CE SERA BIENTÔT L’EXODE À LAS VEGAS POUR LES SUPPORTERS DES RAIDERS
LES RAIDERS NE SERONT PLUS D’OAKLAND MAIS DE LAS VEGAS EN 2020. UNE PRATIQUE BRUTALE MAIS COURANTE DANS LE SPORT AMÉRICAIN
Près de 900 kilomètres et plus de huit heures de route. C’est le périple que devront bientôt effectuer les fans des Raiders pour assister aux matchs à domicile de leur équipe. La franchise d’Oakland déménagera en 2020 à Las Vegas, Nevada. Les Raiders, qui ont déjà passé 13 saisons entre 1982 et 1994 à Los Angeles, s’établiront dans un nouveau stade ultramoderne de 65000 places, actuellement en construction.
Le déménagement, qui a été validé en mars 2017 par 31 des 32 propriétaires de la NFL, fait bien sûr le désespoir de la «Raider Nation». «Vous ne pouvez pas prendre l’argent et le noir [les couleurs des Raiders], les mettre dans un dôme climatisé dans le désert, les faire jouer sur du gazon artificiel à deux pas des fontaines du Ceasars Palace, et les appeler les Raiders», a relevé l’un des plus célèbres d’entre eux, l’acteur Tom Hanks. Les fans ont organisé des mouvements de protestation et récemment incité la mairie d’Oakland à envisager une action en justice avec demande de dommages et intérêts.
PROMESSE DE GAINS FARAMINEUX
«Mon père m’a toujours dit que la grandeur des Raiders était dans son avenir, et l’opportunité de construire un stade de classe internationale dans la capitale mondiale du divertissement nous rapproche de cette grandeur», s’est défendu le propriétaire Mark Davis, qui a hérité l’équipe de son père Al Davis. Après avoir étudié des solutions locales, comme le partage du Levi’s Stadium avec les 49ers à Santa Clara et la reconstruction du Coliseum en collaboration avec l’équipe de baseball des A’s d’Oakland, Mark Davis s’est laissé convaincre par la promesse de gains faramineux à Las Vegas. Il faut dire que le vieux Coliseum, construit dans les années 1960, ne répond plus du tout aux exigences du sport business. Sans compter que la pelouse est traversée par une grande zone sablonneuse caractéristique des terrains de baseball.
Aussi rare que choquante en Europe (le déménagement de l’équipe de football de Wimbledon à Milton Keynes a provoqué une scission avec les supporters et la création d’un club dissident), la délocalisation est une pratique courante dans le sport américain. Elle répond à un triple impératif: ne pas augmenter le nombre de franchises, conquérir de nouveaux marchés – comme le sud des Etats-Unis pour le hockey sur glace –, bénéficier de meilleures installations et conditions au terme d’âpres négociations avec les hôtes potentiels.
Avant les Raiders, les Rams et les Chargers ont récemment quitté SaintLouis et San Diego pour Los Angeles. Pour les Rams, qui avaient déjà été californiens de 1946 à 1995, il s’agit d’un troisième déménagement après Cleveland, Los Angeles et Saint-Louis. Longtemps boudée par les ligues professionnelles à cause de sa réputation sulfureuse, Las Vegas est redevenue une zone de développement attractive. L’exemple de l’équipe de hockey des Golden Knights, finaliste en juin dernier de la Coupe Stanley pour leur première participation en NHL, ne fera qu’accentuer ce phénomène.