Demain et tous les autres jours
A l’école, la petite Mathilde se fait traiter de «sorcière» par ses camarades. Elle n’en a cure. Elle vit à temps partiel dans la féerie auprès de sa mère (Noémie Lvovsky). Celle-ci est en train de glisser du côté obscur de la raison. Elégante dans ses habits fantaisistes et ses gants rouges, cette femme souriante part en vrille pour un détail de vocabulaire, s’achète une robe de mariée et traîne dans les rues comme si elle épousait la nuit. Elle offre à sa fille une chouette, un oiseau extraordinaire qui lui parle. Quant à Mathilde, elle s’invente des histoires et des rituels conjuratoires (donner une sépulture décente au squelette de la salle de sciences naturelles…) et essaie de gérer la situation. L’obscurité gagne du terrain et vient l’heure inexorable où l’enfant doit appeler son père (Mathieu Amalric, d’une délicatesse irréprochable) à la rescousse, et se séparer de sa mère qui entre en institution. Ce n’est pas une étude sociologique ni un poème sur la folie que propose Noémie Lvovsky, mais la célébration du lien insécable unissant mère et fille. Des années plus tard, elles se retrouvent en dansant entre la pluie et le soleil, puis improvisent de nouvelles joutes poétiques. Toujours inspirée, d’une sensibilité à fleur de peau, la réalisatrice de La Vie ne
me fait pas peur, de Camille redouble et autres films faits au feu de l’émotion, signe une bouleversante histoire d’amour.