Un agresseur de policiers devra se soigner
Le tribunal accepte une solution négociée qui prévoit un traitement des addictions
Cocaïne, alcool, rage et envie d’en finir. C’est sous l’emprise de ce très mauvais cocktail que Lucien* s’en est pris à deux gendarmes genevois aux Pâquis. Pour tuer ou pour mourir. Il ne sait plus très bien. Au final, personne n’a été blessé et une procédure simplifiée vient clore cette affaire. L’homme, défendu par Me Eve Dolon, est condamné à 4 ans de prison et sa peine est suspendue au profit d’une mesure de traitement institutionnel des addictions.
Le prévenu, âgé de 45 ans, a sollicité une solution négociée et accepté – de même que les plaignants – les termes de l’acte d’accusation du procureur général Olivier Jornot. Lucien reconnaît ainsi avoir, le soir du 6 décembre 2014, coupé en deux une cannette afin d’agresser un policier qui n’avait pas trop envie de lui serrer la main.
Après avoir proféré quelques menaces et alors que le gendarme voulait le saisir pour l’emmener au poste, Lucien a tenté de lui porter un coup à la gorge au moyen de cet objet tranchant. Il a encore essayé de frapper le policier et sa collègu e avec cette arme de fortune, sans y parvenir.
Repoussé à l’aide de spray au poivre et de bâtons tactiques, l’intéressé s’est opposé à son arrestation et pu être maîtrisé grâce à l’arrivée de renforts. En prison, il a promis de terribles choses à la famille et à la maison du gardien qui devait le conduire en cellule forte. Enfin, Lucien a menacé une procureure de la brûler.
Soumis à une expertise psychiatrique qui lui trouve un sérieux problème avec les substances, l’intéressé, deux légères condamnations à son casier, plaide coupable de tentative de meurtre, tentative de lésions corporelles simples avec un objet dangereux, violences ou menaces contre les autorités et les fonctionnaires et contravention à la loi sur les stupéfiants. De retour à Champ-Dollon
Le Tribunal correctionnel a entériné les termes de cet accord à l’issue d’un exercice de pure forme consistant à vérifier si le prévenu a bien compris son sort. Et Lucien de demander: «Elle s’arrêtera quand la mesure?» «Quand vous serez guéri», répond le président, tout en lui conseillant de suivre son traitement de manière scrupuleuse et sérieuse.
Ce n’est pas gagné. Lucien, remis en liberté provisoire pour être placé dans un centre de soins des addictions, est de retour à Champ-Dollon après avoir été banni durant au moins un mois de l’institution en raison de son comportement. Il jure qu’il va faire des efforts. Au gendarme agressé, il présente une fois de plus ses excuses alors que l’audience est levée. «Je les refuse toujours.» Tenace aussi, la rancune policière. * Prénom fictif