Macron-Merkel, ensemble et démunis
Il faut d’abord se réjouir. A Paris dimanche, l’unité de vues affichée par Emmanuel Macron et Angela Merkel a marqué l’ouverture du Forum pour la paix, en l’absence, il est vrai, du président américain, Donald Trump.
Dans leurs discours respectifs, le président français et la chancelière allemande ont fustigé avec des mots presque identiques les passions «tristes» et «aigres» des nationalismes exacerbés. Jamais peutêtre, depuis l’élection présidentielle de mai 2017, le tandem franco-allemand n’était apparu aussi soudé, résolu à défendre les indispensables «compromis» sans lesquels l’ONU s’engluera dans la paralysie.
Mais il faut aussi s’inquiéter. Car hormis le poids des mots, essentiels en ce jour de commémoration de l’armistice du 11 novembre 1918, Emmanuel Macron et Angela Merkel manquent d’armes de conviction massives. La chancelière, bousculée au sein de son propre parti, n’est plus candidate à sa réélection. Le locataire de l’Elysée, en dramatisant l’enjeu des élections européennes pour marquer l’opinion, aura néanmoins de la peine à surmonter l’obstacle du mode de scrutin proportionnel à un tour, favorable à l’expression des colères. L’ONU, enfin, a cruellement besoin d’un succès pour faire mentir Donald Trump et consorts, persuadés que seul l’unilatéralisme paie.
L’axe Merkel-Macron est celui de la raison. Leur rappel de l’échec de la Société des Nations, après l’Armistice, était parfaitement justifié pour ce 11 novembre 2018, de même que l’appel de la chancelière à lutter contre la dangereuse «polarisation qui érode les libertés fondamentales». Reste, face au souvenir de la «machine monstrueuse de violence» que fut la Grande Guerre, à transformer leur résistance aux populismes en un multilatéralisme positif et surtout convaincant.
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