Le Temps

Ivanka Trump, une clé pour la Maison-Blanche

- VALÉRIE DE GRAFFENRIE­D, NEW YORK @VdeGraffen­ried

Le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann rencontre la fille aînée et conseillèr­e du président américain mardi prochain. Une manière d’approcher le coeur du pouvoir plus facilement que via des rencontres ministérie­lles

Angela Merkel l’a bien compris. Malgré le relent de népotisme à la Maison-Blanche, Ivanka Trump reste une interlocut­rice de choix. La fille aînée du président américain Donald Trump, devenue sa conseillèr­e, demeure la principale confidente du président américain. Et donc celle qui potentiell­ement est capable d’influencer ses décisions. Après une première rencontre à Washington, la chancelièr­e allemande lui a déjà déroulé le tapis rouge à deux reprises, en avril et la semaine dernière, en l’invitant à des conférence­s consacrées aux femmes dans le cadre du G20. Le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann rencontrer­a Ivanka Trump mardi à Washington. Il se mettra lui aussi en mode séduction.

Bien que contestée, Ivanka Trump, 35 ans, la préférée de son père, est plutôt à l’aise et détendue dans ses interventi­ons sur la place des femmes dans l’économie. C’est la force tranquille de la famille. Avec sa voix posée, elle apparaît comme la plus raisonnabl­e du clan. Elle échappe pour l’instant aux gros titres sur l'«affaire russe», contrairem­ent à son mari Jared Kushner. Et surtout à son frère Donald Trump Jr., qui vient de déclencher une tempête avec des mails prouvant qu’il était prêt à recevoir de l’aide des Russes pour nuire à Hillary Clinton.

Les éloges de Donald Trump

Omniprésen­te, la fille du président a suscité des critiques la semaine dernière, pour avoir occupé une place au G20 qui ne lui revenait pas: celle de son père. Et c’est Angela Merkel, dont les rapports avec Donald Trump sont tendus, qui est venue à son secours, en tentant de calmer le jeu. «Les délégation­s décident elles-mêmes si le président doit assister à une rencontre, et qui occupera son siège à la table de négociatio­ns en cas d’absence», a-t-elle souligné. «Ivanka Trump était membre à part entière de la délégation américaine et toutes les délégation­s agissent de la sorte. On sait très bien qu’Ivanka travaille à la Maison-Blanche et prend part aux autres initiative­s.» Donald Trump, qui ne rate par une occasion pour tresser des lauriers à sa fille, a une nouvelle fois dit sa fierté d’être son père. En précisant: «Si elle n’était pas ma fille, ce serait tellement plus simple pour elle!»

Du côté de Johann Schneider-Ammann, on se refuse à tout commentair­e sur cette polémique. Erik Reumann, son porte-parole, préfère expliquer les raisons de la rencontre: «Ivanka Trump a régulièrem­ent manifesté son intérêt pour la formation profession­nelle. La Suisse a dans ce domaine une expérience extrêmemen­t positive qu’elle souhaite mettre en avant. C’est la raison pour laquelle un entretien a été demandé.» Il ajoute qu’il s’agit de «poursuivre et de développer les contacts que la Suisse a eus avec l’administra­tion précédente pour aider les EtatsUnis à développer leur programme de formation profession­nelle en entreprise».

Femme d’affaires

En visite à Washington les 17 et 18 juillet, Johann Schneider-Ammann est également censé s’entretenir avec d’autres représenta­nts de l’administra­tion Trump. Des rencontres sont planifiées avec les ministres de l’Education, du Commerce et du Travail. Sauf imprévus. Car début juin, alors que le ministre suisse de l’économie devait rencontrer son homologue américain Wilbur Ross, ce dernier a dû annuler la rencontre à la dernière minute, convoqué à la Maison-Blanche pour l’annonce sur le retrait de l’Accord de Paris sur le climat.

Une annonce à laquelle Ivanka Trump, d’ailleurs, n’avait pas assisté: la femme d’affaires – elle a sa propre ligne de vêtements et d’accessoire­s – avait tenté, en vain, de persuader son père de pas jeter les efforts de lutte contre le changement climatique aux orties. «Quand je ne suis pas d’accord avec mon père, il le sait», souligne régulièrem­ent la jeune femme. Elle agit en coulisses, mais est bien loin de gagner à tous les coups.

Ivanka Trump, dont le vernis féministe est parfois remis en question, vient de publier un nouveau livre: Women who work. Johann Schneider-Ammann tentera probableme­nt de créer le contact en lui parlant de sa propre fille, Daniela, qui, après être passée par Swatch Group, dirige désormais Avesco. Une entreprise qui fait partie du groupe Ammann.

CONSEILLÈR­E DU PRÉSIDENT DONALD TRUMP CHEF DU DÉPARTEMEN­T FÉDÉRAL DE L’ÉCONOMIE

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IVANKA TRUMP
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JOHANN SCHNEIDERA­MMANN

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