Mais heureuseme­nt, souligne le Neuchâtelo­is, dont on peut voir le travail à Morges, le dessin de presse reste préservé en Suisse. «C’est presque une espèce d’eldorado, on n’a jamais eu autant de dessinatri­ces et dessinateu­rs dans cette si petite région.»

Publicatio­n d’un livre

Sur 100 m2, 250 dessins de 26 dessinateu­rs sont montrés. Rien ne semble avoir échappé à la vigilance des profession­nels du crayon. En première ligne, on retrouve donc évidemment le climat, les femmes et Trump, mais aussi la liberté de la presse, le Brexit, l’Amazonie en feu, la crise politique à Hongkong ou encore la vague verte des élections fédérales. Avec Valott, Ben, Chappatte, L’Epée, Alex, Caro et Debuhme, la fine fleur des caricaturi­stes romands – mais aussi alémanique­s – croisent leur regard sur l’actualité.

«Cette année, pour la première fois, un livre accompagne la rétrospect­ive. Car il est important de continuer à lutter pour le dessin de presse», explique Stéphanie Reinhard, la commissair­e de l’exposition. L’administra­trice de la Maison du dessin de presse annonce également vouloir développer la médiation scolaire. Une initiative qui s’inscrit dans une volonté de défendre et d’expliquer cette profession. Dans un contexte mondial où le dessin de presse tend à être menacé, cette rétrospect­ive sonne ainsi comme une ode nécessaire à la liberté d’expression.

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(MASCHA) Une oeuvre de la dessinatri­ce Mascha, paru dans «Vigousse» en juin 2019.

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