Anneaux olympiques et bannière étoilée
Les Etats-Unis possèdent un esprit de compétitivité et d’excellence sportive comme peu de pays dans le monde. Les Américains ont l’énergie, le sens du spectacle et une passion insatiable pour le sport. En plus, ils ont les moyens financiers et se sont construit au fil des ans les meilleures installations sportives de la planète. Tout cela transparaît tous les deux ans à l’occasion des Jeux olympiques. Le premier champion olympique de l’ère moderne, James Connolly, venait de Boston.
Eté comme hiver, les Etats-Unis figurent toujours dans le haut du classement des médailles. Ils sont également leaders pour les sponsors et les médias. Le public américain ne manque pourtant pas d’offre sportive durant toute l’année. La diversité du contenu est incroyable, et les ligues majeures sont immensément populaires parce qu’elles procurent aux Américains ce qu’ils adorent: du divertissement, un spectacle sportif au meilleur niveau et des productions de haute qualité.
A côté, le curling ou le patinage artistique semblent manquer d’attrait, mais les Jeux d’hiver amènent autre chose. Déjà ils tombent à pic, à une période où le football est terminé, la NBA et la NHL sont en milieu de saison, et le baseball est en plein camp de préparation. Pendant deux semaines, le public peut abandonner ses héros pour démontrer son attachement à la bannière étoilée et sa fierté vis-à-vis de ses athlètes.
Communion nationale
Il s’agit donc d’un grand moment de rassemblement national que NBC Sports, unique diffuseur des Jeux de Pyeongchang 2018 moyennant 963 millions de dollars, met remarquablement en scène. Les JO représentent un investissement énorme pour le network, qui détient les droits olympiques jusqu’en 2032. NBC Sports a l’exclusivité des Jeux d’été depuis 1996 et de ceux d’hiver depuis 2002. La signature de Dick Ebersol, ancien président de NBC Sports, et grand ami de David Stern, ancien commissaire de la NBA.
Ebersol a tout simplement transformé la vision du CIO en termes d’exploitation télé, tout en sécurisant les droits de façon quasi permanente. Le PDG actuel, Mark Lazarus, a pris soin de poursuivre cette stratégie de contrôle olympique. En quelque sorte, une façon pour NBC de se distinguer des autres réseaux télé outre-Atlantique.
Lazarus s’est d’ailleurs dit très fier de la couverture des Jeux par NBC Sports. Les audiences de fin de soirée ont été en hausse de 28% par rapport aux JO de Sotchi en 2014. NBC a multiplié le contenu sur toutes les plateformes possibles du côté numérique. Comme Lazarus le mentionne si bien, les habitudes de consommation des gens ont bien changé depuis quelques années. Moins de consommation via la télévision traditionnelle, et plus de stream vidéo et de contenu sur téléphones mobiles.
Bataillons de journalistes
Les autres médias américains ont accordé également énormément d’attention aux athlètes olympiques. C’est une sorte de détachement de la couverture quotidienne des pros dans les cinq grandes ligues majeures. Même les grands journaux quotidiens comme le New York Times et le Wall Street Journal ont déployé des dizaines de journalistes et photographes pour suivre les compétitions à Pyeongchang. Probablement pour couvrir aussi les grands sujets hors compétition comme le dopage, l’absence de la Russie et, bien entendu, la participation de la Corée du Nord, sujet très sensible aux Etats-Unis.
Ceux qui croyaient que le choix de Pyeongchang par le CIO était une erreur à cause des tensions politiques, surtout depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, ont fait marche arrière et nous réalisons tous aujourd’hui que ce fut exactement le contraire. Kim Jong-un aura réussi à impliquer son pays sans perdre la face. Il a délégué sa soeur dans une mission politique et diplomatique, suscitant ainsi l’attention du monde entier. Et aujourd’hui, on apprend que le président américain accepte pour la première fois de rencontrer le dirigeant nord-coréen.
Los Angeles, l’horizon qui fait rêver
Le sport se trouve souvent à l’intersection des conflits politiques dans le monde. Dans un univers où certains contestent l’intégrité des organisations sportives mondiales comme la FIFA et le CIO, on doit aussi reconnaître que l’esprit olympique aura réussi à rassembler quelque peu la planète.
Aux Etats-Unis, le rêve olympique se poursuit. L’Amérique devra attendre jusqu’en 2028 pour accueillir de nouveau les JO, cette fois à Los Angeles. Entre-temps, on cultivera cette fierté nationale en célébrant publiquement et commercialement les succès des athlètes américains.