Charge antispéciste contre les «vaches à hublot»
A la suite du scandale français autour des hublots permettant aux scientifiques un accès direct à la panse des bovins, la Coalition animaliste suisse lance une pétition pour interdire la reprise d'une pratique scientifique qu'elle juge déplacée
La conception idyllique des vaches suisses qui regardent passer les trains semble battre de l’aile. Le débat sur les «vaches à hublot» a traversé les frontières et fait son retour en Suisse. En 2014, la RTS diffusait un reportage sur cette pratique, qui consiste à créer dans le flanc d’une vache un trou servant de conduit artificiel vers sa panse. Le 20 juin dernier, l’association française L214 a démontré, vidéos de bovins français fistulés à l’appui, que le procédé était toujours d’actualité. Mardi, la Coalition animaliste (COA) a lancé une pétition pour interdire les «vaches à hublot» en Suisse.
Depuis 1980, Agroscope, centre de compétences de la Confédération pour la recherche agricole, étudie la digestion des bovins grâce à des «vaches à hublot». Le but est de fournir des recommandations aux éleveurs et de tenter de réduire la quantité de méthane relâché par les animaux dans l’atmosphère. Or, la COA reproche à Agroscope et à l’Office fédéral de l’agriculture de développer cette pratique dans une «logique de productivité et de rentabilité au détriment de la santé et du bien-être réel des animaux».
Le nombre de bovidés à fistule semble pourtant en diminution en Suisse. En juin dernier, seule une vache était porteuse d’une telle «fenêtre» chez Agroscope. Dans sa feuille d’informations relative à la fistulation, l’organisme assure d’ailleurs «ne plus conduire de projet de recherche en lien avec des vaches à fistule».
Nouvelles méthodes
tLa nouvelle réforme des retraites prend corps, pour le premier comme pour le deuxième pilier. Après l’échec de la Prévoyance vieillesse 2020 (PV 2020) en 2017, Alain Berset a scindé le paquet en deux parties. D’un côté, il a mis en consultation un nouveau projet AVS 21. De l’autre, il a annoncé que les questions liées au deuxième pilier seraient rediscutées avec les partenaires sociaux. Ceux-ci se sont réunis. Trois sur quatre ont trouvé un accord, qu’ils ont présenté mardi. Le quatrième, l’Union suisse des arts et métiers (USAM), avance en solo.
L’Union patronale suisse (UPS), l’Union syndicale suisse (USS) et Travail.Suisse se sont entendus autour d’une formule commune. Le principal enjeu, qui était aussi au coeur de PV 2020 et de la précédente révision de la LPP rejetée en 2010, est la baisse du taux de conversion du capital accumulé en rentes annuelles. Les trois partenaires se disent d’accord de l’abaisser de 6,8 à 6% en une seule étape. Concrètement, un capital de deuxième pilier de 100000 francs donnera droit à un revenu annuel de 6000 francs au lieu de 6800 francs.
Si les syndicats se rallient à cette décision qu’ils ont toujours combattue, c’est parce qu’ils jugent les contreparties acceptables. Première compensation: la déduction de coordination, qui détermine le salaire assuré LPP, est divisée par deux: elle passe de 24885 francs à 12443 francs. Avec cette décision, et même si le seuil d’entrée au deuxième pilier reste fixé à 21330 francs, la situation des
salariés à temps partiel, essentiellement des femmes, sera améliorée. Deuxième compensation: les bonifications de vieillesse passeront de 7 à 9% du salaire assuré pour les personnes âgées de 25 à 34 ans, mais seront abaissées de 10 à 9% pour les 35-44 ans et de 15, respectivement 18 à 14% pour les 45-54 et les 55-64 ans. Cela favorisera l’emploi des travailleurs les plus âgés.
Entre 100 et 200 francs de plus par mois
Troisième mesure: un supplément de rente sera versé aux futurs retraités. Il sera financé solidairement par un relèvement de 0,5% du salaire AVS. Cette notion est nouvelle dans la LPP: jusqu’à maintenant, celle-ci fonctionnait selon le principe de la capitalisation personnelle et non de la répartition, réservée à l’AVS. Le supplément sera, à vie, de 200 francs par mois pour les cinq premières années de la génération de transition de la première à la cinquième année, de 150 francs pour les retraités à partir de la sixième année et de 100 francs au-delà de la onzième année. L’introduction d’une nouvelle prime financera les prestations. Le coût de l’opération est estimé à 2,7 milliards de francs. L’UPS, l’USS et Travail.Suisse estiment que cette solution offre un rapport coûts-prestations «abordable pour les PME». Ils la décrivent comme «simple, rapide et économique à mettre en oeuvre».
Tel n’est pas l’avis de l’USAM. L’organisation faîtière des PME juge le coût beaucoup trop élevé et s’oppose à l’extension des prestations, indique son président, Jean-François Rime (UDC/FR), qui regrette les divergences de vues entre les organisations patronales. Pour l’USAM, la priorité doit être accordée à l’abaissement du taux de conversion à 6%. La seule compensation envisageable à ses yeux est l’augmentation des avoirs de vieillesse pour la génération de transition pendant environ dix ans. Elle rejette l’adaptation de la déduction de coordination et considère que la baisse des bonifications de vieillesse à 14% arrive trop tard pour les tranches d’âge les plus âgées. «Cette génération n’a plus assez de temps à disposition pour épargner un capital de retraite sensiblement plus élevé», analyse Kurt Gfeller, vice-directeur de l’USAM.
Retraite à 66 ans
La faîtière des PME rejette tout relèvement des ponctions salariales mais considère que la hausse des salaires, qu’elle prophétise, devrait suffire à apporter davantage
Le projet
AVS 21 proposera d’égaliser l’âge de la retraite des hommes et des femmes à 65 ans
Après l’échec de la Prévoyance vieillesse 2020 en 2017, Alain Berset a scindé le paquet en deux parties.
d’argent dans les caisses des institutions de prévoyance. Le coût du modèle de l’USAM est estimé à 1,5 milliard de francs. Le dossier repart chez Alain Berset, qui mettra un projet en consultation. La réforme pourra-t-elle entrer en vigueur en 2021 ou 2022 comme l’espèrent les trois organisations partenaires? Pas sûr. Le supplément de rente et son financement sont contestés à droite.
Dans l’immédiat, c’est le projet AVS 21 qui devrait être transmis sous peu au parlement. Il proposera d’égaliser l’âge de la retraite des hommes et des femmes à 65 ans. Le Conseil fédéral s’écharpe sur la manière de compenser le relèvement de l’âge légal pour les femmes et la manière de financer ces mesures. Ueli Maurer a carrément proposé de retarder d’une année la fin légale de la vie active des hommes et de le porter à 66 ans.
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