«Shadow», lente descente vers la folie
Pascal Greco et Philippe Pellaud présentent à Neuchâtel, Lausanne et Genève leur nouvel essai musico-cinématographique, avec Asia Argento et sa fille
Les premières notes, tendues, pourraient être celles d’un film de science-fiction. Les premières images, floues, ne pourraient pas être celles d’un documentaire même si on y voit des arbres, filmés en gros plan comme pour en sonder les pulsations intérieures. Puis arrive une voix off. Une femme évoque – en anglais – sa solitude, l’impression d’avoir perdu son âme.
Cette voix est celle d’Asia Argento. Apparaît alors la silhouette d’une jeune fille, celle d’Anna Lou Castoldi, sa fille. Bienvenue dans l’univers étrange et hypnotique de Shadow, projet musico-cinématographique des Genevois Pascal Greco et Philippe Pellaud, alias Kid Chocolat. Le premier est photographe et réalisateur, le second est musicien électro.
Immersion
Shadow, c’est 35 minutes de musique et d’images intimement liées. Ce n’est pas un clip, ni un film. On pourrait parler d’essai, ou d’oeuvre immersive par la façon qu’elle a de littéralement nous happer, mais dans le fond peu importe. Il y a dix ans, Pascal Greco, fan de son album Zombiparti!, demandait à Philippe Pellaud de composer la musique de Super 8, plongée organique au coeur de la jungle urbaine. Au cours de 2013, il travaillera avec un autre musicien, Arnaud Sponar (Goodbye Ivan), pour Nowhere, un montage d’images qui avaient été ramenées des quatre coins du monde.
Transmission mère-fille
Cette fois, la musique est venue avant les images. «Philippe est venu me voir pour me proposer un scénario et me faire écouter la musique qu’il avait déjà composée, explique Pascal Greco. Cet univers claustrophobique, la forêt, c’est son idée.» Idée née d’une expérience personnelle. «Je n’ai pas envie d’expliciter le sujet de Shadow, même s’il me touche intimement, embraie le musicien. Je voulais une histoire qui puisse se lire sur plusieurs niveaux, qui laisse beaucoup de place à l’imaginaire.» Le synopsis «officiel» du projet parle d’une adolescente tentant de retrouver son chemin, peut-être en danger, d’une lente descente vers la folie. Et il y a aussi ce personnage joué par Asia Argento, circonscrit dans un espace clinique, froid. Un lien unit les deux femmes, comme si elles n’étaient qu’une, le corps ainsi que l’esprit.
Philippe Pellaud avait déjà travaillé avec Asia Argento. Lorsqu’il lui a proposé ce projet hybride, elle a instantanément accepté, alors même qu’elle venait d’annoncer qu’elle prenait ses distances avec sa carrière d’actrice. C’est elle qui a souhaité travailler avec sa fille, demandant même à la coacher. Pascal Greco se souvient d’une scène où Anna Lou Castoldi devait partir en sanglots: «On a reculé, et là on a vu comment elle la stimulait, en italien, pour déclencher cette émotion très forte, entre la folie et la haine. Voir ce travail mère-fille, cette transmission, était quelque chose de très beau.»
▅
Ciné-concert jeudi 29 novembre à Neuchâtel (Cinéma Minimum, 20h), vendredi 30 à Lausanne (Zinéma, 20h) et samedi 1er décembre à Genève (C.D.D., 16h, 18h et 20h).
Disponible lors de ces dates, un vinyle contenant un lien de visionnement (Pamela/Poor Records) sera en vente à partir du 25 janvier 2019.