La glace de Berne, si exotique...
On dirait bien que les Zurichois découvrent la crème glacée. Depuis qu’elle a ouvert ses portes au printemps, la Gelateria di Berna sur le Brupbacherplatz ne désemplit pas. Ou plutôt, la file d’attente devant ses portes ne faiblit pas. Elle fait d’ailleurs partie de l’expérience: hipsters, parents avec poussettes ou employés du quartier se pressent pour goûter aux saveurs framboise-gingembre, fraise-balsamique ou soupe anglaise. Loin de s’impatienter, les amoureux de cornets glacés rivalisent sur Instagram avec le hashtag
#gelateriadiberna et ne rechignent pas à attendre entre trente et cinquante minutes!
A Zurich, l’ouverture d’un lieu branché se doit d’être signalée par un alignement d’imperturbables badauds mués en faiseurs de tendance. La queue a valeur de signal: ici, il se passe quelque chose. Mais quelle est donc cette recette de glace capable d’ameuter les foules? Et depuis quand la provinciale capitale dicte-t-elle la tendance à la City?
Prenant ma patience à deux mains, je me place dans l’alignement presque parfait, à l’heure où le soleil tape. Le parfum préféré, le temps qui passe, comme le temps qu’il fait, meuble les conversations entre couples, collègues ou amis venus ensemble. Les inconnus se regardent, mais ne se parlent pas. On n’est pas à Naples, l’aventure italienne reste purement gustative.
La Gelateria di Berna, c’est l’histoire du produit local qui supplante l’universalité fade des cônes habituels. Mais l’exotisme est ailleurs. Ce qui plaît à ces Zurichois, blasés à force de vider leur porte-monnaie devant des serveurs revêches? Le sourire des marchandes et marchands de glace, toujours de bonne humeur. Et à 3,50 francs les deux boules, on se croirait presque en Italie. Encore moins cher qu’un espresso au Hauptbahnhof! Décidément, l’art de vivre bernois a du bon.