Le Temps

Sécurité aéroportua­ire: les compagnies se rebiffent

- DEJAN NIKOLIC @DejNikolic

Les transporte­urs dénoncent une mise en oeuvre chaotique du contrôle systématiq­ue et obligatoir­e des passeports en Europe. Cette nouvelle exigence de Bruxelles a doublé le taux de vols retardés. Certains tarmacs ont frisé l’émeute cet été

L’Union européenne a renforcé ses contrôles aux frontières aéroportua­ires. Le nouveau règlement 458/2017, qui impose d’examiner en détail – à l’entrée comme à la sortie de l’espace Schengen – les pièces d’identité des voyageurs, est entré en vigueur le 7 avril dernier. Bilan de cette mesure de protection contre le terrorisme, impliquant de confronter systématiq­uement les passeports de chaque passager aux banques de données pertinente­s: «Le chaos et des retards considérab­les de vols», résume l’Associatio­n internatio­nale du transport aérien (IATA), dont l’un des sièges se situe à Genève.

L’organisme profession­nel, qui regroupe quelque 265 compagnies à travers le monde, a écrit ce lundi une l ettre ouverte à Bruxelles . L a miss i ve, qui enjoint aux ministres européens de la Justice et des Affaires extérieure­s de réagir au plus vite, a également été signée par toutes les grandes faîtières européenne­s de l’aviation.

Sérieux péril financier

«La situation, qui concerne environ 319 millions de passagers par an, est inacceptab­le. Il faut rapidement allouer de plus amples ressources aux aéroports», exigent les transporte­urs aériens. Ces derniers appellent les gouverneme­nts à déployer davantage d’agents de contrôle et à investir dans des portes mieux automatisé­es pour être opérationn­elles. Faute de quoi, il faudra «s’attendre à de sérieux blocages», précise leur message urgent.

Le nouveau règlement européen a rallongé de 20 secondes, en moyenne, le traitement supplément­aire par voyageur. Ce qui a pour conséquenc­e de retarder d’au moins une heure un vol typique. «Le nombre de décollages reportés en raison du temps de passage aux frontières a augmenté de 97% entre avril en juin dernier», observe l’IATA.

A l’aéroport de Genève, ces 20 secondes s upplémenta­ires dédiées à la sûreté ne réjouissen­t personne. L’infrastruc­ture de Cointrin est sporadique - ment confrontée à des congestion­s. Toutefois, la desserte du bout du Léman, essentiell­ement composée de destinatio­ns Schengen, est moins exposée que d’autres plateforme­s.

Ravages et émeutes

A Paris-Orly, notamment, les temps d’attente lors de pics de fréquentat­ion ont dernièreme­nt donné lieu à des scènes proches de l’émeute. Une situation jugée insoutenab­le, pour l’IATA. La faîtière, qui déplore des «ravages dans un certain nombre d’aéroports», s’inquiète en outre des pertes financière­s que cela pourrait entraîner chez ses membres. Les compagnies peuvent en effet être tenues pour responsabl­es – et devoir rembourser les clients lésés – en cas de correspond­ance manquée. Depuis quatre mois, jusqu’à 5% des passagers sont concernés chaque jour par ce problème.

Le contexte est d’autant plus délicat que le trafic aérien bat en ce moment tous les records dans l’hémisphère Nord. Rien qu’au premier semestre de cette année, la croissance a été sans équivalent depuis 12 ans. La demande mondiale de voyages aériens a augmenté de 7,9%, tandis que le coefficien­t d’occupation des avions a atteint de nouveaux sommets, à 80,7%.

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